Commentaire du chapitre 4 du livre VI de "L'Ethique à Nicomaque" d'Aristote sur la définition de l'art (niveau licence). La démarche adoptée suit le texte : chaque partie du commentaire explique un passage du texte.
[...] Par exemple, dans le film Pollock, on découvre que c'est par hasard que le célèbre artiste américain eut l'idée de faire couler la peinture liquide du peinture sur la toile posée à même le sol. Il avait une fin (produire un tableau) mais par un geste non consciemment voulu il donna à la peinture une forme inédite. L'art aime donc le hasard puisque ce dernier est susceptible de produire mieux que l'art ce que celui-ci cherche à faire. Cependant, la relation est réciproque : le hasard aime aussi l'art. Il s'agit de comprendre ici que l'art ne peut uniquement se baser sur le hasard, sur la recherche d'un acte heureux qui ferait entièrement l'œuvre. [...]
[...] L'art est orienté vers la poiesis, vers la fabrication qui fait advenir des êtres. Or, précédemment, nous disions que l'art était très proche de la science dans la mesure où il était connaissance des causes. Le médecin, par exemple, ne prescrit pas des médicaments selon son intuition hasardeuse mais à certains symptômes, il associe des causes par un jugement à portée universelle. Mais en tant que l'art fait passer à l'être des objets qui n'existaient pas, il se distingue de la science : même s'ils ont une communauté de statut, ils ne partagent pas le même rapport avec la connaissance des causes qui, pour la science, permet une démonstration (connaître se suffit en lui-même) alors que pour l'art, il permet une création ou une production. [...]
[...] L'enjeu d'une telle définition est pour Aristote de comprendre comment peut s'accomplir la prudence, quelle est la particularité de celle- ci et ses points communs avec les autres vertus intellectuelles, afin de la saisir pleinement. Ceci est significatif du statut de l'art dans l'œuvre globale d'Aristote : il n'est jamais traité par lui-même mais toujours pour penser d'autres problèmes dont la résolution implique son utilisation. Il n'est donc pas un problème en soi mais un outil d'analyse. Ethique à Nicomaque, Livre II Ibid., VI Ibid., III Platon, Le Banquet, 205b Ethique à Nicomaque, livre VI Métaphysique, A 980b Topiques, VII 154b Ethique à Nicomaque, III Partie des animaux, 640a Ibid. [...]
[...] Les actions du hasard ont toujours pour cause des actions volontaires et ils ne sauraient avoir d'autres causes. S'ils sont attribués au hasard, c'est en tant qu'ils excluent une combinaison finaliste requise pour les produire ; et en ce sens ils sont exceptionnels. Ce qui caractérise le hasard n'est pas l'absence de déterminations causales mais l'absence d'une finalité adéquate au résultat. L'effet dû au hasard n'a été ni prévu, ni voulu et ne répond à aucune préméditation particulière. Pourquoi l'art l'aime-t-il donc ? [...]
[...] De plus, Aristote écrit que art et hasard s'exercent sur le même domaine : ils ont rapport aux mêmes objets et c'est pourquoi la santé par exemple peut autant être le fruit du hasard que celui de l'art. C'est ce qu'Aristote explique dans les Parties des animaux[9] : je peux être en bonne santé de manière spontanée, sans intervention extérieure ce qui peut sembler sur hasard, de la même façon que je peux être en bonne santé grâce à un médicament prescrit par un médecin. [...]
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