A travers ce texte, Aristote soulève un problème qui semble rester d'actualité. De quels moyens dispose l'homme pour se connaitre ? Dans notre société, nombre d'individus cherchent par l'intermédiaire de sciences plus ou moins rationnelles (astrologie, tests de personnalité…) à avoir une connaissance plus précise d'eux-mêmes. Max Weber, sociologue du XIXe siècle, parlera de volonté des hommes à rendre le monde qui les entoure « désenchanté », c'est-à-dire plus prévisible. Or, pour être maitre de ses actions, afin, par exemple, d'avoir conscience en soi, ne faut-il pas avoir une connaissance totale de soi même ? Ceci expliquerait alors la passion qu'ont les hommes à vouloir se connaitre. Par ailleurs, Aristote affirme que la confrontation à autrui, et par la même à un ami est le meilleur moyen de parvenir à la connaissance de soi-même. Or, ne contredirait-il pas la pensée de la doxa selon laquelle l'homme est le mieux placé pour se connaitre ? Cette contradiction souligne la difficulté qu'ont les hommes à se connaitre. Faut-il privilégier un moyen à un autre ou y a-t-il des limites à chaque procédé ?
[...] L'individu transpose alors l'image qu'il se fait de son ami, sur sa propre personne. Le rapprochement au mythe de la caverne de Platon peut ainsi être proposé. En effet, l'homme de la caverne étant isolé, c'est-à-dire sans liens d'amitié, ne sait ni ce qu'il est, ni qui il est. Ainsi, Aristote affirme que l'homme capable de se maitriser, et par ce fait d'être indépendant a besoin d'amitié. L'amitié serait alors la relation entre des individus, leur permettant par confrontation de l'image qu'ils renvoient, de parvenir à une connaissance plus approfondie d'eux- mêmes. [...]
[...] Pour l'auteur la meilleure façon de se connaitre est de se confronter à autrui, et plus précisément à un ami. Cette confrontation peut renvoyer à la Dialectique du maître et de l'esclave d'Hegel, selon laquelle l'homme est poussé à travers la passion du désir de reconnaissance à s'opposer à un individu qui est comme lui. Ici, la thèse de l'auteur semble approfondie par le fait que l'homme doit chercher à s'opposer à un ami, et non plus seulement à un de ses semblables. [...]
[...] Aristote : la connaissance de soi Apprendre à se connaitre est très difficile [ ] pour apprendre à se connaitre soi-même. Apprendre à se connaitre est très difficile [ ] et un très grand plaisir en même temps ; mais nous ne pouvons pas nous contempler nous nous-mêmes à partir de nous-mêmes : ce qui le prouve, ce sont les reproches que nous adressons à d'autres, sans nous rendre compte que nous commettons les mêmes erreurs, aveuglés que nous sommes, pour beaucoup d'entre nous, par l'indulgence et la passion qui nous empêchent de juger correctement. [...]
[...] Il convient donc de dire qu'aucun procédé ne doit être privilégié dans la quête de la connaissance de soi. Et, même si la thèse défendue par l'auteur semble applicable, il apparait que celle-ci présente des limites. L'homme socialisé ne doit alors négliger aucune de ces méthodes, car l'apprentissage de la connaissance de soi reste primordial dans la formation intellectuelle de l'individu. [...]
[...] Pour finir, on peut se poser la question de savoir s'il existe ou non une approche de connaissance de soi préférable à une autre. Une méthode non développée par l'auteur est celle qui fait appel à une personne neutre, par exemple un psychologue à notre époque. En effet, même s'il est que son jugement est neutre, le psychologue ne fait qu'interpréter des signes que lui renvoie notre propre personne. Or, pour un même signe, il peut y avoir une diversité d'interprétation, et par ce fait, comment savoir quelle interprétation est juste ? [...]
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