Dans un extrait de texte tiré de "L'Apologie de Raymond Sebond", Montaigne s'interroge sur le bénéfice réel de la recherche de la vérité. Selon lui, loin de conduire à une plus grande force et à une plus grande maîtrise du monde, elle conduit plutôt à découvrir nos faiblesses, à en prendre conscience progressivement dans le temps de l'existence et de la formation intellectuelle. Mais d'abord, que cherche l'homme lorsqu'on dit qu'il est en quête de vérité? N'existe-t-il pas un décalage entre ce qu'il cherche au départ et ce qu'il finit par trouver? Et n'est-ce pas difficile d'assumer ce décalage? Par ailleurs, quel est le chemin parcouru par celui qui s'adonne à cette recherche?
[...] Il prend alors conscience du nombre de contradictions et de lacunes dans les divers éléments de sa culture, à la fois scientifique et littéraire, historique et philosophique. Il décide de voyager, entre dans l'armée et visite plusieurs pays d'Europe: nouvelles découvertes sur la diversité des mœurs et des croyances. Sur quelle certitude peut-on s'appuyer? se demande-t-il enfin. Et soumettant l'ensemble de ses connaissances à une critique radicale (celle du doute méthodique), il en vient à douter de tout. Cependant, une chose lui apparaît incontournable, à ce moment précis, c'est qu'il pense qu'il est pense, je suis puisqu'il doute. [...]
[...] Pareillement les hommes ayant tout essayé et tout sondé, n'ayant trouvé en cet amas de science et provision de tant de choses diverses rien de massif et ferme, et rien que vanité, ils ont renoncé à leur présomption et reconnu leur condition naturelle. MONTAIGNE, Apologie de Raymond Sebond Nous parlons souvent du progrès» de l'humanité au cours de l'histoire, en nous référant essentiellement à l'augmentation quantitative des connaissances scientifiques et techniques. Cela dit, suffit-il d'accumuler les découvertes pour aboutir à un véritable progrès humain? Les hommes d'aujourd'hui sont-ils meilleurs, et plus réfléchis, et donc plus conscients que ceux d'hier? Dans un extrait de texte tiré de l'Apologie de Raymond Sebond, Montaigne s'interroge sur le bénéfice réel de la recherche de la vérité. [...]
[...] Or, Socrate s'oppose, dans ce dialogue, à plusieurs rhéteurs, Gorgias, Polos, puis Calliclès, qui tous vont s'élevant et se haussant la tête droite et fière et qui n'ont pas renoncé à leur présomption Chacun d'eux s'estime supérieur aux autres, extrêmement savant et infaillible. Cependant, Socrate, avec son art du questionnement, parvient à les mettre tous en difficulté. Ils n'acceptent pourtant pas de reconnaître leur ignorance, préférant arrêter de dialoguer avec Socrate. Nous pouvons alors considérer qu'ils ne sont pas allés au bout du chemin qui conduit à la sagesse. [...]
[...] Et surtout qu'elles n'autorisent pas à se croire supérieur aux autres, meilleur qu'eux et plus méritant. Ils commencent à s'humilier et à baisser les cornes d'une part, il découvre sa faiblesse et finit par l'assumer avec modestie; d'autre part, il délaisse son attitude combattive et offensive (symbolisée par les cornes et la fierté du taureau). Cependant, faut-il aller jusqu'à affirmer, avec Montaigne, que les hommes sages n'ont, dans leurs recherches, trouvé en cet amas de sciences et provision de tant de choses diverses rien de massif et ferme, et rien que vanité ? [...]
[...] Ainsi le parcours de celui qui part à la recherche de la vérité est-il étrange et paradoxal. S'étant mis en route pour posséder des connaissances et acquérir un pouvoir, à la fois intellectuel et pratique, il découvre en chemin l'étendue de son ignorance et la faiblesse de son savoir par rapport à la complexité du monde et à sa propre finitude. Cependant, loin de s'en désoler ou de le déplorer, il faut probablement s'en réjouir. Car celui qui découvre son ignorance accepte aussi la juste mesure et l'existence de l'autre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture