Robert Nozick, Anarchie, État et utopie, anarchie, John Locke, État minimal, État moral, libertarisme, État de droit, politiques, gouvernement, fédéralisme
Si la question de la légitimité de l'État, substrat de notre monde moderne, nourrit depuis ces quarante dernières années, de nombreux débats philosophiques, économiques et sociologiques, celle de sa conduite morale fait aujourd'hui, et à l'aune des récents évènements liant sphère publique et privée aux États-Unis d'abord puis partout dans le monde, l'objet de débats et de recherches plus motivées que jamais. Or, ce sont les théories du professeur d'université américain, Robert Nozick, très influencées par la philosophie de l'anglais John Locke et publiées en 1974 dans Anarchie, État et utopie qui offrent, par une dialectique interrogeant les convictions intellectuelles ancrées sur le rôle de l'État, la garantie d'un État moral. Prônant l'émergence d'un État minimal, rendu seul possible par une orientation économique ultra-libéraliste, il posa, le premier, les fondements du libertarisme. Dès lors, on peut approcher son raisonnement en se demandant notamment, dans quel type de système ce type d'organisation peut-il s'inscrire ?
[...] Or, de nombreuses analyses économiques avaient déjà ouvert la voie à la suprématie des intérêts et arrangements privés sur l'intérêt collectif, à celle du capitalisme sur l'intérêt commun. Seule sa définition, en termes de conception politique apporte ici quelque nouveauté. D'ailleurs, à la fin de sa vie, Robert Nozick revint lui-même, dans The Examined Life, sur certaines de ses positions les qualifiant de « seriously inadequate» si bien qu'il sembla même avoir quitté, un temps, son positionnement libertarianiste pour s'intéresser à d'autres défis contemporains, tout aussi cruciaux dans une société en constant mouvement. [...]
[...] Anarchie, État et utopie constitue donc, au-delà de la confrontation intellectuelle assumée avec l'auteur de A Theory of Justice, un des bastions de la théorisation politique américaine. Affirmant, dans la lignée de Locke que l'interventionnisme politique de l'État n'est ni naturel, ni légitime, Robert Nozick ancre sa philosophie dans un courant libertariste, étant efforcé d'assortir sa théorie de l'État naturel contraint d'un certain nombre de conditions, sécurisant ainsi les fondements de sa théorie. Il renforce notamment l'idée d'un droit individuel suprême. [...]
[...] Cette vision pose les principes d'une définition libertariste, individualiste et anarchiste de la société, faisant écho à la maxime affirmant le capitalisme Nozickien « De chacun comme ils le choisissent, à chacun comme ils sont choisis ». Or, ce précepte tient, dans sa réalisation, la nécessaire constitution de contraintes ou protections instituées telles que, inspirés de la démarche kantienne, les individus se respectent mutuellement et «ne peuvent être utilisés ou sacrifiés pour la réalisation d'autres fins sans leur consentement ». Nozick pose ici le principe de non-utilitarisme de l'individu. [...]
[...] Nozick batit son argumentation sur la puissance supposée de cette agence de protection dominante, sous-entendant que personne ne peut utiliser impunément la force sans son autorisation. Dès lors, l'agence dominante correspond à un État ultraminimal doublé d'une main invisible, sans violer les droits de quiconque. Il double ici les positions de Locke, affirmant que le contrat moral explicite n'est pas obligatoire. Le positionnement de Nozick se conforte donc, à la fois, dans une condamnation de la théorie de justice redistributive définie par John Rawls, se montrant plus radicale dans ses principes d'encadrement, et affirmant que l'extension des pouvoirs de l'État n'est ni légitime, ni nécessaire. [...]
[...] Enfin, nous discuterons de la pertinence de ce modèle théoriste. Nozick ouvre, d'abord, sa réflexion, sur l'œuvre de deux postulats puissants : l'État, en ses formes actuelles, est illégitime car il est autoproclamé, « imposé » et exerce une forme d'autorité coercitive, violant tous les droits individuels. Or, cet État-providence doit être rejeté car, et il s'appuie ici sur les théories de John Locke, les droits personnels constituant une priorité d'inviolabilité suprême. Il récuse, de même l'existence d'une entité sociale au profit d'une somme d'individus, « Il n'existe pas d'entité sociale ayant un bien qui subisse quelque sacrifice pour son propre bien. [...]
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