Analyse de la vision de la paix de Marsile de Padoue. Il ne saurait y avoir de paix là où il y a un conflit d'autorité : et c'est là même la situation actuelle de la communauté chrétienne à l'époque de Marsile de Padoue. Une cause néfaste crée la discorde : c'est ce pouvoir dont le pape se prétend investi, et qui le met au-dessus des lois et de la juridiction séculière, quand il ne s'arroge pas, de surcroît, un droit de regard sur elles. La paix qui serait à la fois la cessation des troubles et des passions qui introduisent le désordre dans la société est-elle possible ?
[...] Ses membres seront des citoyens soumis à l'autorité politique, qui légifèrera aussi bien en matière de politique que de religion. Marsile fait allusion à la possibilité d'un gouvernement suprême de l'univers. Il prolonge la conception d'un empire pacifique européen élaborée par Dante (La Monarchie). La notion d'empire s'inscrit dans la perspective d'une unité et d'une universalité inhérentes au message du Christ. Il convient d'établir ainsi un ordre autour du pouvoir temporel afin de répondre à la nécessité d'harmonie divine S'il faut donc un prince unique à l'ensemble de la Chrétienté, c'est le prince romain qui en sera la modèle. [...]
[...] A travers le Défenseur de la Paix, Marsile de Padoue défend donc une autonomie du pouvoir politique par rapport à la potentas pontificale, qui seule, pour lui, peut mener à la paix. La paix universelle ne serait assurée que grâce aux actions d'un empereur qui cumulerait les prérogatives temporelles et surtout spirituelles. Il voit dans l'Empereur le Défenseur de la Paix, et met tous ses espoirs en lui pour la restaurer concrètement dans son pays. Marsile de Padoue considère comme possible et réalisable la paix universelle, la Pax Romana, sous l'égide du pouvoir impérial. [...]
[...] Pourtant les revendications de l'Eglise sembleraient tout aussi légitimes. Les arguments qui semblent justifier le pouvoir de l'Eglise Dans son livre Le Défenseur de la Paix, au chapitre III, Marsile de Padoue présente certains arguments qui justifient le gouvernement suprême à l'évêque de Rome ou pape. J'en présenterai quelques-uns ici. Il cite d'abord le passage de l'écriture qui se trouve ou sixième chapitre de Matthieu, où le Christ, s'adressant à saint Pierre dit : Je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera aussi lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sut la terre sera aussi délié dans les cieux. [...]
[...] Le Pape veut pendant la vacance du trône impérial, prendre la direction temporelle de l'empire. Mais les deux candidats en présence qui se disputaient l'Empire furent partagés par la bataille de Mühldorf (1322) et ce fut Louis de Bavière qui l'emporta sur Frédéric d'Autriche, dont la candidature était appuyée par le Pape. Sans attendre la confirmation pontificale, et poussé par le parti gibelin, Louis de Bavière eut le projet de restaurer son pouvoir en Italie du Nord et intervint dans les querelles entre les villes, installant à leur tête des vicaires impériaux qui étaient en fait, les agents directs de sa politique. [...]
[...] II Les conditions d'une paix durable pour Marsile de Padoue La paix est en effet possible pour mais à certaines conditions ainsi qu'il le résume dans le chapitre troisième et dernier du Défenseur de la Paix. Ce traité sera appelé le Défenseur de la Paix, parce qu'en lui sont traitées et élucidées les principales causes par le moyen desquelles la paix civile ou la tranquillité existe et se maintient, et aussi les causes pour lesquelles, la lutte son contraire, naît, est empêchée et est supprimée ( Une fois ces vérités bien comprises, bien mises en mémoire et activement retenues et conservées, le royaume et toute autre communauté civile tempérée sera sauvegardée dans son être pacifique et tranquille ; par là, ceux qui vivent dans la cité atteindront à la suffisance de la vie dans le monde, car sans cet être pacifique, ils sont privés nécessairement de suffisance et sont alors mal disposés à la vie éternelle Réfutation de la légitimité du pouvoir de l'Eglise Dans le chapitre IV, Marsile de Padoue, à l'inverse présente les vérités de l'Ecriture sainte commandant ou conseillant expressément, tant au sens littéral que mystique, que ni l'évêque de Rome appelé pape, nu aucun autre évêque ou prêtre ou diacre n'a, ni ne doit avoir de gouvernement ou jugement ou juridiction sur qui que ce soit ; et derechef doivent être soumis au jugement coercitif ou gouvernement de celui qui gouverne de par l'autorité du législateur humain. [...]
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