Transhumanisme, Adrien Péquignot, Corps et transhumanisme, Jacques Dufresne, Après l?homme... le cyborg, techniques transhumanistes, cyborg, cyborgisation
Clonage humain, perfectionnement génétique et biologique, grande amélioration du cerveau humain, tel sont quelques exemples ou signes ostentatoires et revendiqués de la "modernité" transhumaniste des sociétés plus avancées technologiquement. La biotechnique semble donc être au coeur de celle-ci dans le but, pour l'espèce humaine, de dominer son milieu naturel, d'être plus performant et de vivre ou d'expérimenter une vie avec le moins de contraintes possible, c'est-à-dire une vie plus "meilleure". C'est cette vision ou ce projet existentiel que les deux textes soumis à notre analyse critiquent tant des points de vue ontologique, épistémologique et éthique.
[...] L'humain est sa propre mesure, c'est lui qui décide de son bien, du bon, et non la transcendance. Pour lui, cette vision philosophique fait que l'homme recherche l'impossible, l'immortalité et le sens donné à sa vie est purement terrestre. Ainsi, baigne-t-il dans l'illusion d'un ici bas où tout est possible. Aussi, l'auteur adopte une approche moralisante ou transcendantale, découlant de sa philosophie, pour apporter une réflexion normative et axiologique à ce monde technicisé. Celui-ci se justifie et se légitimise davantage parce qu'il y a une érosion, une dissolution du rapport humain à la transcendance dans les sociétés occidentales, causant une perte des repères moraux. [...]
[...] La force de persuasion est notable, car l'auteur s'efforce de montrer les limites des cas avec des questionnements pertinents en les supportant par des références d'autorité. Toutefois, une plus grande attention à l'analyse inductive des cas aurait été davantage efficace. En effet, les cas ne sont pas suffisamment détaillés tout comme les réponses aussi. De plus, Péquignot peut-il concevoir le transhumanisme comme une idéologie? Une construction idéologico-discursive? La notion de l'idéologie peut être mobilisée pour expliquer le récit hégémonique et les constructions discursives développés par cette approche transhumaniste. [...]
[...] Pour l'auteur, cela pose un autre risque, celui de faire du corps une extériorité, construisant implicitement le corps amélioré comme une norme ou exigence sociale à laquelle on doit se conformer pour se faire accepter et s'intégrer socialement. Les prothèses transhumanistes posent de ce fait le problème de l'acceptabilité sociale. Péquignot s'inquiète du développement de nouvelles normes sociales dont le caractère pervers pourrait saper ou travestir le corps, qui est avant tout lieu d'une subjectivité ,p.12. En outre, l'auteur critique cette croyance qui veut que le corps soit une simple expression de la volonté seule. [...]
[...] Le cas des grossesses d'Henri Atlan est un exemple de cette démesure. Dans ce cas, l'élément de la relation entre la mère et l'enfant n'est pas reconnu, pourtant, il est très important pour le développement de l'enfant, pour la subjectivité de la mère de se sentir mère, par les contractions douloureuses, les symptômes, mais aussi de nouer une relation affective quotidienne avec son fœtus. En somme, il préconise le développement de nouveaux savoirs, de nouvelles pratiques sans tomber dans deux écueils, celui de l'essentialisation et la réduction des questions soulevées par le transhumanisme, p.25. [...]
[...] Aussi, ils critiquent la perversion des valeurs que cause le transhumanisme. Il y a promotion de valeurs autres que celles qui sont dans la nature. En terme méthodologique, Péquignot fait une analyse de cas pour soutenir sa thèse alors que Dufresne a recours à une recherche documentaire basée sur des écrits pluridisciplinaires. La différence est aussi la nature de la critique. Le premier emploie une critique socio-anthropologique qui consiste à critiquer la dimension biotechnique du monde et de l'humain. Elle se base sur le postulat du rapport social au corps. [...]
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