Commentaire d'un extrait de texte du philosophe Alain Les idées et les images traitant de la vérité scientifique. Le passage étudié s'étend de "Nos idées, par exemple de mathématique (...)" à "(...) et qui dépend seulement du bien penser."
Sommaire
A. Définitions générales B. Comment les percevons-nous ? C. Comment les employons nous ?
II) Les critères de la validité de la vérité scientifique
A. L'expérience B. Notre socle de connaissances, commun et immuable C. Conformité de nos idées
III) Comment parvenir à la vérité ?
A. L'expérience n'instruit pas B. Le problème de l'interprétation C. En quête d'une réflexion pure
Conclusion
Texte analysé
"Nos idées, par exemple de mathématique, d'astronomie, de physique, sont vraies en deux sens. Elles sont vraies par le succès ; elles donnent puissance dans ce monde des apparences. Elles nous y font maîtres, soit dans l'art d'annoncer, soit dans l'art de modifier selon nos besoins ces redoutables ombres au milieu desquelles nous sommes jetés. Mais, si 1'on a bien compris par quels chemins se fait le détour mathématique, il s'en faut de beaucoup que ce rapport à l'objet soit la règle suffisante du bien penser. La preuve selon Euclide n'est jamais d'expérience; elle ne veut point l'être. Ce qui fait notre géométrie, notre arithmétique, notre analyse, ce n'est pas premièrement qu'elles s'accordent avec l'expérience, mais c'est que notre esprit s'y accorde avec lui-même, selon cet ordre du simple au complexe qui veut que les premières définitions, toujours maintenues, commandent toute la suite de nos pensées. Et c'est ce qui étonne d'abord le disciple, que ce qui est le premier à comprendre ne soit jamais le plus urgent ni le plus avantageux. L'expérience avait fait découvrir qu'il faut de calcul et de géométrie pour vivre, bien avant que la réflexion se fût mise en quête de ces preuves subtiles qui refusent le plus possible 1'expérience, et mettent en Lumière cet ordre selon l'esprit qui veut se suffire à lui-même. Il faut arriver à dire que ce genre de recherches ne vise point d'abord à cette vérité que le monde confirme, mais à une vérité plus pure, toute d'esprit, ou qui force d'être telle, et qui dépend seu1ement du bien penser."
A. Définitions générales B. Comment les percevons-nous ? C. Comment les employons nous ?
II) Les critères de la validité de la vérité scientifique
A. L'expérience B. Notre socle de connaissances, commun et immuable C. Conformité de nos idées
III) Comment parvenir à la vérité ?
A. L'expérience n'instruit pas B. Le problème de l'interprétation C. En quête d'une réflexion pure
Conclusion
Texte analysé
"Nos idées, par exemple de mathématique, d'astronomie, de physique, sont vraies en deux sens. Elles sont vraies par le succès ; elles donnent puissance dans ce monde des apparences. Elles nous y font maîtres, soit dans l'art d'annoncer, soit dans l'art de modifier selon nos besoins ces redoutables ombres au milieu desquelles nous sommes jetés. Mais, si 1'on a bien compris par quels chemins se fait le détour mathématique, il s'en faut de beaucoup que ce rapport à l'objet soit la règle suffisante du bien penser. La preuve selon Euclide n'est jamais d'expérience; elle ne veut point l'être. Ce qui fait notre géométrie, notre arithmétique, notre analyse, ce n'est pas premièrement qu'elles s'accordent avec l'expérience, mais c'est que notre esprit s'y accorde avec lui-même, selon cet ordre du simple au complexe qui veut que les premières définitions, toujours maintenues, commandent toute la suite de nos pensées. Et c'est ce qui étonne d'abord le disciple, que ce qui est le premier à comprendre ne soit jamais le plus urgent ni le plus avantageux. L'expérience avait fait découvrir qu'il faut de calcul et de géométrie pour vivre, bien avant que la réflexion se fût mise en quête de ces preuves subtiles qui refusent le plus possible 1'expérience, et mettent en Lumière cet ordre selon l'esprit qui veut se suffire à lui-même. Il faut arriver à dire que ce genre de recherches ne vise point d'abord à cette vérité que le monde confirme, mais à une vérité plus pure, toute d'esprit, ou qui force d'être telle, et qui dépend seu1ement du bien penser."
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Extraits
[...] On ne peut cependant pas considérer l'expérience comme inutile ; si elle est toujours utilisée aujourd'hui, dans les sciences aussi bien que dans la vie courante, c'est bien qu'elle doit jouer un rôle important, ou qu'elle apporte un certain enseignement. La question est donc maintenant de savoir que nous apporte l'expérience. L'auteur part d'un constat : le résultat immédiat de l'expérience est le plus souvent une preuve évidente, un contact direct avec les phénomènes (par opposition au raisonnement, notamment). L'expérience désigne ainsi notamment notre relation sensible avec le monde. [...]
[...] La science ne sert donc pas à mieux vivre mais à mieux comprendre le rapport de notre esprit aux choses que nous voyons et interprétons. Eviter les préjugés, se méfier des opinions communes et des idées toutes faites : tel est le message d'Alain. Pour cela, il faut travailler en prise directe sur le monde humain tel que nous le voyons et non à partir d'un système théorique éloigné de la réalité. [...]
[...] En passant en français, il acquiert rapidement sa valeur moderne : "action de donner une signification" - aux rêves, aux actions humaines, voire aux phénomènes naturels, mais aussi aux textes et aux langages. L'interprétation est une création de sens : ni science exacte, en l'absence de tout critère expérimental (et donc de falsifiabilité), ni invention pure, délire subjectif, règne de l'arbitraire. C'est un pari sur le sens. Nous, les hommes, sommes porteurs d'une exigence de sens qui fait que nous ne sommes pas repus par le simple exposé des faits bruts, aussi soigneux, rigoureux, exact soit-il. [...]
[...] De par leur définition, la mathématique, la physique et l'astronomie se prêtent tout à fait au sujet : la science, au sens le plus usité, regroupe l'ensemble de connaissances que l'on acquiert par l'étude, l'expérience ou l'observation. Mais elle est aussi un corps de connaissances constituées et articulées par déduction logique et susceptibles d'être vérifiées par l'expérience. Ces deux brèves définitions annoncent déjà les thèmes récurrents de l'extrait. Il s'agit maintenant de déterminer en quoi les idées scientifiques sont- elles vraies Alain trouve ici deux critères. [...]
[...] Ce que nous découvrons dans les choses, c'est donc moins ce qu'elles sont que notre propre capacité à penser ce qui est dans des idées qui sont cohérentes et stables. En d'autres termes, nous ne découvrons dans la vérité scientifique que ce que nous y mettons par nos interprétations. Dès lors, le but de la recherche de la vérité n'est pas vraiment l'expérience du monde mais la confirmation de la certitude propre à l'esprit. D'ailleurs, la science ne sert pas vraiment puisqu'elle ne fait que confirmer ce que l'expérience avait déjà permis et ce qu'elle savait déjà. [...]