Peut-on arriver à une pensée réfléchie par la passion ? Voilà la problématique que soulève le texte d'Alain. Passion et action sont intimement liées, or si l'on considère que penser est une forme de résistance et donc d'action, alors on peut se demander si la passion et la pensée (raison) sont contradictoires ou bien si elles sont complémentaires. Ainsi, est-ce qu'un acte, même aimable, accompli sous l'impulsion de la passion a une valeur morale ? Dans l'extrait à étudier, Alain soutient la thèse selon laquelle la passion ne peut amener à une pensée réfléchie car la passion entraine nécessairement le fanatisme et donc on est ouvert à une autre idée que la sienne, qui en fait n'est pas réellement la sienne étant donné que l'on est par conséquent dans les préjugés. Cependant cette thèse peut être remise en question puisque l'on peut se demander si l'on peut arriver à une idée rationnelle sans utiliser sa raison mais en partant de ses sentiments ?
Alain commence par énoncer une idée reçue. Ce préjugé dit que l'on a une certaine admiration pour les fanatiques comme un martyre religieux car ils ont soi-disant le courage de se sacrifier, de passer à l'acte pour une cause qui leur parait juste. Or on ne peut pas dire que ce sont des hommes de conviction car ils sont dans le fanatisme et bien qu'ils soient persuadés du bien fondé de leur action, ils n'en sont pas certains dans la mesure où ils n'ont pas accès à la vérité mais à une croyance. En effet, le fanatisme est une adhésion aveugle à une idée, à une vérité révélée c'est-à-dire une vérité transmise par l'extérieur par une instance supérieure transcendante à la raison humaine. On n'ose pas contredire ces vérités établies par peur de la punition de la part de cette instance supérieure qui peut ainsi être (des) Dieu(x). Ce recours à une origine divine produit beaucoup d'effet sur la sensibilité des personnes qui n'ont pas la liberté d'esprit, à savoir des personnes qui ne pensent pas par elles-mêmes et qui sont ainsi dans un état d'aliénation (...)
[...] La peur de la punition peut être utilisée pour dompter la soif de pouvoir qui gouverne les hommes dans son état de nature. Ainsi toute politique aspirant à dompter les passions pourrait conduire à la perte de l'idée d'humanité car l'homme n'est pas un être insensible, il garde ce côté animal. Et cela même s'il se détache de ses sentiments pour penser et aussi car l'intérêt (passion), le désir d'élévation est dans sa nature. L'intérêt donne les avantages de la raison sans que l'on soit nécessairement raisonnable. [...]
[...] Il est donc incapable de donner le logos de la chose qu'il avance, à savoir sa face cachée, l'essence de cette chose comme c'est un préjugé et que le logos ne peut être atteint que par le biais de la raison et que s'il fait ce travail, il se rendra nécessairement compte que cette chose est incohérente. Lorsque l'on a une pensée fanatique, on n' invente plus car l'on a même plus d'intuition qui nous permettrait de sentir les choses car c'est dans la nature de l'homme de rechercher les causes des effets de la chose sentie et par conséquent la raison nous montrerait l'incohérence de la chose sentie. Alain avance ensuite un argument étayant sa propre thèse. Le doute est indispensable, c'est même le phénomène le plus important chez l'homme en quête de vérité. [...]
[...] Ainsi, est-ce qu'un acte, même aimable, accompli sous l'impulsion de la passion a une valeur morale ? Dans l'extrait à étudier, Alain soutient la thèse selon laquelle la passion ne peut amener à une pensée réfléchie car la passion entraine nécessairement le fanatisme et donc on est ouvert à une autre idée que la sienne, qui en fait n'est pas réellement la sienne étant donné que l'on est par conséquent dans les préjugés. Cependant cette thèse peut être remise en question puisque l'on peut se demander si l'on peut arriver à une idée rationnelle sans utiliser sa raison mais en partant de ses sentiments ? [...]
[...] Ceci est la thèse de Socrate qui a cherché à prouver un oracle. Si on arrive à l'aide de sa raison à démontrer une vérité que l'on aurait senti grâce à son intuition ou les paroles de quelqu'un d'autre comme celles des religions alors, notre foi en est d'autant plus renforcée car dès lors cette vérité devient irréfutable car unique. Autrement dit, on ne perd rien à utiliser sa raison dans le domaine religieux sinon de renforcer sa foi. Dans un second temps, l'auteur fournit un argument allant dans le sens de l'idée reçue. [...]
[...] Or penser n'est pas un acte naturel chez l'homme, donc pour arriver à une pensée réfléchie il lui faut de la volonté et souvent une récompense qui sont apportées par la passion. Ainsi la passion et la raison peuvent être complémentaires dans la mesure où la passion amène la volonté et la raison la rationalité. Alain, pourrait-on dire, a une thèse trop rationnelle, cartésienne et refuse de voir que sous la passion se cache cette petite étincelle qui permet d'arriver à un raisonnement rationnel. [...]
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