Le parcours intellectuel et philosophique de Rousseau (1712-1778) a ceci de particulier qu'on peut le fragmenter en trois phases, au cours desquelles l'auteur de l'Emile va changer d'approche. La première phase est celle des discours. Elle est teintée de pessimisme, en partie à cause du diagnostique sombre de Rousseau, selon lequel la modernité n'a pas apporté le bonheur escompté aux hommes. La deuxième phase est plus optimiste. Rousseau s'astreint à la recherche de solutions. Il conçoit alors un monumental projet : les institutions politiques. Seulement voilà, ce fameux projet ne verra pas le jour. Il n'en restera que la première partie : Le Contrat Social. Des chutes et des brouillons de la seconde partie, seuls quelques fragments échapperont au feu. C'est d'une partie de ces fragments, intitulés Fragments sur L'Etat de guerre, qu'est issue cette citation de Rousseau : « Ah, philosophe barbare ! Viens nous lire ton livre sur un champ de bataille ». C'est un retour au pessimisme, l'échec des solutions envisagées. Après avoir examiné la problématique de la guerre chez Rousseau, nous nous intéresserons aux causes de ce renouveau du pessimisme chez le philosophe. Enfin, nous nous pencherons sur la solution qu'envisage Rousseau.
[...] L'Etat est cependant fragile, et par ses faiblesses, il porte en son sein les germes de la guerre. La guerre, une caractéristique immanente et irréductible de l'Etat La dialectique de la guerre, en philosophie des relations internationales, est pensée selon Waltz par trois grands courants. En effet, on peut différencier les philosophes selon qu'ils considèrent que la guerre prend sa source soit dans la nature humaine, soit dans la nature des Etats, soit encore dans la nature du système international, celui-ci étant défectif, c'est-à-dire caractérisé par l'absence d'autorité supérieure. [...]
[...] Ah philosophe barbare ! Viens nous lire ton livre sur un champ de bataille Rousseau Plan détaillé La problématique de la guerre chez Rousseau La source de la guerre La guerre, une caractéristique immanente et irréductible de l'Etat II- Le pessimisme de Rousseau L'adéquation de l'idée et de la réalité Une critique de la paix perpétuelle L'échec du projet de contrat social appliqué aux Etats II- Une solution partielle : la confédération Le modèle helvétique Une solution étriquée Le parcours intellectuel et philosophique de Rousseau (1712-1778) a ceci de particulier qu'on peut le fragmenter en trois phases, au cours desquelles l'auteur de l'Emile va changer d'approche. [...]
[...] Cette phrase de Rousseau échappée du feu, c'est ainsi l'expression de tout son pessimisme : l'adéquation du réel et des idées, l'irréductibilité de la pluralité des Etats, le phénomène alors de guerre nécessaire qui en découle naturellement, le philosophe réduit au rôle de simple observateur, amené à formuler des solutions incomplètes et partiellement effective. Le philosophe de Rousseau est donc barbare car quelque part complice. Il est aussi coupé du monde, inutile et impuissant, car qui pourraient penser que lire son livre sur le champ de bataille serait utile en pareilles circonstances ? Voltaire, Lettre à Thériot du 20 décembre 1768, dans Œuvres complètes, Paris, Ed. [...]
[...] C'est donc de la propriété que née la société civile, et avec elle la guerre, car la société civile corrompt l'homme. Elle l'incite à l'ostentation et exalte ses passions. Ors, cette société civile, c'est la création de l'Etat. Rousseau, par analogie, compare l'homme et l'Etat. L'homme, pour Rousseau, est déterminé par nature. Il à des limites, des prédispositions naturelles, qui de lui un être quelque part "borné". Par opposition, si l'Etat à bien un corps tout comme l'homme, ce corps est cependant relatif. L'Etat, en tant que structure artificielle, n'a pas de limites, pas de formes prédéterminées. [...]
[...] Elle n'aboutit pas en tout cas, à l'éradication de la guerre. Elle permet seulement d'éviter l'ostentation tout au plus. Pour conclure, ce philosophe barbare n'est-il pas Rousseau lui- même ? Fustigeant ainsi ses difficultés liées à la rédaction des Institution politiques ? Ce philosophe barbare, c'est aussi l'image de tous les philosophes prédécesseurs de Rousseau, l'image de leurs propres impuissances face à la réalité de la guerre. Car que peut faire le philosophe en face des canons et des cadavres ? [...]
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