Tout d'abord, voyons donc en quoi l'homme possède une nature insociable. Certes, il vit dans la très grande majorité des cas à l'état social, et peu d'entre nous choisissent une vie solitaire, mais cela ne veut pas dire que l'homme est « fait » pour vivre en société : être fait pour vivre en société, cela signifierait que dès le départ l'homme était destiné, en quelque sorte, à la vie sociale. Nous observons dans la nature toutes sortes d'animaux : certains vivent à l'état solitaire, d'autres en communautés très soudées, comme les fourmis, et entre ces deux extrêmes se déclinent différentes modalités, avec liens plus ou moins serrés. Mais pour ce qui est de l'homme, à quoi le pousse sa nature ?
On peut d'abord remarquer que la vie sociale n'a rien d'évident pour lui, et qu'il est difficile pour chacun de nous de supporter les contraintes et les compromis qu'elle impose en permanence : vivre en société, ce n'est pas seulement être aimé, protégé, avoir des amis ou une famille, c'est aussi se confronter aux intérêts divergents des autres, se heurter à leurs humeurs, à leur désirs. La personne que j'aime n'a pas forcément les mêmes désirs que moi, ils n'ont pas les même opinions, les mêmes buts.
[...] Mais le problème ne vient pas que de la société : si nous ne semblons pas faits pour vivre en société, c'est aussi du fait de notre propre nature. Celle-ci ne nous pousse-t-elle pas à certaines formes de violence ? Freud, l'inventeur de la psychanalyse, montrait ainsi, dans Malaise dans la civilisation, que nous trouvons tous au plus profond de nous-mêmes une pulsion d'agressivité qui ne cherche qu'à s'exprimer contre autrui. Nous en observons les effets tous les jours : violences physiques, humiliation, exploitation du travail d'autrui, vol, viol, meurtre, voici de quoi sont constituées les actualités... Comment peut-on dire devant ce spectacle que l'homme est fait pour vivre en société ?
[...] Le langage, n'est-ce pas justement ce qui montre que l'homme est fait pour vivre en société ? C'est l'argument principal que retient Aristote pour affirmer que l'homme est un « animal politique », c'est-à-dire un animal sociable, fait pour la « cité »(polis, en grec) : dans La Politique, il avance que l'homme a reçu de la nature non seulement la voix, qui permet d'exprimer le plaisir et la douleur, des sensations, mais aussi la parole, qui permet d'exprimer des notions comme le juste et l'injuste, le bien et le mal, autrement des « notions morales », qui n'ont donc de sens qu'en société. Ainsi, si nous parlons, c'est que la nature a prévu que nous vivions en société. (...)
[...] Dès lors, pourrait-on se demander, pourquoi l'homme vit-il parmi ses semblables ? L'explication ne serait plus fondée sur la nature, mais plutôt sur l'habitude, sur un sort fatal contre lequel on ne pourrait pas grand-chose, ou plus certainement sur l'intérêt que nous trouvons, malgré tout, à la vie sociale : certes il faut payer des impôts et des cotisations sociales, mais c'est aussi grâce à cela que je bénéficie de structures routières, d'écoles ou de soins remboursés. Ici, ce n'est plus la nature qui pousse l'homme vers la société, mais le calcul. [...]
[...] Le langage, n'est-ce pas justement ce qui montre que l'homme est fait pour vivre en société ? C'est l'argument principal que retient Aristote pour affirmer que l'homme est un animal politique c'est-à-dire un animal sociable, fait pour la cité »(polis, en grec) : dans La Politique, il avance que l'homme a reçu de la nature non seulement la voix, qui permet d'exprimer le plaisir et la douleur, des sensations, mais aussi la parole, qui permet d'exprimer des notions comme le juste et l'injuste, le bien et le mal, autrement des notions morales qui n'ont donc de sens qu'en société. [...]
[...] En quoi pourrait-on dire que l'homme est naturellement sociable, qu'il est fait pour vivre en société ? D'abord, c'est dans sa condition biologique elle-même qu'est inscrite la société. En effet, le petit humain ne peut provenir que de l'union de deux sexes. Certes, c'est le cas de tous les animaux, même solitaires. Mais pour ce qui est de l'homme, il a besoin pendant longtemps du secours et de la protection d'au moins un parent, et si possible de deux pour que le deuxième puisse aller chercher la nourriture : jusqu'à six ou sept ans au moins, l'enfant humain ne peut survire seul. [...]
[...] Car nous tirons aussi des bénéfices à vivre en société. Il nous faut donc examiner ce qui, au fond, fait tenir les hommes ensemble : est-ce un penchant naturel à la sociabilité ? Est-ce l'habitude, la fatalité ? Ou est-ce l'intérêt que nous y trouvons ? La réponse à cette question déterminera bien sûr différents modèles de la société humaine, plus ou moins positifs. Commençons par mettre en relief la nature plutôt insociable de l'homme, avant d'examiner ce qui va dans le sens contraire. [...]
[...] En résumé, c'est parce que je veux faire mieux que l'autre que je me dépasse, et que j'entraîne toute la société avec moi. Pour autant, une telle vision des rapports sociaux, qui valorise le conflit et l'opposition, est-elle idéale ? Ne peut-on trouver un juste milieu plus pacifique entre notre désir d'être soi et notre besoin d'être avec les autres ? N'est-on soi que contre les autres ? On pourrait aussi observer d'autres sociétés à l'œuvre, notamment chez les peuples premiers comme en Amazonie, où le conflit ne semble pas être la règle. [...]
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