La dignité se définit comme une qualité inséparablement liée à l'être de l'homme. En ce sens elle est la même pour tous et n'admet pas de degrés. La notion de dignité renvoie donc à l'idée, clairement exprimée par Paul Ricœur, que « quelque chose est dû à l'être humain du seul fait qu'il est humain »1. La dignité humaine suppose donc que tout homme mérite un respect inconditionnel et ce quel que soit son sexe, son âge, sa condition, sa classe sociale et son appartenance religieuse. Notons en introduction que la première apparition que l'on peut qualifier de « significative » de cette notion intervient dans l'article premier de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (1948) où il est spécifié que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits et en dignité ». Dans Nuit et Brouillard la notion de dignité est centrale puisque la logique nazie va à l'encontre de toute dignité humaine : elle en est la négation même. Comment apparaît alors cette négation au sein des camps ? Sur qui et quoi porte-t-elle ? La logique nazie est-elle alors ici la seule à aller à l'encontre de la dignité humaine ?
[...] Tout ce processus trouve son point culminant dans le gazage de ces individus, ne représentant ni une force de travail convenable et, à court terme, utile au Reich, ni l'identité d'une race pure et conforme à l'idéal Aryen. En effet, le Zyklon B vide les corps : excréments, urine, vomi, les yeux sortant parfois de leur orbite, dans une longue et douloureuse agonie.»3 Les cadavres ne sont plus que carcasses vides, vides de sens, vides de ce qui fait l'Homme, vides de tout, vides de rien. Le déporté est mené à l'abattoir. Post-mortem, sa carcasse est dépouillée de sa chair tel un animal de boucherie que l'on a conditionné et forcé à devenir. [...]
[...] Chaque homme mérite d'être enterré dignement, dans une sépulture convenable, avec le respect qui lui est dû. Encore une fois, la situation fait qu'il était difficile d'être en accord avec un des fondements qui remonte aux origines de l'humanité, mais c'est l'impression donnée qui compte ici. L'image est plus forte qu'un simple récit : elle reste ancrée dans les mémoires et c'est l'impression première qui prime. Or, l'impression ici est celle de corps que l'on enterre dans l'urgence, comme si on les cachait à la face ensanglantée du monde. [...]
[...] Le déporté est un mouton dans le troupeau. On ne cesse de rappeler les consignes hygiéniques et les bienfaits du travail qui sont tous portés en étendard du ridicule malsain de la situation. Les déportés baignent dans la puanteur, la saleté et la maladie mais aussi dans un océan agité de travail inhumain dont on ne peut s'échapper ni réchapper. Travail dans la neige qui devient vite de la boue glacée ( ( Travail dans la chaleur d'août avec la soif et la dysenterie On meurt pour construire un escalier qui conduira tout droit dans les ténèbres. [...]
[...] La logique industrielle nazie montrée dans le documentaire se rappelle à notre bon et proche souvenir quand le bouteur soulève tous ces corps inertes et désarticulés. Ce sentiment de malaise est accentué lorsque les femmes SS sont obligées de jeter les corps dans des fosses, comme de vulgaires ordures. Cette image peut choquer dans le sens où elle peut légitimement constituer pour certains, une insulte à la mémoire des morts des camps de concentration et d'extermination, une atteinte à leur dignité. [...]
[...] Il conviendra alors d'étudier la notion de dignité chez les déportés lors dur retour, et ce vis-à-vis d'autrui, tel qu'a pu nous le décrire par exemple Charlotte Delbo dans le Tome III de la trilogie Écrire après Auschwitz : Mesure de nos jours. Bibliographie indicative 1. Paul Ricœur, in J.F de Raymond, Les Enjeux des droits de l'homme, Paris, Larousse p.236- Charlotte Delbo, Aucun de nous ne reviendra, Minuit Éditions p Article Wikipédia sur le Zyklon B : http://fr.wikipedia.org/wiki/Zyklon_B Citation tirée, selon sources Wikipédia, de Charlie Hebdo, numéro 764, du Mercredi 7 janvier 2007, page 13, dans La Bibliothèque de Michel Polac. * Citations tirées du texte de Jean Cayrol narré par Michel Bouquet. [...]
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