Deuil, mélancolie, Sigmund Freud, religion, psychanalyse, amnésie, amour, perte d'un proche, Coppel-Batsch, Klein, solitude, parentalité, tableau clinique, autodestruction
La peur du vide, de sa propre mort, de n'être plus rien n'est-ce pas ce qui donne lieu à des croyances en une instance supérieure d'où provient l'idée de la vie après la mort ? Ainsi, chez les bouddhistes, seul le corps s'éteint alors que l'âme de l'individu réinvestit un autre corps et se réincarne. Chez les chrétiens, ou bien les musulmans, la bonne conduite promet un paradis. Certains pensent même que les morts, tels des fantômes, errent sur terre. Pour la psychanalyse, il se pourrait bien que le mort soit effectivement encore présent métaphoriquement dans certains sujets qui l'introjectent voire l'incorporent tels les cryptophores.
[...] Pour l'auteure, il y a au préalable de la perte un fort investissement, un grand attachement du sujet à la personne ou même à une idée. Le deuil correspond au parcours que la personne endeuillée doit effectuer afin de réapprendre à vivre sans l'objet qu'elle a perdu. Tout un chacun y est un jour confronté. Elle décrit ce processus de dépassement de la perte en cinq étapes. Tout d'abord il y a refus de l'événement, le sujet refuse le déplaisir de cette réalité trop douloureuse. Puis survient la phase de colère, la révolte contre l'événement. [...]
[...] Du processus de deuil « normal » . Le deuil fait référence non seulement au processus d'assimilation de la perte lors d'un décès, mais aussi lorsque se termine une relation ou bien encore lors de la cessation d'une carrière suite à un accident, etc. Freud qui considère que le deuil demeure une énigme le définit ainsi : « Le deuil est la réaction habituelle à la perte d'une personne aimée ou d'une abstraction mise à sa place, la patrie, un idéal, la liberté, etc. [...]
[...] Ainsi, contrairement au deuil, la mélancolie se rapporte à une perte d'objet inconsciente. Freymann énonce que : « la mélancolie se construit dans un terreau préœdipien imprégné d'une culpabilité inconsciente énorme que le sujet n'est pas en mesure de racheter, mais que peut-être il pourra réparer » . Le sujet mélancolique établit une identification du moi avec l'objet perdu sur lequel il avait préalablement fixé sa libido. Freud explique que : « l'objet auquel s'adresse la colère du surmoi a été accueilli dans le moi par identification ». [...]
[...] D'ailleurs, nous pourrions nous interroger sur la pression générée par un arrêt de travail borné par un laps de temps malheureusement imposé et requis par l'institution et qui demande à être reconduit si nécessaire. Comment le médecin peut-il connaitre le temps nécessaire à l'individu pour dépasser cette épreuve et pouvoir réinvestir son avenir ? Quant au sujet aux prises d'une tension sexuelle psychique trop accumulée, il pourrait être soumis au deuil pathologique de la mélancolie. Le mélancolique qui se désintéresse de soi, s'autodévalorise, vit dans un négativisme généralisé, s'exprime surtout par doléances. Il substitut une perte d'objet après une autre perte d'objet. Il est toujours dans la perte de quelque chose. [...]
[...] Maldiney parle d'ailleurs de ressassement circulaire, le mélancolique s'enracine dans un présent qu'il refuse de quitter. D'ailleurs cet « interminable deuil » n'est pas sans nous évoquer Søren Kierkegaard qui parle de cette maladie de la désespérance comme d'une « maladie de la mort ». S'il vivait la contradiction de vouloir être lui-même et le désespoir de ne pas vouloir l'être, Kierkegaard avait fait de la mélancolie sa compagne. Il vivait certes dans la douleur de son état, mais il trouvait dans sa familiarité une forme de complaisance. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture