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Avant d'être un regard, Autrui est un visage SARTRE illustre ce conflit à travers un exemple simple.
Je suis dans un jardin public, tout est calme, il ne se passe rien, liberté totale débarrassée de toute image lorsqu'un inconnu passe à proximité, rien ne me relie à cet inconnu qui marche dans le même jardin que moi et pourtant, par sa seule présence, je deviens brusquement quelqu'un que l'on voit. Le regard de cet inconnu me fait passer à l'état de sujet que je ne contrôle plus et le simple fait d'être vu me fige dans un état qui ne me permet plus d'être moi-même.
Cet inconnu me regarde, il me tient à sa disposition car il me voit comme je ne me verrai jamais moi-même.
A la base de la conscience de Soi il y a le rapport à l'Autre. La réalité humaine est sociale et sans pitié. La vie est un roman ou tout est un combat, même les moments les plus idylliques, paisibles ou amoureux. C'est la leçon de HEGEL.
La phénoménologie met à jour l'agressivité et les machinations qui se cachent derrière d'innocentes caresses qui ne visent qu'à rendre l'Autre inoffensif, à le désarmer, à le transformer en objet et qui ne sont que des façons de prendre une revanche, de n'être plus exposé et dépendant.
Les mouvements de l'âme s'inscrivent sur le visage et se livrent à sa lecture. L'oeuvre philosophique de LEVINAS nous apprend à mieux voir le visage, ou à le voir autrement, mais à ne plus l'identifier uniquement à partir de ce que nos yeux nous permettent de voir.
Le visage n'est pas seulement une forme, il désigne une apparence et la nature qui s'y dissimule ou qui s'y trahit, il a cette particularité de s'offrir et de se dérober à la fois.
On se compose un visage, on le maquille pour plaire, on s'en sert comme d'une arme, on dissimule son hypocrisie sous un sourire et ses chagrins sous un air réjoui.
LEVINAS nous dit que le contraire de "l'être" et du "paraître" n'est pourtant pas évident car le visage de l'Autre est nu avant d'être masqué et on n'a aucune prise sur cette réalité où un Être ne se présente pas par ses qualités, c'est une peau que rien ne protège ; démuni, sans défense, le visage s'expose, réclame l'attention et interdit l'indifférence à son égard (...)
[...] L'homme est un loup pour l'homme mais ce n'est pas son semblable qui provoque son agressivité, c'est le différent l'inconnu, le marginal, celui qui menace sa sérénité, son chez lui La violence n'est pas, à l'origine, la guerre contre tous mais l'hostilité qu'une communauté humaine éprouve contre des étrangers. Violence spontanée de patriotisme, violence idéologique qui s'octroie le monopole de la civilisation et refuse : la différence, la diversité humaine et l'égalité des cultures. L'Ethnocentrisme a atteint un point culminant dans les années 60 avec la décolonisation et l'émancipation du Tiers Monde. L'homme européen était convaincu d'incarner la civilisation et tout ce qui n'était pas comme lui ne pouvait pas trouver son équivalence chez l'autre et ne pouvait qu'être moins bien. [...]
[...] L'idée républicaine est issue d'une double exigence : restituer le pouvoir au peuple et refuser de justifier l'injustice. Le XIXème siècle nous a surtout donné des aperçus du phénomène totalitaire, car de la Libye à la Russie, il n'y a plus maintenant que des tyrannies populaires et c'est avec le peuple pour référence et pour emblème, en plaçant la volonté collective au-dessus des libertés fondamentales que le pouvoir déchire les constitutions, aliène les droits inaliénables, étouffe la vie sociale sous le poids de sa bureaucratie et instaure la terreur. [...]
[...] ont nourri les critiques de la notion de progrès et de la domination de l'homme sur la nature. * Une théodicée est une explication de l'apparente contradiction entre l'existence du mal et deux caractéristiques propres à Dieu : sa toute-puissance et sa bonté. Pour le philosophe, son travail consiste à prouver que, malgré le mal ou grâce à lui, l'histoire a un sens, une direction et que son développement aboutira au bien (on parle optimisme raisonné Voltaire a critiqué la théodicée. [...]
[...] quelque effort que je fisse pour m'en souvenir . je m'irritais de trouver dans ma mémoire avec une exactitude définitive les visages inutiles et frappant de l'homme des chevaux de bois et de la marchande de sucre d'orge». L'amoureux épie, scrute, inspecte le visage aimé dans ses moindres crispations, sourires et humeurs, dans ce fouillis de signes il ne sait plus faire le tri et y accorde une importance démesurée. Il manque à l'amoureux la sérénité minimale pour voir clair le visage aimé échappe à tout, il est indéfinissable. [...]
[...] Les hommes sont différents ce n'est pas pour cela que les humanités sont multiples, ils sont semblables. * Hannah ARENDT [14 Octobre 1906 4 Décembre 1975] Philosophe allemande naturalisée américaine, connue pour ses travaux sur l'activité politique, le totalitarisme et la modernité. S'il reste des dominants et des dominés ils ne constituent plus des mondes clos, des peuples à part et si certains groupes peuvent toujours bénéficier d'avantages, exercer leur pouvoir, on ne conclut pas à leur supériorité naturelle. Le Maître et le Serviteur ne sont plus séparés par une ligne infranchissable, ils se reconnaissent l'un l'autre, la ressemblance est introduite au cœur de la relation humaine et c'est lorsque l'Autre est proche de moi, que son existence m'oblige à me remettre en question car en le reconnaissant comme mon semblable je deviens son obligé. [...]
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