De la lecture de la première partie du texte, on conclut que Nietzsche s'oppose catégoriquement au nihilisme, puisque lui préfèrera revendiquer une « charretée de belles possibilités », dire oui à un non-sens, sans en perdre espoir, que de nier la vie en se morfondant dans un néant indubitable. Autant dire qu'il préfère la beauté de l'instable, du passer, du changeant et du multiple, plutôt qu'une stabilité apparemment sécurisante mais vide. Mais il y a un deuxième nihilisme qui a gardé aux yeux de Nietzsche cette soif de vivre, cet élan vital que le premier nihilisme a abandonné. Mais celui-ci dénigre les certitudes du sensualisme, l'apparence et le perspectivisme, pour laisser place à une certitude plus forte, et plus sécurisante : l'idéalisme, celui qui fut autrefois celui de Platon et qui est maintenant l'affaire du christianisme. Ainsi effrayés par le « vide » des sens, ils se réfugieraient dans l'idéalisme, qui est davantage illusion. Cependant, on ne peut que les féliciter de nous sauver de la mécanisation de la race humaine via le positivisme. La science impose en effet un schéma de l'humain qui s'éloigne plus que tout autre de la réalité alors qu'elle est persuadée, elle, de dévoiler une vérité objective et universelle. Ce second nihilisme, qui attaque et détruit des doctrines erronées telles que les théories positivistes, voire scientistes ne pourrait-il pas être utile pour dire un « oui » à la vie ?
[...] Mais on ne peut que les féliciter de contrer ces idées modernes qui reviennent à une anthropologie mécaniste, systématique : Dans une telle démarche il entre de la méfiance à l'égard de ces idées modernes, du scepticisme à l'endroit de tous les systèmes d'hier et d'aujourd'hui [ ] Tous les systèmes mécanistes, déterministes, qui se cachent derrière une dialectique du serf arbitre, participent de l'assassinat de l'apparence. Pourtant le serf arbitre est un mythe, il n'y a que des volontés faibles ou fortes. Cette démarche a donc cela de positif qu'elle remet en causes les idées modernes, et tout systèmes antérieurs. On peut penser à la doctrine physiologiste de Hobbes ou à celle de Spinoza par exemple. [...]
[...] Ce premier nihilisme en effet n'est pas dépourvu d'une sincère volonté de vérité, une aspiration à la vérité mais l'on sait bien que chez Nietzsche, cela est vain et relève de l'inutilité. Ce nihilisme semble être négation de la vie, sans élan vital ni espoir. De la lecture de la première partie du texte, on conclut que Nietzsche s'oppose catégoriquement au nihilisme, puisque lui préfèrera revendiquer une charretée de belles possibilités dire oui à un non-sens, sans en perdre espoir, que de nier la vie en se morfondant dans un néant indubitable. [...]
[...] Or Nietzsche ne propose t il pas une façon d'accepter le nihilisme? Il faut soutenir leur opposition au positivisme, qui ôte à l'homme tout ce qu'il a de proprement humain et remet en cause la valeur de l'action. Il manque à ces analystes sceptiques le bon goût de courage, qui leur permettrait de tenir ferme la barre à défaut de se réfugier dans des certitudes illusoires et inhumaines, des réponses apaisantes, telles qu'en contiennent le platonisme et le christianisme. Mais ces nihilistes sont ils vraiment sur la voie du surhomme ? [...]
[...] Ce fut le cas avec le romantisme allemand, comme on peut le lire dans le paragraphe 11 de Par delà Bien et mal, qui inventa une faculté supra sensible que Schelling appela contemplation intellectuelle comblant ainsi les vœux les plus intimes de ces excellents allemands qui, au fond étaient restés pieux. Donc, au fond, c'est encore la hiérarchie à laquelle obéissent les plus profonds instincts de leur nature qui guide leur démarche. Ainsi régressent-ils vers des vestiges du passé peut être l'âme immortelle L'âme immortelle, c'est la peste de Platon. [...]
[...] Dans la préface et tout au long de cette première partie de Par delà le Bien et le Mal, des préjugés des philosophes, Nietzsche raille cette maladresse de débutant avec laquelle tous les philosophes du passé ont tenté d'aborder la vérité. Il fait par ailleurs une allégorie entre cette vérité et une femme, et les efforts maladroits et mal appropriés pour conquérir les faveurs d'une femme. Ce n'est justement pas le problème du monde réel et du monde apparent qui donne à réfléchir, mais cette obstination intrinsèquement liée au dogmatisme qui tend vers la vérité et rejette l'apparence. [...]
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