On connaît mal Max Stirner (1806-1856) dont la vie semble avoir été une succession de drames et d'échecs personnels (conjugaux, financiers, professionnels). Il voulut être professeur après avoir suivi les cours de Hegel, mais ne put qu'accéder au rôle de répétiteur dans un lycée privé de jeunes filles. Il fut également publiciste dans la Gazette Rhénane dont Karl Marx était rédacteur en chef. Meurt dans une pauvreté absolue d'une piqûre de mouche charbonneuse. Auteur d'un livre étrange qui connut de longs débats avant de sombrer dans l'oubli : L'Unique et sa Propriété (1844) (...)
[...] FACULTÉ DE DROIT & SCIENCES POLITIQUES UFR DE DROIT Sciences politiques CULTURE GÉNÉRALE 1 CULTURE GÉNÉRALE MAX STIRNER On connaît mal Max Stirner (1806-1856) dont la vie semble avoir été une succession de drames et d'échecs personnels (conjugaux, financiers, professionnels). Il voulut être professeur après avoir suivi les cours de Hegel, mais ne put qu'accéder au rôle de répétiteur dans un lycée privé de jeunes filles. Il fut également publiciste dans la Gazette Rhénane dont Karl Marx était rédacteur en chef. [...]
[...] Selon Stirner, l'homme n'existe pas à travers le concept général d'être humain, mais dans une suffisance du Moi, C'est Moi qui suis mon espèce A la différence de Marx, Stirner ne propose pas de transformer le monde conformément à un idéal, mais d'agir avec le monde selon un intérêt propre : l'égoïsme doit succéder à l'idéalisme comme principe de vie et de résistance. Comment devenir ce Moi égoïste ? En évacuant tout ce qui ne m'appartient pas en propre, ce qui m'est extérieur, toutes ces idoles que je ne possède pas mais qui me possèdent (Dieu, Etat, Morale), ainsi que toutes ces institutions et sentiments hérités (famille, mariage, dévouement, patriotisme, honneur). Chaque homme se libère individuellement et socialement en brisant les fétiches. [...]
[...] Le citoyen est un bon citoyen, c'est-à-dire un patriote prêt à mourir pour la nation, un bon père de famille respectueux des lois, un bon étudiant soucieux de son projet de vie et respectueux des valeurs de réussite, bref l'individu qui partage les valeurs dominantes : l'honneur, la solidarité, l'humanitaire, l'engagement, celui qui va à la guerre quand on lui demande et qui mange bio quand on lui demande. Le citoyen est l'esclave des idoles et l'Etat voudrait que l'Homme ne soit qu'un citoyen. Or dit Stirner, il y a dans tout homme un Moi irréductible qui 3 doit être le seul guide de ma vie, la seule boussole de mon existence. Ce Moi désobéissant aux divinités sociales et politiques. Face à l'égoïsme de l'Etat qui n'existe que pour lui, mon égoïsme se lève. A l'absolu de l'Etat, j'oppose mon absolu. [...]
[...] La société n'a pas de prise sur moi. L'Egoïste ne revendique pas de droits, car ces droits lui sont octroyés ou reconnus. Il n'y a que des propriétés qui sont à moi du seul fait que j'existe. Je ne peux être que le seul propriétaire de moi-même, et pas le locataire de droits et de libertés qui me viennent de l'extérieur. Le livre de Stirner est la plus forte expression d'insolence et de dégoût de l'hypocrisie sociale. Quant il crie Fais toi valoir il s'insurge contre les collectivités et les rêves collectivistes de son temps. [...]
[...] Pour Stirner, la véritable révolution n'est pas celle qui consiste à changer de dieu, mais à s'en passer définitivement. Nihiliste provocant, Stirner peut être l'occasion, dans son extrême radicalité, d'une réflexion sur la pertinence d'un désengagement absolu du social comme acte de libération de soi. Se délier, se désolidariser, c'est aussi une manière d'entrer en résistance contre les valeurs légitimes qui nous oppriment. J'ai fondé ma cause sur rien dit Stirner, comme s'il s'adressait à tous les petits fantassins des engagements et des causes que le discours social érige aujourd'hui en fétiches de la participation citoyenne ! [...]
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