La vie de Marguerite Duras (1914-1996) couvre la majeure partie du Xxe siècle. Depuis son enfance, vécue sur fond de colonialisme et d'injustice sociale, jusqu'à vieillesse marquée par un large succès public autant que par une amitié notoire avec le président Mitterrand, la romancière n'a jamais cessé d'être personnellement touchée par les drames et les espoirs politiques du siècle.
I. Une enfance coloniale
Marguerite Duras (de son vrai nom : Donnadieu) naît en avril 1914 près de Saïgon, dans ce qui est alors l'Indochine française, et plus précisément la colonie de la Cochinchine. Ses parents sont tous deux fonctionnaires de l'Instruction publique. Cependant, le père, professeur de mathématiques, meurt alors que Marguerite n'a que quatre ans. La mère, devenue veuve, a donc seule la charge de trois enfants : la future romancière a deux frères, un aîné, bientôt envoyé en France pour ses études et un cadet. Mme Donnadieu occupe divers postes d'institutrice, d'abord à Phnom Penh (jusqu'en 1924), puis dans des villages de brousse de plus en plus reculés : Vin Long et Sadeg, le long du Mékong. Les années d'enfance se déroulent ainsi au bord du fleuve, à la lisière de la jungle.
[...] Outre l littérature, Duras mène une carrière journalistique en collaborant à France Observateur, et poursuit une activité militante qui après son exclusion du P.C.F (1950) se concentre sur la lutte contre le colonialisme, système dans lequel elle a personnellement vécu, puis plus particulièrement contre la guerre d'Algérie : elle signe notamment le célèbre « manifeste des 121 » sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie (1960). (...)
[...] Les années d'Occupation se passent à Paris, où la jeune femme occupe un poste au Cercle de la librairie (1942) : elle est chargée de la répartition du papier, denrée rare en ces temps de guerre. Peu à peu, Duras entre en contact avec des réseaux de la Résistance : c'est dans ce contexte qu'elle rencontre François Morland, allias Mitterrand. Parallèlement, la jeune femme se met à écrire : son premier roman, les Imprudents est publié par Plon en 1943, sous le nom de Marguerite Duras. [...]
[...] Les années soixante-dix, néanmoins, sont consacrées presque entièrement au cinéma : elle tourne avec Delphine Seyrig, Jeanne Moreau, Gérard Depardieu, des films très personnels, et souvent pour cette raison incompris d'un certain public. L'univers mythologique de Duras ne s'en déploie pas moins, au fil de réalisations dont certaines auront marqué, malgré tout, l'histoire du cinéma ; en particulier India Song (1975), qui revient une fois encore sur la figure fascinante et archétypale d'Anne-Marie Stretter. Au théâtre, le succès ne se dément pas, notamment avec L'Amante anglaise, qu'interprète Madeleine Renaud. [...]
[...] Lasse de cette vie, Mme Donnadieu achète, vers la fin des années vingt, une concession : épisode qui fournira le sujet d'un important roman autobiographique de Duras, un barrage contre le Pacifique (1950). Car la concession, acquise au prix de toutes les économies de la mère, s'avère une escroquerie : le terrain situé au bord du golfe de Siam, est régulièrement inondé par les eaux de l'océan. Malgré ses efforts acharnés, la mère no'btiendra aucune espèce de réparation de la part de cette administration coloniale corrompue. Ruinée, pratiquement folle, Mme Donnadieu finira sa vie en métropole. En 1929, la jeune fille, quant à elle, entre au lycée de Saïgon. [...]
[...] En 1959, la romancière devient scénariste et écrit, pour le cinéaste Alain Resnais, Hiroshima mon amour. Elle est, dans les années soixante, l'auteur de plusieurs pièces de théâtre, dont les Viaducs de la Seine-et-Oise. A la fin de cette période, Duras, qui a entre-temps réalisé son premier film, la Musica, en 1966, mène de façon de plus en plus simultanée ses différentes carrières. Cela est sensible avec Détruire, dit-elle (1969) : sous ce titre, elle tourne un film et publie un roman la même année. [...]
[...] Biographie de Marguerite Duras La vie de Marguerite Duras (1914-1996) couvre la majeure partie du Xxe siècle. Depuis son enfance, vécue sur fond de colonialisme et d'injustice sociale, jusqu'à vieillesse marquée par un large succès public autant que par une amitié notoire avec le président Mitterrand, la romancière n'a jamais cessé d'être personnellement touchée par les drames et les espoirs politiques du siècle. I. Une enfance coloniale Marguerite Duras (de son vrai nom : Donnadieu) naît en avril 1914 près de Saïgon, dans ce qui est alors l'Indochine française, et plus précisément la colonie de la Cochinchine. [...]
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