Ce fut sans doute l'une des colonisations les plus paisibles de tous les temps. Pas un coup de feu n'a été tiré, pas une goutte de sang n'a coulé, pas d'exploitation des autochtones, pas de pays dépouillé de sa richesse. Et pourtant, l'envahisseur a inexorablement occupé un pays après l'autre. Tout s'est joué au XXe siècle. Mais cette conquête nouvelle est passée largement inaperçue.
Et pour cause : le colon était un oiseau, un petit futé qui, à ce jour, s'est imposé sur cinq continents. Nous avons nommé le héron garde bœuf ou, si vous préférez son nom savant, Bubulcus ibis (ou Ardéola ibis).
Pendant des siècles, le garde bœuf s'est cantonné en Afrique tropicale. Mais, il y a une centaine d'années, il a colonisé avec bonheur l'Afrique astrale. A ce qu'on raconte, durant les années 1930, des gardes bœufs ont traversé l'Atlantique en nombre suffisant pour pouvoir prendre pied en Amérique du Sud. Vers 1950, la Floride était conquise.
[...] Dans les pays où le climat le permet, le garde-bœuf devient sédentaire, dans les régions ou les hivers sont rudes, il ne s'installe pas, mais migre sous des latitudes plus clémentes après la saison des amours. Ses voyages au long cours continuent encore, car on le voit pointer son bec sur des îles perdues du Pacifique, et même dans l'Antarctique. Le secret de la conquête Le secret de la prolifération du garde-bœuf a été, en grande partie, sa faculté d'adaptation et son lien avec l'homme, surtout l'éleveur du bétail. [...]
[...] Au gré de pérégrinations toujours plus lointaines, le garde-bœuf a rencontré des habitats de rêve presque partout. Sur tout continent où il posait la patte, des éleveurs avaient transformé de vastes prairies en ranchs ou en champs irrigués qui foisonnaient d'insectes. Il s'est donc installé et a prospéré. Bienfait pour les hommes et les bêtes Sa livrée couleur de neige, ses mœurs grégaires et son goût pour la campagne du bétail font de ce petit héron un oiseau facile à observer. [...]
[...] Une troupe de garde-bœuf est un bienfait aussi pour le bétail, car elle le débarrasse du harcèlement des mouches et autres insectes. Les bœufs semblent savoir que les si bien nommés garde-bœufs sont leurs amis, car ils ne bronchent pas quand quelques-uns ont le toupet de leur grimper sur le dos. Un oiseau sociable Le garde-bœuf n'est pas un solitaire : il se reproduit, perche et se nourrit en société. Pendant la saison des amours, il partage volontiers un gros arbre avec d'autres espèces de hérons ou de cigognes. [...]
[...] Le héron garde-boeuf (Bubulcus ibis) Ce fut sans doute l'une des colonisations les plus paisibles de tous les temps. Pas un coup de feu n'a été tiré, pas une goutte de sang n'a coulé, pas d'exploitation des autochtones, pas de pays dépouillé de sa richesse. Et pourtant, l'envahisseur a inexorablement occupé un pays après l'autre. Tout s'est joué au XXe siècle. Mais cette conquête nouvelle est passée largement inaperçue. Et pour cause : le colon était un oiseau, un petit futé qui, à ce jour, s'est imposé sur cinq continents. [...]
[...] Ces spectacles sont aisément observables, car le garde-bœuf ne s'effarouche pas de l'approche des humains. Que vous fassiez un safari en Afrique, que vous traversiez une région d'élevage en Amérique du Nord ou que vous longiez des rizières en Orient, vous aperceviez sans doute ses beaux oiseaux rôdant au milieu des éléphants, ou dressés effrontément sur le dos d'un bouvillon, ou simplement pressés de rentrer se brancher au crépuscule. Où qu'ils soient, ils ajoutent du charme au paysage, mais ils rendent aussi un service inestimable aux hommes et aux bêtes. [...]
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