"Les médicamenteurs", Stéphane Horel (2010)

Résumé du document

Stéphane Horel est journaliste indépendant et documentaliste. Il a publié "La Grande Invasion", une enquête sur les produits qui intoxiquent notre vie quotidienne aux Editions du Moment (2008). En 2009, il a réalisé le documentaire "Les médicamenteurs" avec Annick Redolfi et Brigitte Rossigneux.

Les Français sont accros aux médicaments. Les statistiques démontrent une consommation de 40 boîtes de médicaments par personne par an (un record mondial). En 2008, l'Assurance Maladie a remboursé 22 milliards d'euros rien que pour la médecine de ville. Le message d'entrée du livre est de communiquer que l'industrie pharmaceutique est bien une industrie de business, et que les politiques n'ignorent pas cette facette.

Le premier chapitre commence avec l'anecdote de la rencontre du médecin François Autain avec la visiteuse médicale Roselyne Bachelot en 1967, avant de restituer cette rencontre au Sénat, le premier prenant le rôle de sénateur farouchement contre la main prise de l'industrie pharmaceutique et la deuxième en tant que ministre de la Santé, avec des liens étroits et anciens avec les laboratoires.

Extraits

[...] Le numéro un en termes de lectorat est Le quotidien du médecin (diffusé à exemplaires chaque jour). La majorité des revenus de ce journal (70 comme des revenus des concurrents, repose sur la publicité de l'industrie pharmaceutique. Seules les revues Prescrire, Pratiques et Médecines sont totalement indépendantes. Comme les banques pour les écoles de commerce, les laboratoires sont aux petits soins pour la jeunesse, et les études de médecine sont critiquées pour le manque de formation en pharmacologie, économie de la santé, etc. Les laboratoires s'immiscent jusque dans la préparation des examens des étudiants en médecine. [...]

[...] En d'autres termes, comme le dit Stéphane Horel, des médicaments présentés par les firmes en 2008 n'apportent rien à la santé des gens. La revue Prescrire rapporte même que sur les 3096 produits mis sur le marché entre 1981 et 2004, seuls 7 constituent un progrès thérapeutique majeur. Ce constat doit ensuite être confronté au fait que de tous les médicaments sont admis au remboursement ! La fille, la cousine et la belle-sœur (les différents médicaments) Les prix des médicaments sont fixés (ou négociés) au Comité économique des produits de santé, qui compte 10 membres, dont 3 de l'Assurance Maladie et un de l'Assurance Maladie complémentaire. [...]

[...] L'affaire du Vioxx devient également symbolique car elle a interpellé les politiques. Aux Etats-Unis des enquêtes poussées par les élus ont donné lieu à une présence médiatique importante du sujet. En France, l'affaire fut minimisée, malgré des rapports importants du Sénat. Les coulisses de l'industrie du médicament Le parcours des médicaments est quasiment inconnu du grand public. Tout commence à la Commission d'autorisation de mise sur le marché (AMM) de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). [...]

[...] Aujourd'hui, environ 1400 associations de patients existent en France, contre une centaine en 1980. La plupart sont créées par des patients (et financées par les laboratoires), les autres montées de toutes pièces par l'industrie pharmaceutique, qui les utilise pour mettre en place des programmes d'observance ou d'accompagnement des patients pour une éducation thérapeutique du patient (Novartis parle de Proximologie Pour l'industrie, le strict respect de l'ordonnance est un souci, car les patients ne respectent pas toujours les doses de prescriptions. [...]

[...] Plus de étaient des effets graves. L'UE a également lancé son système baptisé les plans de gestion des risques (PGR). Ces plans surveillent les médicaments dès leur mise sur le marché quand on a un doute sur leur profil de sécurité. L'exemple de la pilule miracle de Sanofi-Aventis (Accomplia) est cité pour démontrer les dangers éventuels liés à des produits souvent très attendus. Rideau de fumée Pfizer avait lancé le Chantix (Champix en Europe), un médicament qui devait partir à l'assaut du sevrage tabagique. [...]