L'industrie pharmaceutique est confrontée à une chute tendancielle de l'innovation de ses différents laboratoires de recherche depuis 1999. Si l'on en croit les statistiques, sur un millier de nouveaux médicaments lancés ces huit dernières années, aucun n'a apporté une réelle innovation thérapeutique et cela malgré des dépenses de R&D en hausse. Cet « effet ciseaux » est révélateur de la crise que connaissent les grands groupes pharmaceutiques, et va, par conséquent, forcer l'industrie du secteur à évoluer vers de nouvelles technologies et donc vers une nouvelle structure adaptée.
Tous ces changements structurels de l'industrie pharmaceutique ne vont pas sans une augmentation des coûts du secteur pour les acteurs publics comme privés.
Il est donc légitime de se demander si les changements structurels inhérents au secteur de l'industrie pharmaceutique sont compatibles avec une gestion de plus en plus fine et ciblée des budgets alloués aux dépenses de santé. L'augmentation des acteurs du secteur, des partenariats entre ces derniers ainsi que la hausse des dépenses en R&D sont-ils une entrave au bon fonctionnement des politiques de maîtrise des dépenses de santé ?
[...] Les nouvelles disciplines chimiques connues sous le nom de biotechnologies et déjà mises en pratique actuellement ont permis d'insuffler un air nouveau à l'industrie pharmaceutique par un élargissement de ses champs de production et de commercialisation. L'avantage de ces nouvelles techniques réside dans le fait que le processus de découverte et de sélection du médicament à commercialiser est plus rapide et potentiellement moins cher que dans l'industrie traditionnelle, où les coûts ne cessent d'augmenter. Pour pouvoir profiter de ces gains de productivité engendrés par ces nouveaux flux de connaissances, les laboratoires ont dû développer tout un ensemble de stratégies organisationnelles, destinées à s'approprier au mieux les nouvelles molécules susceptibles de devenir les blockbusters de demain. [...]
[...] La forte polarisation spatiale des activités de recherche et de développement dans l'industrie pharmaceutique est révélatrice d'une évolution que connait ce secteur depuis quelques années et de la coopération grandissante entre les différents acteurs. B La concurrence des médicaments génériques Un des autres enjeux actuels du développement de l'industrie pharmaceutique est celui de l'adaptation aux changements institutionnels en matière de propriété intellectuelle. En effet, afin de préserver les découvertes issues des nouvelles biotechnologies, l'application des droits de propriété intellectuelle (DPI) est devenue l'un des principaux enjeux des grands laboratoires pharmaceutiques. [...]
[...] Les DPI constituent une arme stratégique et génératrice de profit pour les entreprises qui sont les premières à déposer le brevet. Ils sont en effet une source de revenus considérables ainsi qu'une protection contre l'entrée de nouveaux concurrents sur le marché. Or, depuis quelques années, la concurrence des médicaments génériques fait rage suite à l'expiration de nombreux brevets qui couvraient autrefois les blockbusters des grands laboratoires pharmaceutiques. De plus, les médicaments enregistrant un succès commercial sont désormais rapidement exposés à la “concurrence thérapeutique” des “me-too drugs”, produits indiqués pour le même champ d'application que le médicament original sans pour autant empiéter sur son brevet. [...]
[...] Il n'en est pas de même pour les acteurs publics, souvent chargés d'encadrer la politique de maîtrise des dépenses de santé de leur Etat. Il est donc légitime de se demander si les changements structurels inhérents au secteur de l'industrie pharmaceutique sont compatibles avec une gestion de plus en plus fine et ciblée des budgets alloués aux dépenses de santé. L'augmentation des acteurs du secteur, des partenariats entre ces derniers ainsi que la hausse des dépenses en R&D sont-elles une entrave au bon fonctionnement des politiques de maîtrise des dépenses de santé ? [...]
[...] Le retour sur investissement peut être potentiellement très élevé à moyen terme, mais le déploiement de ces pôles nécessite de lourds budgets : L'Agence Nationale de la Recherche a ainsi alloué 35,33 millions d'euros en 2005 au financement de projets de recherche spécifiques dans le domaine de l'industrie pharmaceutique. Ces pôles font preuve d'une efficacité certaine puisqu'ils permettraient à terme de renforcer l'innovabilité et la compétitivité de l'industrie française en favorisant la circulation des informations technologiques et en initiant de nouveaux partenariats de recherche. Néanmoins, le mode de financement trop complexe de ces clusters et l'absence d'un guichet unique induit des coûts de transaction importants, chaque agence ou organisme public étant maître de son budget. [...]
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