La définition de l'épidémiologie a évolué au cours du temps, reflétant l'extension progressive de ses champs d'activité. L'épidémiologie a longtemps été l'étude des épidémies, c'est à dire des maladies transmissibles pour s'étendre progressivement à l'ensemble des pathologies et en particulier aux maladies chroniques, cancéreuses, cardio-vasculaires, neuro-dégénératives…, suivant en cela l'évolution des fléaux en santé publique.
En 1970, Mc Mahon et Pugh définissaient l'épidémiologie comme l'étude de la fréquence et de la distribution des maladies et des invalidités dans la population humaine, ainsi que des facteurs qui déterminent cette distribution. En 2001, l'Association des épidémiologistes de langue française (ADELF) définissait l'épidémiologie comme l'étude des mécanismes qui déterminent l'état de santé et l'évaluation les moyens mis en œuvre pour l'améliorer.
[...] Pour autant, Hippocrate ne connaissait pas les vertus du dénombrement et du traitement statistique des données. Laennec, à propos de son invention du stéthoscope au début du 19e siècle soulignait la supériorité de la multiplication des observations et de leur compilation sur le flair du clinicien : On arrive à obtenir une donnée utile et applicable à la pratique que par des observations nombreuses et rapprochées pour permettre d'établir facilement entre les faits des comparaisons propres à les réduire à leur juste valeur, et a démêlé la vérité au milieu des erreurs qui naissent continuellement de l'inexpérience de l'observateur, de l'inégalité journalière de son attitude, de l'illusion de ses sens, et des difficultés inhérentes à la méthode d'exploration qu'il emploie A sa suite, Pierre-Charles Alexandre Louis, détracteur de la saignée et découvreur de la typhoïde dira : le médecin n'oubliera pas que les expressions : plus, moins, beaucoup, souvent, ne signifient rien, qu'il faut compter en médecine pour sortir du vague, et que c'est un des moyens dont on ne saurait faire abstraction dans la recherche de la vérité Son enthousiasme le poussera même à dire Sans l'aide de la statistique, rien qui ressemble à une véritable science médicale n'est possible Avec lui, les hygiénistes du 19e siècle développent l'épidémiologie basée sur des statistiques, pour tenter de contrôler le développement des maladies infectieuses et contagieuses. [...]
[...] De plus, elle permet souvent de formuler de nouvelles hypothèses de recherche étiologique. La deuxième vise à identifier les facteurs de risque des maladies et à en suggérer les causes. Elle procède par comparaison de cas ou de témoins, de personnes exposées ou non exposées et fait appel à des méthodes d'analyse multivariées. Il est à noter que certaines études de ce type permettent de proposer des actions efficaces sans pour cela identifier les causes de la maladie (épidémiologie pragmatique). [...]
[...] L'épidémiologie approche ses limites dès lors que les évènements étudiés sont rares, que les populations réellement exposées sont difficiles à définir et à suivre, que la mesure de l'exposition est indirecte et que le risque que l'on cherche à mettre en évidence est faible, ce qui est très souvent le cas pour toutes les expositions de la population générale aux pollutions atmosphériques et industrielles. Or, depuis les années 90, l'épidémiologie est extrêmement sollicitée par la société pour répondre aux questions importantes de l'impact des modifications de l'environnement atmosphérique sur la santé. Dans ce domaine, l'épidémiologie peut apporter une contribution spécifique à un débat de société, mais en aucun cas, elle ne peut clore la discussion. [...]
[...] La société attend, voire exige de plus en plus de l'État, sécurité et prévisibilité. Les risques, involontaires ou imposés, sont de moins en moins acceptés, plaçant le dommage zéro en position d'utopie, faute d'effort pédagogique et de responsabilisation pour envisager la notion de risque acceptable. La nature de certains risques, l'incertitude scientifique, le degré de dissension des experts sont perçus par la population comme autant de facteurs d'anxiété et donc d'insécurité. Tout en connaissant les limites de leur discipline, la responsabilité des épidémiologistes sera dans ce domaine de plus en plus importante. [...]
[...] Elle repose sur la fréquence (probabilité) d'une association jugée suffisamment grande pour pouvoir ne pas être attribuée au hasard avec un niveau de confiance donné. Elle ne préjuge pas du rôle causal du facteur en question. Surtout, au-delà de garanties techniques et statistiques, nécessaires, mais non suffisantes, le jugement final d'une relation de cause à effet relève de différents critères, certains internes à l'étude (force, constance, et spécificité de l'association, relation dose effet, antériorité de l'exposition) et d'autres extérieurs à l'étude (plausibilité biologique, cohérence avec les connaissances antérieures). Le jugement de causalité sera donc discuté après interprétation, et intégration de nombreuses données d'origine différente. [...]
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