Patrice PINELL, après avoir participé à la concertation nationale sur le Cancer en 1982 et 1983, décide de s'intéresser à cette maladie si redoutée mais, pourtant, peu étudiée. En effet, peu de recherches sociologiques pertinentes sur la lutte contre le cancer existent. Patrice PINELL étant à la fois docteur en médecine et sociologue à l'INSERM nous propose, de ce fait, une analyse originale aux approches diversifiées. Outre le fait de mentionner les différents traitements médicaux il va, tout particulièrement, décrire le sort des cancéreux . En effet, le cancer étant perçu comme une maladie incurable et mortelle jusqu'au XIXème siècle la prise en charge de ces malades ne va pas de soi.
Au tournant du XXème siècle, cette maladie qui existe depuis l'Antiquité perçue désormais comme un fléau social et moderne va avoir des impacts socio-historiques profonds. Dès lors, la lutte contre le cancer va nécessiter l'intervention des pouvoirs publics associés à celle d'institutions charitables (I) et modifier les relations entre le médecin et son patient (II).
[...] Histoire, Sciences sociales Vol 53, pp327-329 Johan GOUDSBLOM, Les grandes épidémies et la civilisation des mœurs Actes de la recherche en sciences sociales Vol 68, pp3-14 Pierre Guillaume, QUETEL Claude, Le mal de Naples. Histoire de la syphilis Vingtième Siècle Vol 16, 16, pp 159-160 Pierre GUILLAUME, Patrice PINELL, Naissance d'un fléau Histoire de la lutte contre le cancer en France Vingtième Siècle Vol 39, pp 126-127 Pierre GUILLAUME, Dominique DESSERTINE, Olivier FAURE, Combattre la tuberculose (1900-1940) Vingtième siècle, Vol 19, pp 141-142 Marie JAISSON, Patrice PINELL, Naissance d'un fléau Histoire de la lutte contre le cancer en France Annales. [...]
[...] En effet, la première guerre mondiale a joué un rôle important dans la mesure où elle a permis aux pouvoirs publics de porter un nouveau regard sur la santé des individus[3]. L'Etat prend conscience de la portée négative du laisser-faire. Les statistiques ressorties des dossiers d'indemnisation de veuves dont les maris étaient morts pendant la guerre (sur dossiers de décès 479 concernent des cas de cancer) participent à la prise en compte par l'institution étatique de la dimension collective de la maladie. [...]
[...] La lutte contre le cancer participe donc au processus de civilisation[16] en poussant l'autocontrôle à l'intérieur du corps et non plus à l'extérieur par les règles de savoir-vivre. Par conséquent, étudier la façon dont la lutte contre le cancer s'est opérée nous permet d'appréhender de manière différente l'évolution du champ médical mais aussi de notre société en général. En effet, la lutte contre le cancer joue un rôle plus global en ayant des impacts socio-historiques forts. On assiste avec le tournant du XX ème siècle à un changement dans la façon de percevoir cette maladie. L'Etat cherche désormais à préserver la santé de sa population. [...]
[...] Ainsi, la politique de lutte contre le cancer possède sur la population une dimension civilisatrice sous jacente Pour la lèpre ou encore la peste,[13] l'isolement est utilisé pour lutter contre la propagation de la maladie. Néanmoins, pour le cancer, cette méthode ne fonctionne pas. Pour combattre, le diagnostic doit être précoce. Ainsi, le patient est l'agent premier et essentiel de sa propre sauvegarde et il faut apprendre à s'inquiéter des signes qui ne sont ni douloureux, ni caractéristiques, ni même préoccupants comme le souligne Robert LE BRET. Une propagande nationale, d'abord, à destination de l'élite puis, dès 1926, à destination du grand public est mise en place. [...]
[...] De plus, Patrice PINELL souligne l'échec relatif de ces centres qui ne peuvent pas tous bénéficier des mêmes avancées technologiques et ne sont pas faits pour accueillir tous les malades. Ainsi, l'intervention étatique ne suffit pas. Il convient donc de revenir aussi sur le rôle des œuvres de charités, premières instances à se préoccuper du sort des cancéreux. B. De la sorte, au début du XX ème siècle, nous assistons à une mobilisation renouvelée de la philanthropie En effet, les œuvres de charité ont évolué. [...]
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