Nous avons été mandatés au Maroc par Mr XXX, directeur de la clinique XXXX de Marseille pour y observer l'impact de la drogue sur la société marocaine, en vue d'estimer l'éventuelle légitimité et rentabilité de l'implantation d'un centre de désintoxication au Royaume chérifien.
Au départ nous avions uniquement considéré les conséquences sanitaires des fléaux que sont la drogue et l'alcool sur les populations. Ainsi, nous voulions les traiter par le biais de moyens similaires aux actions qui sont entreprises dans les pays du Nord, à savoir les campagnes de prévention, la législation, la construction de centre de désintoxication, la création de brigades spéciales anti-drogue au sein des autorités de maintien de l'ordre…
C'était cependant ne pas considérer le problème dans toute sa dimension. En effet, dans les pays du Sud, le fléau sanitaire engendré par la drogue est complexifié par le fait que de nombreuses personnes dépendent de l'économie générée par son trafic. On ne parle pas ici des « dealers » des pays occidentaux, mais des petits producteurs locaux qui survivent grâce à leur culture de haschisch. Cette complexité est souvent mal perçue par les pays du Nord, pour qui l'éradication du problème de la drogue n'est pas synonyme de destruction d'une des principales sources de revenus.
La situation est d'autant plus complexe au Maroc, qu'il est l'un des premiers producteurs et exportateurs mondiaux de haschisch. Par ailleurs, il existe dans ce pays un véritable tabou lié au rapport qu'entretient la religion musulmane avec les drogues au sens large et l'alcool. Le Maroc se différencie donc des autres pays du Sud producteurs et exportateurs de drogues (tels la Colombie ou l'Afghanistan), du fait de cette caractéristique culturelle et identitaire qu'est l'Islam.
Comment mener à bien ce projet face aux blocages que nous allons rencontrer sur le terrain ?
[...] C'est la région Est du Royaume qui constitue la plaque tournante du trafic des psychotropes. En effet, elle abrite les réseaux servant d'intermédiaires entre les fournisseurs en Algérie et les distributeurs au niveau du territoire national, notamment dans les villes de Casablanca, Rabat, Tanger, Meknès et El Jadida. Le trafic de l'héroïne est aussi en nette progression et se concentre principalement dans les villes de Tétouan, Nador et Tanger. Mais c'est le cannabis qui reste en tête pour la consommation, avec usagers L'alcool Le marché noir de l'alcool est en pleine expansion, il porte le nom de Garraba. [...]
[...] Un exemple flagrant de cette frilosité est le manque de prévention. Une des seules communications sur le sujet est réalisée par le Centre national de prévention et de recherche en toxicomanie créé le 13 avril 2000, qui est unique en son genre au Maroc. Mais ses actions de sensibilisation demeurent limitées. Les obstacles à la prévention au Maroc sont nombreux. Le premier, qui est aussi le plus important, est un véritable problème de mœurs, l'usage de drogues n'étant tout simplement pas reconnu comme un problème de santé publique. [...]
[...] Le but ultime pour un patient sortant d'une cure de désintoxication est bien entendu l'abstinence sur le long terme. La dépendance passe donc par une accoutumance qui crée un manque tant au niveau physiologique qu'au niveau psychique, mais il est tout aussi pertinent de renverser la proposition en disant que le vide ou la carence affective va induire la rencontre avec un produit et favoriser l'accoutumance ou l'assuétude (traduction d'addiction). La seconde proposition établit la carence affective comme une des causes initiatrices à la consommation de drogues. [...]
[...] Implantation d'un centre de désintoxication à Casablanca Introduction Nous avons été mandatés au Maroc par Mr XXX, directeur de la clinique XXXX de Marseille pour y observer l'impact de la drogue sur la société marocaine, en vue d'estimer l'éventuelle légitimité et rentabilité de l'implantation d'un centre de désintoxication au Royaume chérifien. Au départ nous avions uniquement considéré les conséquences sanitaires des fléaux que sont la drogue et l'alcool sur les populations. Ainsi, nous voulions les traiter par le biais de moyens similaires aux actions qui sont entreprises dans les pays du Nord, à savoir les campagnes de prévention, la législation, la construction de centre de désintoxication, la création de brigades spéciales anti-drogue au sein des autorités de maintien de l'ordre C'était cependant ne pas considérer le problème dans toute sa dimension. [...]
[...] En effet, les bars marocains sont remplis, les boites de nuit également et cela tous les weekends. Les supérettes et les restaurants commercialisent de l'alcool mais cela reste un sujet extrêmement tabou. La vente d'alcool est autorisée par la loi mais interdite aux musulmans. Les premiers critères d'une grande complexité apparaissent donc ici. De même, comment décider d'éradiquer un trafic dont dépend la survie de 5 millions de personnes, mais qui, d'un autre côté, en tue des milliers à cause de sa consommation ? [...]
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