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Lorsqu'on tente de réfléchir sur les relations mêlant santé, politiques de santé et mouvements de population, les possibilités sont nombreuses. On peut ainsi se questionner sur le caractère volontaire ou non de cesdits mouvements de population africaine ? De même le lien existant entre santé/politique de santé et ces mouvements sont-ils de la même nature ? Quel est le mécanisme les régissant ? Ces mouvements sont-ils induits ou induisent-ils des conséquences sanitaires ?
[...] Dozon dans son texte rapporte les propos de Jamot datant de 1929, à propos de la trypanosomiase. Ces propos sont très intéressants dans le cadre de cette étude. Il accuse les Européens d'être le vecteur de la propagation de la maladie en Afrique Noire. Ils ont en effet, par leur œuvre civilisatrice de paix, mis à terre les barrières qui séparaient les différentes tribus, et qui donc permettaient au mal de ne pas se diffuser, d'être en « vase clos ». Par la mise en place des différents réseaux de communication (intérieur et côte), par le recrutement de « boys » de diverses régions (mouvements de population venant de Haute-Volta, foyer très infectieux, pour les besoins de l'économie de plantation), par le déplacement des populations, par le mélange des travailleurs de régions plus ou moins contaminées, l'œuvre coloniale européenne s'est rendue responsable d'un brassage, d'un mouvement, évident des populations, induisant une propagation accrue des maladies. [...]
[...] Effectivement, les traitements administrés sont parfois douloureux (ponctions lombaires). Si l'on prend l'exemple des gens qui ont fui Dakar en 1914 suite à l'épidémie de peste et aux mesures sanitaires imposées, on notera que ce type de mouvement contribue au développement de nouveaux foyers infectieux (contamination de la ville de Yoff). Pour Dozon ce type de doctrine entraîne « un quadrillage systématique des milieux indigènes ». Les autorités se doivent ainsi de maîtriser les flux de population, principalement pour éviter la contamination de régions saines ou faiblement endémiques. [...]
[...] Mise en valeur économique, mouvements de population et santé sont donc très intiment liés. Les sociétés coloniales européennes ont entraîné de tels mouvements de par leur entreprise coloniale, et en ont créé d'autres en cherchant à remédier aux problèmes sanitaires et endémiques induits. Le cercle semble bouclé. Une certitude cependant : l'entreprise coloniale européenne qui est systématiquement montrée du doigt comme élément déclencheur de ces mouvements. Bibliographie Dozon Jean-Pierre, «Quand les Pastoriens traquaient la maladie du sommeil, » Sciences sociales et santé III n (1985) : 27-56 Fenet Rieutord Monique, « Espace géographique et santé en Afrique centrale : la diffusion de maladies le long du fleuve Oubangui (1885 – 1982) », Cahier des Sciences Humaines n.2 (1986) : 231-256. [...]
[...] M'Bokolo rapporte l'exemple d'isolation d'habitants lors de la découverte d'un cas de fièvre jaune en 1905 (Dakar, île de Gorée et ville de Saint Louis). S'en suit un affolement populaire auquel s'ajoute une fuite d'Européens, créant ainsi un sous-mouvement de population. Les administrations n'hésitent ainsi pas à rassembler les populations, même par la force, lorsqu'ils mettent sur pieds des campagnes de dépistage ou de diffusion de soins (principalement vrai quand ce genre d'action est mobile). Ainsi en 1926, Jamot mène une mission de « prophylaxie, rassemblant les populations dans des endroits fixés (habitats ou carrefours). [...]
[...] De même le lien existant entre santé/politiques de santé et ces mouvements sont-ils de la même nature ? Quel est le mécanisme les régissant ? Ces mouvements sont-ils induits ou induisent-ils des conséquences sanitaires ? On s'aperçoit finalement que l'on peut distinguer deux sortes principales de mécanismes : les mouvements de population induits par les politiques de santé. Autrement dit menés dans le but d'éradiquer ou de contenir une épidémie ou maladie. Mais on observe également des mouvements de population liés à la politique coloniale, entraînant des modifications de la santé des populations locales. [...]
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