La mort est un phénomène très idéologique mais c'est aussi un fait social qu'on peut aborder du point de vue des sciences humaines. La signification de la mort dans la société et pour l'individu à différentes époques est mouvante, controversée et on peut se demander si l'homme a toujours voulu mettre la mort à l'écart, si il a toujours voulu nié son existence, la retarder, de mettre les mourants à l'écart des vivants où s'il s'agit de la société mondaine, une chose propre à notre société contemporaine.
[...] Tout le monde est confronté à ce phénomène massif du vieillissement, et avec ce qui va avec (la perte de l'autonomie et la question de la dépendance, question cruciale d'aujourd'hui, dans notre société). Les gens s'identifient moins aux gens qui vont mourir maintenant, mais plutôt à cette lente dégradation, altération de la personne qui va peu à peu perdre son autonomie, et il va y avoir un déplacement des peurs de la peur de mourir à la peur de la grande déchéance, qu'est la lente altération liée à la fin de la vie pour beaucoup de gens. [...]
[...] Pourtant, les attitudes pour affronter la mort selon les époques et les sociétés évoluent, change. Ce qui change, c'est le sens social que l'on donne à la mort qui change en fonction du rapport au corps, à la maladie, au mourant. C'est surement le phénomène de sécularisation de la société, de croyance religieuse d'une vie après la mort et l'évolution de l'éthique et l'importance qu'on accorde à une vie plus longue qui fait que ce changement à tendance à favoriser la mise à l'écart des mourants et de chercher à vivre le plus longtemps possible, qui a fait qu'un des premiers buts de la médecine et la guérison ou du moins le maintient en vie (d'où le coma), qui a en quelque sorte effacé les limites claires entre la vie et la mort, car on voit ces dernières décennies que ces limites sont de plus en plus floues, et on assiste à de nouvelles conditions de la mort puisque l'amélioration du système de santé, de l'amélioration d'accès au système de santé, de l'amélioration des conditions de vie dans l'ensemble (loisirs, conditions du travail, plus de grandes guerres . [...]
[...] Même si la médecine dispose de moyens importants permettant de substituer les fonctions essentielles de l'organisme, l'hydratation, ventilation, alimentation, activité cardiaque, etc., la question se pose de savoir jusqu'à quand elle doit continuer les efforts, et si le progrès médical ne risque pas au bout d'un moment de se retourner contre ceux qui en bénéficie. Au bout d'un moment, à la fois les corps deviennent des objets de sollicitude, mais aussi l'enjeu d'une bataille qui peut les dépasser, car le corps peut être considéré comme un ensemble de symptômes, de processus, d'opérations complexes, appariés à de nombreux instruments nécessaires au maintient de la vie, si toutes ces techniques ont été mises en places pour le bien du patient, pour le maintenir en vie, etc., est-ce que le patient est toujours en mesure de comprendre ce qu'il en est, ce qui lui arrive ? [...]
[...] C'est une expérience universelle pour les hommes, c'est une expérience constitutive de l'humanité. Philippe Ariès laisse pensé que l'histoire des sociétés dans leur rapport à la mort serait une sorte de perte de sens, la mort avait beaucoup de sens pour la collectivité au Moyen-Âge, et avec la modernité la mort aurait peu à peu perdu le sens qu'elle avait pour les individus et les collectivités, et on aurait progressivement perdu notre capacité à donner une signification individuelle et collective à cette expérience fondamentale que constitue la mort. [...]
[...] Le mourant se porte mieux d'ignorer qu'il est en train de mourir et la bonne mort est celle qui survient à l'improviste Susan Sontag. L'image de la bonne mort est celle qui vient lorsqu'on est inconscient, mais au Moyen-Âge, par exemple, l'image de la bonne mort n'était pas la mort subite, mais au contraire, on craignait de mourir subitement. D'autres travaux montrent que la façon dont une personne fait face à sa propre mort ou à celle d'un proche dépend aussi de la perception de son état. [...]
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