A l'évocation de la question : « Les maladies mentales et en particulier la schizophrénie sont-elles susceptibles d'autoriser des formes de création dites artistiques ? », c'est toute l'ambiguïté du couple de mot « maladies mentales - création artistique » qui nous vient à l'esprit. Un rien pourrait les rapprocher et en même temps tout semble les opposer. Cette question d'importance n'a eu de cesse de nourrir de nombreuses controverses et occupe toujours les esprits.
A première vue, les hallucinations ne semblent être que des symptômes stériles, sans significations, excluant de ce fait toutes créations artistiques. Au reste, qu'appelons-nous, en général, une œuvre d'art ? Quels en sont les critères ? Peut-être gagneront-nous à regarder de plus près les productions de malades ?
Pour décrypter les hallucinations, notre essai concernera surtout une forme de maladie psychiatrique : la schizophrénie, car les hallucinations en sont les symptômes les plus caractéristiques.
[...] Les hallucinations font intervenir une mémoire spontanée. La réminiscence a disparu. Les souvenirs arrivent sans l'intervention de la volonté, avec force et d'une manière incohérente. Il n'y a plus de fil conducteur. Le schizophrène se remémore des souvenirs en l'absence de toute organisation. L'hallucination n'est donc pas structurée : perceptions manquées, imagination et souvenirs se succèdent de façon très variable. Le résultat apparaît comme discontinu et contradictoire. L'aspect le plus terrible des ces hallucinations est que les malades les subissent entièrement. Ils ne peuvent sans défaire. [...]
[...] Or, il existe des travaux attestés de malades mentaux qui, pourquoi pas, pourraient être considérés comme des créations dites artistiques ? III- Artistes malades et malades artistes Exemple d'artistes reconnus Afin de pouvoir s'interroger sur les productions de malades psychotiques, il faut tout d'abord considérer des œuvres d'artistes reconnus qui ont pourtant été victimes de troubles mentaux. Même si le diagnostic concernant leurs troubles est dans la plupart des cas incertain, il n'en reste pas moins que des symboles, des couleurs, des formes dans certaines de leurs œuvres pourraient peut-être être interprétés comme des traces de leurs maladies. [...]
[...] Cela implique la notion de communication. L'œuvre est faîte pour être vue, montrée. L'artiste fait don de son œuvre à ceux qui veulent la regarder. Déjà parce que le créateur révèle dans son œuvre un sens qu'il veut nous faire comprendre. Influencé par ses sentiments, ses sensations, il donne à ses œuvres un sens qui lui est propre et qu'il veut transmettre. De plus, parce que l'oeuvre doit prétendre déclencher une émotion. Que ce soit de beauté, de souffrance, de répulsion ou même d'admiration. [...]
[...] Le personnage central semble perdu dans sa terreur et dans cet univers agité. Les couleurs et les mouvements du ciel, qui d'ailleurs se confond avec la terre, offrent une sensation d'écrasement. Le pont, peut être symbole d'une errance entre deux rives ou de pensée suicidaire. Le cri du personnage central peut signer quant à lui le déchirement intérieur de l'artiste. Le Cri Edvard Munch Dans cette autre œuvre de Munch, Angoisse, les regards me semblent intéressants à étudier. Ces personnages ont des visages d'hallucinés. Leurs yeux sont agars et vides d'expression. [...]
[...] La traduction des attitudes et du comportement peut se trouver dans la fréquence des répétitions : multiplication de traits ou de pointillés. Ces images sont perturbantes à bien des égards. La souffrance : un possible trait d'union Sans vouloir établir une trop rapide conclusion à notre réflexion en adoptant la position de Prinzhorn, nous pouvons néanmoins faire cette remarque : la maladie entraîne une telle souffrance, qu'elle est lisible sur tous ces tableaux. Le cri déchirant de Munch, l'angoisse perçante du Champ de blé aux corbeaux ou le perfectionnisme anxieux d'un schizophrène en sont de bons exemples. [...]
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