Enjeux bioéthiques, bioéthique, progrès scientifiques, humanité, être humain, comité français d'éthique
« Nous devons savoir que les innovations à venir vont s'entremêler à nos existences et aux valeurs auxquelles nous nous référons. » Concluant ainsi son article « Bienvenue dans l'ère post-humaine », Michel Eltchaninoff synthétise presque parfaitement les enjeux bioéthiques actuels : sont à la fois bouleversés par les progrès biologiques et génétiques les valeurs des hommes, au premier rang desquelles l'idée qu'ils ont d'eux-mêmes – leur nature, se qui les consiste au plus profond d'eux mêmes – et par conséquent leur vie quotidienne. Ses bouleversements sont la causes de nombreuses interrogation : on peut parler des mères porteuses, de programme d'étude sur les cellules souches embryonnaires, de détermination génétique des yeux d'un futur enfant, d'un clonage thérapeutique ou de la fin de vie. Cette liste – non exhaustive – de ses préoccupations bioéthiques en laisse présumer les enjeux et la complexité. Bien que l'on considère la bioéthique comme le pendant éthique qui vise à étudier les questions morales soulevés par les progrès biologique, médicaux et génétiques, sa portée dépasse les seules philosophie et science. Les problèmes moraux appellent également des réponses théologiques, alors que sont posés dans un même temps les problèmes de marchandisation de l'humain et de codification éthique, faisait intervenir les sphères économiques et politiques ainsi que le droit. Il convient également d'inclure dans une réflexion sur la bioéthique la problématique de l'impératif démocratique dans la décision : doit-on confier l'établissement des règles bioéthiques aux sages ou aux citoyens. Ces exemples témoins de la pluridisciplinarité de la bioéthique – au point que l'on peut parler des bioéthiques – renforce plus encore la complexité des enjeux bioéthiques.
[...] Il apparaît impossible néanmoins d'apporter aujourd'hui une telle définition d'un nouvel humanisme. Mais l'on peut évoquer les moyens qui peuvent servir à le mettre en place : le débat citoyen. C'est d'ailleurs le sens même de la pluridisciplinarité du débat bioéthique : si les champs d'intervention sont multiples, c'est parce que les réponses qui doivent être apportées aux questions bioéthiques doivent intégrer la multiplicité des points de vue. Pour cela, des scientifique comme Axel Kahn, Jacques Testart ou Dominique Lecourt proposent d'ouvrir les comités d'éthique aux citoyens – selon Jacques Testart suivant un modèle de jury citoyen – ou les non-initiés devraient choisir, après examen des différents points de vue, la position souhaitable. [...]
[...] Avec le clonage, serait maîtrisées la naissance et la vie – si l'on part du principe que le donné génétique influence l'être humain, au point que l'on peut parler de déterminisme génétique – et avec l'euthanasie il en serait de même pour la mort. L'homme serait maître de l'Homme, « tel un nouveau Dieu » note France Quéré, au sens où il aurait droit de vie comme de mort sur lui, sur lui-même. Avant de s'interroger sur la recevabilité morale d'une telle vision, il convient de noter qu'il ne s'agit en aucun cas d'une maîtrise totale. [...]
[...] A aucun moment les techniques actuelles n'ont eu cette revendication d'ailleurs, et il reste peut probable qu'un tel phénomène – la détermination complète des gènes d'un être humain, entreprise titanesque – soit un jour possible. Néanmoins, la possibilité – au moins dans les esprits – d'un dépassement de l'humain par sa maîtrise – maîtrise de l'héritage biologique comme de sa modification – doit être interrogée dans ses conséquences. On peut tout d'abord penser qu'elle entraînerait un arrachement de l'homme à sa condition, à ses déterminismes naturels. [...]
[...] ] afin de lui permettre de prendre son envol, est un pur fantasme idéologique. » Et c'est ce pourquoi il convient maintenant d'étudier l'irrecevabilité d'une telle vision, voir l'impossibilité de la concevoir dans le cadre de l'humanité. Au delà de l'impossibilité technique à mettre en place une telle vision, évoquer son irrecevabilité morale est primordial. La base du questionnement bioéthique étant les limites à fixer ou non à la recherche scientifique et à la manipulation de l'humain, il s'agit d'amener une première barrière : celle de l'inhumanité, au sens du trop humain. [...]
[...] Il revient en quelque sorte à diaboliser la science, à penser qu'elle ne peut apporter que des périls pour l'humanité. Il convient évidement de dire que cette réaction est toute aussi extrême que celle contre laquelle elle se construit. Mais il faut néanmoins noter sa portée, qui passe là encore par la science-fiction comprise au premier degré, mais cette fois comme ce vers quoi il ne faudrait surtout pas tendre. Cette option est battue en brèche par Francis Fukuyama, qui dans son livre La fin de l'homme, montre que de tels exemples montrent certes ce vers quoi il ne faut pas tendre – Fukuyama s'attarde longtemps sur le livre d'Aldous Huxley, le Meilleur des Monde – mais en aucun cas ne légitime une peur absolue de la science. [...]
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