« Les cellules souches porteuses d'immortalité ». C'est ainsi que Nicole Le Douarin, médaille d'or du CNRS pour ces recherches dans le domaine de l'embryologie et du développement, soulignait les grands espoirs suscités par les découvertes de ces cellules lors de d'une de ces leçons au collège de France.
Face au constat que la médecine du XXe siècle, basée sur la chirurgie et les médicaments, ne possède pas d'armes contre les dégâts produits par le vieillissement, est née l'idée d'aller plus loin que la greffe en remplaçant directement les cellules qui se dégradent, meurent et sont causes de maladies. Autrement dit, l'avènement de l'ère de la médecine régénérative grâce à de nombreuses thérapies à partir des cellules souches.
Cependant, des études récentes semblent mettre un terme à l'euphorie générale créée par la découverte de telles cellules en soulignant leur possible implication dans l'apparition de tumeur, véritable fléau des populations des pays développés. En effet, le cancer est aujourd'hui la première cause de mortalité en France avec près de 150 000 morts par an.
Les enjeux des résultats des recherches quant à leur implication dans l'apparition de tumeurs sont donc considérables : enjeu économique avec la possibilité ou non de la mise en œuvre d'une nouvelle médecine personnalisée porteuse de nombreux bénéfices ; enjeux sociaux avec l'espoir de pouvoir réparer les injures que fait le temps à notre organisme et donc de jouir pleinement de l'allongement de la vie.
Ainsi, les cellules souches sont au cœur d'une véritable controverse, nourrissant à la fois le fantasme de l'immortalité et la peur d'un accroissement du taux de décès suite à un cancer. C'est dans ce contexte que nous tenterons de déterminer dans quelles mesures les cellules souches, porteuses de nombreux espoirs thérapeutiques, sont impliquées dans l'apparition de tumeurs.
[...] Conclusion Quelque soit l'hypothèse retenue à l'avenir il semble que les cellules souches jouent un rôle essentiel dans l'apparition et la propagation de tumeurs, soit en tant qu'origine de la tumeur (concept de cellules souches de cancer) soit comme résultante du cancer permettant l'aggravation de celui-ci. Cependant les recherches sur ces cellules sont d'une très grande importance pour la compréhension des mécanismes qui président l'homéostasie cellulaire dans la construction de l'embryon ou dans les tissus de l'adulte et ont paradoxalement le mérite d'éclairer sous un jour nouveau, probablement plus proche de la réalité que celui qui prévalait jusque-là, les mécanismes responsables d'un des fléaux de l'humanité : le cancer. [...]
[...] Cependant, la tumeur survivrait grâce à son constant renouvellement assuré par le stock de cellules souches transformées. Autrement dit, avec les CSC, le cancer ne serait plus une masse de cellules malignes identiques, mais des cellules hiérarchisées où une minorité donnerait naissance à toutes les autres. Cette dynamique expliquerait pourquoi certains cancers sont résistants aux traitements. Ces derniers se concentrent en effet sur les cellules en division, comme le sont les cellules cancéreuses. Or les cellules souches adultes prolifèrent très lentement et possèdent des capacités de réparation de leur ADN. [...]
[...] Autrement dit, que ces cellules sont aptes à la transdifférenciation. Ainsi, les cellules souches semblent, de par leurs caractéristiques propres, pouvoir nous faire rentrer dans une ère nouvelle de la médecine, où la réparation céderait sa place à la régénération afin de pouvoir profiter pleinement de l'allongement de la durée de vie. Face à ces espoirs, de nouvelles thérapies à partir de ces cellules souches se posent aujourd'hui la question de leur implication dans l'apparition de tumeur. II- Implication des cellules souches dans l'apparition de tumeur Les cellules cancéreuses se multiplient d'une manière illimitée et incontrôlable si les conditions qu'elles rencontrent permettent leur survie : on en a longtemps rendu compte en se contentant de considérer que n'importe quel type cellulaire peut subir une série de mutations qui le conduisent à s'accroître sans limites. [...]
[...] Les cellules souches adultes Contrairement à ce qu'on a longtemps pensé, l'individu adulte est lui aussi constitué en partie de cellules souches. L'organisme garde donc en réserve au cours du développement certaines cellules souches qui descendent des cellules souches embryonnaires et qui peuvent se différencier indéfiniment. Cependant, il faut noter qu'elles se font tout de même assez rares dans l'organisme, avec en moyenne un rapport d'une cellule souche pour cellules normales, même si elles sont présentes en grand nombre dans la moelle osseuse. [...]
[...] Détruire ces cellules souches afin d'éviter tout risque de rechute constituera un "nouvel angle d'attaque ciblé" contre le cancer. "Dans l'avenir, même si on a des moyens d'atteindre spécifiquement les cellules initiatrices de tumeurs, il faudra de toute façon commencer comme maintenant par détruire la masse tumorale", précise au journal Le point (n°1880) Christine Chromienne, médecin hématologiste à l'hopital Saint- Louis (Paris). "Espérons que l'on pourra proposer au malade, dans un deuxième temps, une fois en rémission complète, les nouvelles approches thérapeutiques à l'étude ciblant spécifiquement les cellules souches cancéreuses dormantes ou au moment de leur "réactivation". [...]
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