Les études le prouvent ; l'espérance de vie ne cesse d'augmenter ce qui provoque un vieillissement croissant de la population. Notre problématique en tant que professionnels de la santé est de savoir comment offrir aux sujets âgés les moyens de vivre dans de bonnes conditions tout en maintenant une certaine qualité de vie.
Le maintien d'une qualité de vie nécessite la coprésence de multiples facteurs parmi lesquels se trouve l'alimentation. Les troubles du comportement alimentaire chez cette population sont de plus en plus fréquents et, souvent, passent inaperçus ou sont négligés. Les chiffres sont alarmants. En France, 30 à 60% des personnes âgées hospitalisées et 40% des personnes institutionnalisées souffrent de dénutrition et/ou de malnutrition. Basdekis, J précise que cette dernière renvoie à des "apports alimentaires non équilibrés. Cela peut se manifester aussi bien par un état de sous-alimentation par carence d'apports, que par un état de suralimentation par excès". Les effets des troubles alimentaires sur la santé sont incontestables et montrent la nécessité de les détecter et de prendre en charge les patients atteints par ces troubles.
Pourquoi de tels dysfonctionnements ? Se nourrir est un acte complexe qui met en jeu plusieurs fonctions (cérébrales, psychologiques et motrices). Ces dernières peuvent être touchées par le vieillissement ce qui entraine des altérations par rapport à la quantité mais aussi à la qualité de l'alimentation.
Notre travail brosse les différents troubles des comportements alimentaires, leurs origines ainsi que leurs traitements. Nous allons, dans un premier temps, aborder l'aspect psychologique de l'alimentation. Dans un deuxième temps, nous allons décrire l'ensemble des troubles alimentaires par excès et/ou par défaut. Enfin, nous aborderons certaines pathologies (démence, psychose, etc.) qui peuvent perturber le rapport à l'alimentation.
(...) Qu'est-ce que manger ?
Personne n'échappe au besoin de manger. L'acte est vital, indispensable à l'action et se heurte à de nombreuses contraintes individuelles ou environnementales. Les comportements alimentaires sont régis par des facteurs physiologiques puissants et complexes dont l'altération est possible avec l'avancé en âge. A ces facteurs s'ajoute une composante psychologique dont l'équilibre est tout aussi susceptible de perturbations. Les comportements alimentaires correspondent ainsi, à un ensemble intégré de conduites pour lesquelles on reconnait un triple besoin : hédonique, énergétique et social (...)
[...] Ces dérèglements peuvent, à terme, menacer la vie de la personne. o Comportements caractéristiques: o Une peur extrême de grossir ou l'obsession de maigrir; o Un déni des troubles : le sujet refuse d'admettre son comportement alimentaire et ne voit pas la maigreur de son corps. L'image corporelle est perturbée; o Une hyperactivité physique; o Des stratégies pour perdre du poids : prise de diurétiques et tendance à la potomanie, prise de laxatifs, vomissements, prise d'extraits thyroïdiens, omissions volontaires d'insuline chez les diabétiques, etc. [...]
[...] Par ailleurs, les sujets peuvent exprimer par ce comportement des attitudes d'opposition ou de négativisme. Dépression. Apathie. Fatigue. Perte d'élan vital. Caractéristiques : manque d'appétit, absence de faim ; consommation de peu ou d'aucun aliment ; perte de poids ; dégradation physique ; signes de fatigue, de déshydratation etc. ; dégradation cognitive, des aptitudes et interactions sociales ; déficits de soins personnels ; diminution de la participation aux activités extérieures ; apathie, altération de l'humeur, verbalisation du désir de mourir TROUBLES DES COMPORTEMENTS ALIMENTAIRES SECONDAIRES A D'AUTRES PATHOLOGIES On peut observer certains troubles du comportement alimentaire (par excès et/ou par défaut) consécutifs aux troubles délirants, aux démences fronto-temporales ou encore à la dépression. [...]
[...] C'est une possibilité d'entrer en contact avec le monde qui entoure le sujet. L'alimentation participe à l'hédonisme, au lien social et au maintien de l'identité. Mais avec l'âge, les repas partagés sont souvent plus rares et la solitude a tendance à altérer l'investissement pour l'alimentaire. Les personnes âgées varient moins leur régime alimentaire, sautent plus volontiers un repas, trouvent moins de plaisir à s'alimenter ce qui altère leur statut nutritionnel. De plus, les possibilités d'identification des aliments peuvent s'amenuiser avec l'âge, les capacités olfacto-gustatives pouvant se dégrader. [...]
[...] Origines Le comportement hyperphagique fait inconsciemment fonction de mécanisme de compensation, de consolation consécutif à un grand sentiment de solitude (inconscient lui aussi) et peut faire suite à des événements négatifs (deuils, pertes, accidents, etc.). Les personnes souffrant de ce trouble sont comme carencées, elles éprouvent des difficultés d'être véritablement avec l'autre. La complexité à s'exprimer et le manque de confiance, entre autres, sont autant de constats que l'on reconnaît et que l'on retrouve dans la boulimie et l'anorexie. Le sujet comble son besoin de l'autre avec la nourriture. Cette dernière ne fait plus office d'énergie pour l'organisme, elle en perd le sens. [...]
[...] En ce qui concerne les délires hypocondriaques, l'acte alimentaire est perturbé lorsqu'il concerne la sphère digestive. Ces patients décrivent en l'absence d'étiologie organique : - des sensations d'arrêt du transit, - des brulures bucco-linguales, - des douleurs à la mastication, - des douleurs quant à l'utilisation d'appareils dentaires. Les patients adoptent alors des mesures diététiques curieuses et contradictoires. Le questionnement au médecin permet d'obtenir des réponses qui seront, à leur tour, réinterprétées pour modifier à nouveau ces habitudes alimentaires. On peut noter dans la majorité des cas, une représentation morcelée du corps. [...]
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