A tenter d'aider tout le monde : (patient, proches, équipe de soins), le psychologue ne risque-t-il pas de n'aider personne ? Il y a ici une dérive possible entre « trop bien faire » et « bien trop faire ». Dans les deux cas, le psychologue, animé d'une intention téléologique chère à Aristote, prend le risque de se perdre et d'oublier chemin faisant la vraie finalité de sa pratique.
[...] Bien entendu, cette logique est très relative et chaque situation d'accompagnement amène à reconsidérer le fonctionnement nocturne mais cette formulation montre bien que des mécanismes rigoureusement différents de ceux du jour peuvent être observés. Dès lors, on peut se demander, si la présence du psychologue la nuit n'a pas pour conséquence de générer, une verbalisation excessive de l'angoisse de mort. Nous en parlerons plus avant dans notre dernier chapitre empruntant aux travaux de François Roustang. En d'autres termes, la réflexion éthique amène à formuler ce questionnement éthique préliminaire : En pleine nuit, que réveille le psychologue chez ses patients ? [...]
[...] Une fois cette adaptation préalable réalisée, le psychologue ne cessera, tout au long de la prise en charge, de veiller au respect de l'intégrité du sujet et de son autonomie. Formulé dans un vocabulaire conforme aux grands principes éthiques nord- américains, notre travail souhaitait rappeler que la démarche du psychologue en soins palliatifs, quelle qu'elle soit, est toujours soutenue par le principe de respect de l'autonomie du sujet au-delà de la seule bienfaisance. Animé de ce désir de soulager le patient mais surtout de lui assurer un espace de liberté et d'expression, au moment où les mécanismes mortifères tendent à le détruire, le psychologue aura possibilité à aménager son action dans d'autres cadres que celui de l'entretien individuel. [...]
[...] Le psychologue commencera son travail d'élaboration psychique, autour du patient et de sa volonté. Le psychologue envisage alors le patient, comme doué de potentialités suffisantes pour faire face à sa fin de vie mais sans que cela ne l'oblige à devoir les mettre en œuvre. Il permet alors que s'expriment différents choix, toujours reconductibles, d'une fin de vie accompagnée ou non d'une démarche psychologique. Dans le cadre d'un accompagnement qui pourra s'inscrire dans la durée et permettre la mise en place d'objectifs précis, que nous avons décris dans le premier chapitre, il devra respecter le désir du patient et lui laisser la possibilité de mettre fin à la prise en charge, preuve terminale de sa capacité à prendre en main son destin. [...]
[...] Seuls les psychologues inventent des mots pour les choses qui n'existent pas ! L'homme à la découverte de son âme, Carl Gustav Jung 1 Polyvalence et diversité du psychologue en soins palliatifs Avant-propos : Le psychologue, l'équipe mobile et les soins palliatifs Avant même d'entrevoir trois modalités d'intervention du psychologue en soins palliatifs, (seul, à deux, la nuit) il convient de définir brièvement le contexte des soins palliatifs mais aussi plus globalement celui du psychologue intervenant dans le domaine du mourir. [...]
[...] Au niveau des personnels de nuit, qui interviennent à effectifs réduits, les différentes réunions de formation et d'information organisées par l'équipe mobile ont laissé apparaître un fort sentiment d'isolement professionnel et de solitude, partagé par bon nombre de soignants (infirmiers, aides-soignants). Le vécu de ses soignants mettait donc en avant, lors de moments qui n'étaient pas forcément dédiés à cela, l'expression émotionnelle d'une souffrance importante, qui n'était pas entendue au niveau hiérarchique ou qui ne pouvait être traitée. Conjointement à cette demande forte d'aide dirigée en direction de l'équipe mobile, notre réflexion sur le cadre d'intervention du psychologue clinicien nous a amené à envisager de décaler sur certains créneaux horaires nos interventions afin de rencontrer la réalité de la nuit. [...]
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