En restituant leur dignité d'êtres humains à des malades profondément atteints dans leur chair, donc dans leur âme (Freud n'utilisa jamais le terme de psychisme, mais celui d'âme, Seele en allemand), outre le fait que cette approche et ce respect de la vie humaine me semblent exemplaires de courage dans notre monde de plus en plus déshumanisé, je suis convaincu en tant que psychanalyste que les soins palliatifs permettent des rémissions qui n'auraient lieu dans des conditions de soins purement somatiques et techniques.
De plus, le soin palliatif propose aux patients de parler de leur souffrance et de leur maladie. Démarche qui permet de donner un sens à leur vécu, meilleur moyen à mon avis pour permettre à un être humain d'avancer vers la vie, doit-elle être courte dans le temps car menacée par une maladie mortelle (...)
[...] Des qualités de créativité à la fois intellectuelle et relationnelle à des fins de facilitations évidentes et d'établissement d'une confiance soignant-soigné. Loin d'être une simple technique, l'inclusion de l'Education du Patient dans la relation soignant-soigné me semble être un bouleversement fondamental et participe d'une démarche humaniste qui va bien au-delà de la simple relation thérapeutique car il s'agit aussi d'une éducation par l'exemple d'abord au respect et à la responsabilité. Christian JEANCLAUDE 1 DECCACHE A., LAVENDHOMME E., Information et éducation du patient. [...]
[...] Cette 2 acceptation permet alors un avenir possible parce que le passé est désinvesti et accepté comme révolu. Or la déresponsabilisation et l'infantilisation du malade, comme elle existe souvent dans la médecine technologique, surtout en milieu hospitalier, empêchant totalement un travail de pensée (c'est l'autre, l'expert qui sait, qui pense à la place du malade) ne peut que maintenir la personne dans un déni de la mutation possible, en l'empêchant ainsi d'investir son avenir, donc sa vie. Dans ma pratique d'analyste, j'ai constaté que pour tirer une personne vers le haut tout en ayant un respect quasi-sacré (qui va bien au-delà d'une attitude) pour sa souffrance, le plus mauvais service à rendre à un analysant est d'être complaisant avec les bénéfices secondaires que le sujet peut tenter de tirer de son état (sans, bien sûr, agir activement coercitivement pourrait-on dire à savoir que si régression il doit y avoir, il serait anti-analytique d'empêcher l'analysant de la vivre et qu'il puisse alors l'analyser). [...]
[...] Nous sommes beaucoup plus proche d'une conception orientale de la notion de santé que celle prônée par nos publicitaires (qui façonnent les préjugés actuels, préjugés à la source d'une pseudo-pensée contemporaine qui me semble particulièrement infantilisante et faisant le jeu de la pulsion de mort standardisation, uniformisation, pensée unique, mondialisation), avec les conséquences que l'on connaît, à savoir précisément de mettre les gens, en rapport avec leur besoin d'identification collective, dans des situations de 4 pressions psychiques intolérables, situations à l'origine précisément d'une santé souvent catastrophique se traduisant par un mal de vivre qui peut s'extérioriser, entre autre, sous forme de maladie et/ou de conduites névrotiques (par exemple, combien de femmes se tuent parfois au sens propre lorsqu'elles ingurgitent des dérivés d'amphétamines à vouloir correspondre à une représentation de la femme en bonne santé, dynamique et vitale dont les modèles, en général les mannequins de mode, ressemblent d'un point de vue psychopathologique, à des anorexiques). Je regrouperais succinctement l'essentiel des qualités prérequises à une capacité à l'Education du Patient en 6 points : Des qualités d'écoute. Des qualités de conduites d'entretien (pouvoir structurer un échange pour déterminer les points d'appui présents chez le patient sur lequel l'éducateur pourra s'appuyer). Des qualités de coordinateur et d'animateur au sein d'une équipe médicale pour déterminer un protocole éducatif cohérent à l'égard d'un patient donné. [...]
[...] En effet, que peut faire le psychanalyste, au-delà de son référentiel conceptuel et dans le cadre de la relation singulière qui s'instaure entre lui et l'analysant, pour tenter d'amener ce dernier à modifier son dysfonctionnement psychoaffectif à l'origine de sa souffrance, sinon d'essayer de transmettre l'expérience de son propre inconscient qu'il a vécue au cours de sa propre analyse. Le concept d'Éducation du patient consiste à la compréhension et à la maîtrise par les patients de leur maladie et de leur traitement mais concerne également de façon plus globale les comportements à l'égard de la santé et donc les modes de vie. Elle implique en général une formation des soignants. [...]
[...] Bref, je pense que nous passons notre temps à nous guérir, la santé étant une notion extrêmement relative : s'agit-il simplement d'un bon fonctionnement de la machine biologique ? Ou alors d'un équilibre psychobiologique ? Ou encore en dernier ressort d'une relative satisfaction existentielle en tant qu'être humain ? Freud s'est cassé les dents sur cette notion en abordant le problème toujours d'actualité de la fin d'analyse (dans le cadre ici des névroses) pour finalement en arriver à une définition, qui pour simplette qu'elle pourrait paraître, ne l'est peutêtre pas tant que cela. [...]
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