Diagnostic ; maladie .
Au cours de l'exercice de la médecine, l'annonce d'un diagnostic ne devrait pas
poser de problème particulier. Il paraît aller de soi que cette annonce est un
moment nécessaire de la démarche médicale. En effet, comment proposer une
attitude thérapeutique, avec les avantages (et inconvénients éventuels) que l'on
en attend, sans se mettre d'accord sur la nature du problème pathologique en
cause ? Les progrès des programmes informatiques permettent d'imaginer que
l'on fournisse des symptômes à un ordinateur et qu'il annonce lui-même le
diagnostic. Cette idée a un côté science-fiction qui empêche de la prendre
complètement au sérieux, et ce malgré les performances des programmes
informatiques. Il doit bien y avoir une raison à cela : ne serait-ce pas que la notion
de diagnostic, avant même le fait de l'annoncer, est moins simple qu'il n'y
paraît ? [7]
De plus, comment être certain de l'état d'esprit d'un patient à qui l'on doit
annoncer un diagnostic ? Dans les enquêtes d'opinions portant sur les relations
médecin-malades, la quasi-totalité des personnes interrogées disent vouloir que
le médecin leur fasse part, de façon précise, du diagnostic. En réalité :
- certaines personnes déclarent en effet vouloir tout savoir, mais peut-être la
question leur a-t-elle été posée quand elles sont en bonne santé ? En sera-t-il de
même quand elles iront moins bien ? ;
- d'autres disent aussi vouloir « savoir », mais précisent qu'elles ne souhaitent
pas qu'on leur dise, par exemple, qu'il leur reste peu de temps à vivre ;
- d'autres encore, parfois découragées par le langage médical, souhaitent
qu'on les informe en présence d'un tiers « pour être sûres de bien se rappeler ce
qu'a dit le médecin » ;
- plus pragmatiques, certaines personnes veulent qu'on leur dise la vérité,
« mais seulement à condition que cela soit utile à quelque chose ».
La pratique quotidienne n'est donc pas si simple, et il peut être parfois moins
difficile d'annoncer certaines maladies répertoriées, que de dire à quelqu'un, ce
qui est fréquent : « Les troubles dont vous souffrez ne sont pas faciles à identifier. Ils
me paraissent bénins, mais je ne sais pas au juste de quoi il s'agit
[...] Il est donc resté courant de suivre une famille sur une ou plusieurs générations, dans un milieu connu du médecin généraliste. Dans ces conditions, la survenue d'une maladie grave, voire l'approche d'un décès sont des événements qui prennent place dans une trame relationnelle au long cours. Apprendre à un inconnu qu'il est atteint d'une maladie grave peut s'avérer difficile. Mais l'apprendre à quelqu'un que l'on soigne depuis vingt ans, dont on soigne les parents et les enfants, ne ressemble en rien à un acte anonyme. [...]
[...] En revanche (article le médecin devait veiller à la bonne compréhension de ses prescriptions. L'évolution du Code de déontologie illustre assez bien les changements dans le rôle d'« informateur du médecin. Dans la version de 1995, à l'article 35 : Le médecin doit à la personne qu'il examine, qu'il soigne ou qu'il conseille, une information loyale, claire et appropriée sur son état, les investigations et les soins qu'il lui propose. Il est presque surprenant qu'il ait fallu attendre si longtemps pour préciser ce point. [...]
[...] En sera-t-il de même quand elles iront moins bien ? ; d'autres disent aussi vouloir savoir mais précisent qu'elles ne souhaitent pas qu'on leur dise, par exemple, qu'il leur reste peu de temps à vivre ; d'autres encore, parfois découragées par le langage médical, souhaitent qu'on les informe en présence d'un tiers pour être sûres de bien se rappeler ce qu'a dit le médecin ; plus pragmatiques, certaines personnes veulent qu'on leur dise la vérité, mais seulement à condition que cela soit utile à quelque chose La pratique quotidienne n'est donc pas si simple, et il peut être parfois moins difficile d'annoncer certaines maladies répertoriées, que de dire à quelqu'un, ce qui est fréquent : Les troubles dont vous souffrez ne sont pas faciles à identifier. [...]
[...] Mais cette possibilité d'évolution nécessite également que le patient perçoive, chez son médecin, une capacité à ressentir, comme lui-même, certaines émotions Le troisième cas (l'utilisation du vous n'avez rien ) est abordé plus loin. Si l'annonce d'un diagnostic peut aller de soi, mieux vaut réfléchir chaque fois que l'on est tenté de communiquer un diagnostic de circonstance , les conséquences en étant difficiles à prévoir. Faut-il parfois se taire ? Une précision tout d'abord : il ne s'agit pas, ici, de taire un diagnostic péjoratif ou un pronostic défavorable, événements qui seront abordés plus loin. [...]
[...] Selon toute vraisemblance, cette partie de l'exercice médical est appelée à se développer considérablement. La précision croissante des diagnostics génétiques pourra sans doute permettre, à la naissance (ou avant), d'avoir le calendrier prévisionnel des ennuis de santé, graves ou pas, qui vous attendent dans l'existence. À première vue, il s'agit là d'un grand progrès, mais qui pose nombre de questions éthiques. Certaines d'entre elles paraissent, pour l'instant, à peu près insolubles. Ces questions difficiles concernent toutes l'annonce d'un diagnostic à un patient. [...]
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