La levée du corps est l'examen externe d'un cadavre par un médecin sur les lieux de découverte du corps. En l'espèce, le docteur Petit a bien examiné le corps le 16 octobre à 21h30, soit 15 minutes après sa découverte. Cependant, nous pouvons remarquer que le docteur est assez peu précis dans ses conclusions. En effet, étant le premier à voir le corps et étant donné que le court lapse de temps entre le meurtre et l'examen est plus propice à faire des découvertes déterminantes, le rapport de cet expert aurait dû être essentiel dans l'enquête. Or, le médecin se contente de dater la mort aux alentours de 18h. Lorsqu'il sera réinterrogé par le juge Simon, il précisera que le corps avait séjourné dans l'eau « un temps assez long » mais qu'il était incapable de dire combien de temps. Or, ce résultat semble fort peu probable aux experts étant donné que les plis de striction de la face dorsale des deux poignets s'effaçaient par pression tangentielle et étaient donc très superficiels. Par conséquent, le séjour du corps dans l'eau a été assez court. Le médecin chargé de la levée du corps n'a donc pas assez poussé ses analyses ou a tiré des conclusions erronées des faits observés.
Ensuite, lors de l'étape suivante du cheminement médico-légal, à savoir l'autopsie, des prélèvements ont été effectués sur le corps sans vie de Grégory. Ainsi, une partie des poumons sera prélevée. Ce prélèvement permettra de démontrer que seule une faible quantité d'eau avait été inhalée par l'enfant mais l'eau en elle-même ne sera jamais analysée alors qu'elle aurait pu fournir des indices. Cependant, le Dr Lebreton affirmera que l'absence de corps étrangers ou de particules végétales dans les poumons disséqués par le professeur Duprez rend impossible la noyade dans la rivière de la Vologne. Du sang sera également prélevé mais en quantité insuffisante, de sorte que les analyses permettront seulement d'indiquer que Grégory n'avait pas d'alcool dans le sang. En revanche, les viscères et autres éléments permettant de repérer des diatomées ne seront pas prélevés, empêchant ainsi à jamais de confirmer le diagnostique de la noyade. Le seul bémol de cette méthode de diagnostique de la noyade vitale est que, s'il s'avérait que Grégory avait été noyé dans de l'eau de ville, les diatomées seraient très peu nombreuses. Cet examen semblait néanmoins essentiel pour l'enquête (...)
[...] Le corps de Grégory a été retrouvé dans la Vologne à 21h15. La première étape consiste, bien sur, en temps normal, à établir un périmètre de sécurité et à prendre de nombreuses photos du lieu de découverte du corps. Cependant, en l'espèce, le corps ayant été retrouvé un mois d'octobre à 21h15, il faisait nuit. Le lieu de découverte du corps aurait donc du être éclairé correctement afin que les photos puissent être prises et que les indices puissent être remarqués. [...]
[...] Suite au témoignage de Monsieur et Madame Godfroy qui avaient observé, le 16 octobre 1984, vers 17h20, des traces d'eau laissées par une voiture ayant quitté un chemin de terre non loin de l'endroit où le corps du petit Grégory a été retrouvé, les enquêteurs se sont focalisés sur ce point, en oubliant les autres recherches qu'ils auraient du mener de front. Ils ont ainsi réalisé des moulages des empreintes de pneus et de chaussure de femme. Ces moulages seront utilisés jusqu'au moment où il fut démontré, par les essais de flottaison pratiqués, que ce point ne pouvait en aucun cas être celui de mise à l'eau du corps. [...]
[...] Ainsi, ni l'autopsie ni les analyses pratiquées à partir des éléments prélevés lors de l'autopsie n'ont permis de déterminer la cause du décès de Grégory et les experts sont toujours divisés. En effet, selon les observations des légistes, le corps était bleu, cyanosé et présentait de la spume à certains endroits. Cette description ferait penser à une noyade par asphyxie. Cependant, dans un tel cas, comment expliquer la faible quantité d'eau retrouvée dans les poumons si ce n'est par une hydrocution ? Or pour certains experts, il est impossible que cohabitent pour un même cadavre, en cause de décès, la noyade et l'hydrocution. [...]
[...] L'autopsie a été effectuée le lendemain de la mort de Grégory, soit le 17 octobre 1984. Au cours de cette autopsie, une partie des poumons fut, bien sur, prélevée. Il s'agit en effet de l'un des prélèvements obligatoires. Ce dernier doit être fait lors de l'autopsie et non lors de la levée du corps pour des raisons pratiques évidentes. Ce prélèvement permet notamment d'observer si l'enfant a inhalé des particules qu'il semble impossible de ne pas inhaler lors d'une noyade dans une rivière. [...]
[...] Donc, si éventuellement, une goutte de sang était restée dans la seringue, il aurait peut être été possible de l'analyser pour voir si le groupe sanguin de la personne ayant subi l'injection était le même que celui de Grégory. Une telle hypothèse semble pourtant relativement peu probable et il est fort possible que ces deux éléments n'auraient guère été exploitables après avoir passé autant de temps exposés aux éléments. Concernant les recherches de traces ADN. A l'époque de l'affaire Grégory, la science n'en est qu'à ses balbutiements concernant les analyses ADN. [...]
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