Exposé de bioéthique, cas pratique, bébés-médicaments, procréation assistée, DDPI Double Diagnostic PréImplantatoire, embryons, loi du 6 août 2004, décret du 22 décembre 2006, loi du 7 juillet 2011
Alors que nous constatons depuis ces dernières années, une spectaculaire avancée de la médecine dans le domaine de la procréation assistée, laquelle a permis de repousser un certain nombre de limites, "l'intervention de l'homme sur les gènes du vivant, rendue possible, par la science pose et posera de plus en plus de problèmes éthiques impliquant de véritables choix de société". C'est dans ce cadre que s'insère la problématique du double diagnostic préimplantatoire (DDPI) permettant la sélection des embryons, et donc la création de "bébés-médicaments".
Autorisée par la loi n 2004-800 du 6 août 2004 complétée par un décret n 2006-1660 du 22 décembre 2006, la pratique "du bébé-médicament" également nommée "bébé du double espoir" consiste à féconder in vitro un embryon et à l'implanter chez la mère afin qu'à la naissance soient prélevées des cellules de ce dernier pour soigner son aîné (frère ou soeur) atteint d'une maladie d'une particulière gravité.
[...] S'il est adolescent, il ne va pas sans dire que la pression familiale fera qu'il cautionnera à de tels actes aux conséquences multiples tant psychiques que physiques. N'est-on pas ici dans la malfaisance ? Certes, la malfaisance doit être évaluée d'un point de vue du patient. Mais l'enfant à naître qui subirait un prélèvement de cellules ou d'organes n'est-il pas lui aussi patient d'une opération médicale ? Dès lors, comment peut-on approuver une telle pratique qui dénue toute personnalité à l'enfant à naître et qui l'instrumentalise de surcroît ? [...]
[...] En conséquence, plusieurs embryons seront donc créés. Or, il se pourrait qu'aucun ne soit HLA compatible et sain, comme il se pourrait qu'il n'y ait que des embryons sains, mais non HLA compatibles. Bien évidemment, comme votre projet parental doit prévaloir sur l'intérêt thérapeutique apporté à l'enfant malade, ces embryons ne devront pas être délaissés. Vous aurez la possibilité de les congeler afin de murir votre projet parental, mais ces derniers devront toujours néanmoins figurer dans vos ambitions et projets familiaux. [...]
[...] Votre enfant devra ainsi jusqu'à la fin de sa vie recourir à des transfusions sanguines régulières et systématiques pour lui permettre de mener une vie et des activités normales. Dépités, affligés comme beaucoup de parents, vous refuserez probablement de laisser votre enfant dans cette terrible situation. Il vous vient alors l'idée d'aller consulter avec votre partenaire les plus grands spécialistes mondiaux. Or, votre ou le gynécologue-obstétricien de votre partenaire vous parle des prouesses médicales d'un professeur de renommé qui se trouve à l'hôpital Antoine Béclère[3] à Clarmart nommé le Monsieur René Frydman. [...]
[...] Il n'est nul besoin en pratique à ce que votre enfant malade soit vu par notre équipe médicale et informé de la procédure en ce qu'assez jeune et malade, il ne comprendrait pas le recours à une telle intervention. Reste que concernant la greffe ultérieure dont il fera l'objet, vous veillerez à rechercher le consentement et la volonté de votre fille ou fils malade lorsque vous nous fournirez une autorisation parentale. Notre commentaire : À l'aune du principe « d'autonomie » dégagé par Tom Beauchamp et James Childress, ces explications nous interpellent. Qui est donc le patient ici ? L'enfant malade, « l'enfant-sauveur » ou les parents ? D'emblée, la question nous divise, et pourtant, elle est essentielle. [...]
[...] Il est délicat en pratique de s'assurer comme mentionné précédemment de la réalité du projet parental du couple. Ces derniers pourraient très bien ainsi se rétracter à la dernière minute. Que faire alors de tels êtres précieux ? Les congeler ? Certes, mais jusqu'à quand et pour finir où ? L'une des difficultés non sans conséquence de la loi est qu'elle ne restreint pas le nombre de recours à cette technique du « bébé- médicament. » Dès lors, les couples pourraient très bien être tentés de congeler les embryons qui ne satisfont pas à leur demande et solliciter le recours à une nouvelle intervention. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture