Les nouveaux travailleurs des applis 2019, Sarah Abdelnour, Dominique Méda, Uber, uberisation, capitalisme de plateforme, gratuitisation, autoentrepreneur, crowdsourcing, gig economy
Uberisation dans le dictionnaire : transformer un secteur d'activité avec un modèle économique innovant tirant parti du numérique; donc le numérique est un prétexte pour transformer un secteur d'activité. L'uberisation est un modèle économique où les entreprises sont des plateformes numériques qui sont des intermédiaires entre les clients et les prestataires. Les offreurs de travail sont dans ce cas ni salariés ni indépendants ou non déclarés, ils peuvent être professionnels ou amateurs ; et pourtant ils assument tous les risques (accident, dégradation de leur matériel…). Ce sont des micro-entrepreneurs. Certains parlent aussi de gratuitisation du travail. Ce livre s'intéresse au capitalisme des plateformes qui développe un modèle économique différent que celui du capitalisme traditionnel.
[...] Mais en réalité des formes de travail précaire peuvent y être associées. A. Derrière l'autoentrepreneur la plateforme Les échanges analysés dans ce livre ont été au départ désigné : « consommation collaborative » et économie du partage », pour leur capacité à relier directement les utilisateurs entre eux, de « pair à pair ». Pourtant cette économie n'a jamais été collaborative, car jamais les échanges n'avaient lieu entre particuliers (seuls quelques sites fonctionnent réellement ainsi : Wikipédia par exemple). Ces nouvelles technologies permettent surtout de faire baisser les prix ; comme le dit l'analyste Ray Algar qui se définit comme le premier à utiliser le terme « d'économie collaborative » ; popularisé par Botsman et Rogers dans The rise of collaborative consumption (2010), où ils parlent notamment d'eBay qui est une des premières entreprises de ce type ; la présence dans ce secteur d'entreprises capitalistes n'est donc pas nouvelle. [...]
[...] Mais le problème est que ces travailleurs sont hors du périmètre du droit du travail. Tout d'abord, les travailleurs qui se mobilisent sont ceux pour lesquels leur seule activité est celle sur la plateforme, et ils se manifestent quand leur rémunération et leurs conditions de travail se dégradent. C'est le cas d'Uber en 2015 qui a décidé de baisser de le prix des courses assurées par des chauffeurs professionnels, dès cette annonce les chauffeurs se sont organisés et ont manifesté devant le siège d'Uber, ils ont aussi bloqué des axes routiers. [...]
[...] Enfin le déploiement des plateformes numériques signe la fin des grandes organisations hiérarchisées, avec une autonomie accrue des prestataires, et les normes sont imposées par les « conditions générales d'utilisation » qui sont à prendre ou à laisser. C'est aussi la fin d'un certain salariat avec un travail qui redevient autonome. Aujourd'hui certains travaux estiment qu'environ des emplois risquent d'être détruit par l'automatisation, due aux plateformes numériques. Ceci, mais aussi les conditions de travail et les rémunérations peuvent entraîner des revendications qui ont pris la forme de mobilisations collectives. [...]
[...] Chapitre 2 : Les plateformes de micro travail : le tâcheronnat à l'ère numérique A. Le crowdsourcing Apparu en 2006 le « crowdsourcing » est le processus consistant à externaliser vers une foule d'internautes un ensemble d'activités qui ne sont pas considérées comme un travail, cela peut désigner une forme marchande (« crowdsourcing de microtâches » ou « crowdworking ») ou bénévole (Wikipédia par exemple). Dans ce cas les entreprises en profitent pour déléguer les activités rébarbatives, et impossibles à déléguer totalement à l'intelligence artificielle. Ces activités sont divisées en microtâches et déléguées aux internautes qui sont qualifiés par les sociologues de « tâcherons du clic ». [...]
[...] Enfin certains en proposant de vendre les créations de leurs loisirs à de faible, veulent simplement exposer leurs créations, ce qui contribue à l'amélioration de l'estime de soi. IV. Chapitre 4 : Quelles résistances collectives face au capitalisme de plateformes ? En 2015 les chauffeurs VTC se sont rassemblés devant le siège social d'Uber à Paris pour dénoncer la baisse de leurs rémunérations ; les chauffeurs Deliveroo font de même en France et à l'étranger. Cela montre que malgré le développement rapide de ces plateformes, il y a tout de même une organisation des salariés pour défendre leurs droits. [...]
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