La doctrine de Don Juan en amour est claire dans ce texte une progression rigoureuse. Après avoir vigoureusement critiqueur la fidélité, il fait l'éloge de l'inconstance en invoquant le charme irrésistible qu'exerce sur lui la beauté ; il expose alors sa stratégie qui fait de la conquête amoureuse une entreprise aussi exaltante que la conquête guerrière. Peu à peu, au fil du texte, Don Juan se pose en conquérant de plus en plus mégalomane pour qui l'amour est une façon d'affirmer un pouvoir. Du refus et de la révolte, il passe à l'affirmation et à la jubilation.
[...] Il semble que vous ayez appris cela par cœur, et vous parlez tout comme un livre. DOM JUAN: Qu'as-tu à dire là-dessus? SGANARELLE: Ma foi! j'ai à dire, je ne sais; car vous tournez les choses d'une manière, qu'il semble que vous avez raison; et cependant il est vrai que vous ne l'avez pas. J'avais les plus belles pensées du monde, et vos discours m'ont brouillé tout cela. Laissez-faire: une autre fois je mettrai mes raisonnements par écrit, pour disputer avec vous. [...]
[...] Don Juan ne peut demeurer en repos. Sa vie est une perpétuelle fuite en avant. Il lui faut agir sans arrêt sous peine de tomber dans l'ennui : j'ai sur ce sujet l'ambition des conquérants, qui volent perpétuellement de victoire en victoire, et ne peuvent se résoudre à borner leurs souhaits Le libertin est donc au moins esclave de son désir sensuel. Il le justifie par la très haute idée qu'il a de lui-même. II-Orgueil et mépris des autres Don Juan est en effet plein d'orgueil. [...]
[...] Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence dont elle nous entraîne. J'ai beau être engagé, l'amour que j'ai pour une belle n'engage point mon âme à faire injustice aux autres; je conserve des yeux pour voir le mérite de toutes, et rends à chacune les hommages et les tributs où la nature nous oblige. Quoi qu'il en soit, je ne puis refuser mon cœur à tout ce que je vois d'aimable; et dès qu'un beau visage me le demande, si j'en avais dix mille, je les donnerais tous. [...]
[...] I-Elégance et distinction Don Juan s'exprime d'abord avec élégance et distinction. Sa langue manifeste autant l'éducation de l'aristocrate que les raffinements de l'esthète ; elle contraste comiquement avec la balourdise et le pédantisme du valet Sganarelle. Son vocabulaire est toujours précis et choisi. Le mot objet par exemple désigne la personne aimée en style galant. L'expression se pique de au sens de mettre un point d'honneur à posséder une qualité, appartient à un registre élevé de langue. Quant au rythme des phrases, il donne une impression d'harmonie qui appartient à un registre élevé de langue. [...]
[...] / La belle chose de vouloir se piquer / d'un faux honneur d'être fidèle / de s'ensevelir pour toujours dans une passion, / et d'être mort dès sa jeunesse / à toutes les autres beautés / qui nous peuvent frapper les yeux ! Ce rythme régulier agit comme une incantation qui endort la conscience critique. II –Force de persuasion Don Juan sait aussi frapper l'esprit et l'imagination. Il aime les comparaisons, qui donnent à sa pensée une plus grande force de conviction. Ce texte comprend deux réseaux d'images. Nous avions déjà vu le premier qui assimile l'amour à la guerre. [...]
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