Finalement, pour engager une réflexion prospective intéressante quant à notre condition de vie dans les 100 années qui viennent…
[...] Prenons l'exemple du nucléaire, si souvent l'objet de vives critiques. Ne nous engageons pas trop vite dans la voie du refus, au risque de nous éloigner du vieux principe du Pharmakôn : si le danger de la fusion est réel (Tchernobyl Fukushima, 2011), si la problématique de la gestion des déchets ne trouve toujours pas de réponse satisfaisante. La science progresse et, à l'horizon des années 2030-2040, il semble envisageable que la fusion devienne un processus sous contrôle, que le recyclage des déchets radioactifs soit total, nous permettant de basculer dans un cycle vertueux. [...]
[...] Celles-ci sont nécessaires pour répondre aux défis du présent. Mais, et les études culturalistes le démontrent avec force, nous pensons particulièrement à celles entreprises par l'historien Johann Chapoutot dans son examen de l'émergence du nazisme dans la société allemande : toute entrée dans la modernité est génératrice d'une forte angoisse collective. Si la modernité est nécessaire pour répondre aux problématiques actuelles, il convient aussi de comprendre quels ressorts elle amorce sur le plan individuel et collectif pour nous réconcilier avec la science, laquelle subit actuellement une véritable crise de confiance. [...]
[...] Une proposition impossible, si nous n'assumons pas les maître-mots de notre conclusion, à savoir assumer le risque d'une entrée dans la modernité qui se fera dans la recherche d'un équilibre entre toutes les solutions possibles. C'est au nom de ces principes que nous pourrons relever les défis du présent. [...]
[...] Rien de grand ne s'est fait sans prise de risque, en somme. Les blocages que nous connaissons face à certains enjeux contemporains peuvent, doivent, aussi se comprendre selon cet axe : à refuser le risque nous nous laissons emprisonner dans une dynamique de l'impuissance. Nous observons les évolutions en cours, certaines avec angoisse et peur, et nous n'y répondons pas, non pas à cause d'une impuissance structurelle, mais par le refus de la puissance. Revenons-en à la leçon première, celle qui nous a été donnée par les mythes grecs : celui de Prométhée qui, en confiant le feu aux Hommes, leur a apporté les moyens d'assurer une maîtrise de leur environnement par le recours à la technique. [...]
[...] Comment faire, alors ? Peut-être faut-il revenir à la proposition socratique du Pharmakôn. En 399 avant notre ère, quand le philosophe se voit condamner à mort en absorbant la cigüe, un poison mortel, il demande à ses proches d'accomplir un geste étonnant : celui de procéder à un sacrifice en l'honneur d'Asclépios, le dieu de la médecine. Proposition qui peut surprendre au premier abord. Mais Socrate a enseigné tout au long de sa vie le principe du Pharmakôn : tout remède porte en lui son propre poison et tout poison procède à l'identique. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture