Geminoïd, robot téléopéré, robots androïdes, corps à performer, Japon, créatures artificielles, Hiroshi Ishiguro
Si l'on regarde cette photographie sans y faire très attention, on y voit deux jumeaux, dont l'un a l'air plutôt étrange. À y regarder de plus près, on s'aperçoit du manque d'éclat dans ses yeux, de son visage figé… Et puis finalement, on comprend : c'est un robot, ou plus exactement un Geminoïd. D'abord surpris, voire effrayé, on se demande comment il est possible qu'on soit « tombé dans le panneau ». C'est que le Geminoïd est un être troublant, fascinant et surtout, c'est un bijou technologique : c'est un robot téléopéré par un humain dont il peut reproduire les mouvements et expressions, classé parmi les robots dits androïdes, de par sa ressemblance frappante à l'être humain. Son concepteur, le roboticien Hiroshi Ishiguro, l'a créé afin de pouvoir tenir des conférences dans le monde entier sans quitter le Japon. L'anthropologue Emmanuel Grimaud, que j'invoquerai tout au long de mon travail, retranscrit, dans son ouvrage Le jour où les robots mangeront des pommes, l'impression d'un reporter américain face à la version féminine du Geminoïd, lors de l'exposition universelle de 2005 à Aichi.
[...] Il est intéressant de constater ici le terme de potentiel : c'est comme si la performance était toujours déjà là, prête à être activée, tout comme le Geminoïd à l'état zéro, comme le décrit Emmanuel Grimaud : Lorsqu'on entre dans le laboratoire avant que le Geminoïd soit branché, il est comme cramponné à sa chaise, la tête et les épaules basculées vers l'arrière, immobile dans une sorte d'état de catalepsie, avec les yeux grands ouverts virés vers le plafond et la bouche béante. Il dort en apnée : état zéro de la machine, pompes à zéro, sans énergie, sans force, sans pouvoir de persuasion. Le Géminoïd semble figé, sans vie, et sans mouvement possible. [...]
[...] Emmanuel Grimaud et Zaven Paré, op.cit, p.52 Serge Tisseron, op.cit. Emmanuel Grimaud et Zaven Paré, ibid. p.32 Frédéric Maurin, op.cit. Izabella Pluta, op.cit. Izabella Pluta, Ibid. [...]
[...] Emmanuel Grimaud et Zaven Paré, ibid., p.39 Masahiro Mori, The uncanny valley cité par Emmanuel Grimaud, op.cit. p.11 Emmanuel Grimaud et Zaven Paré, op.cit. p.80 Josette Féral, op.cit. Josette Feral, ibid. Michel Vaïs, “Sciences et technologies servent-elles ou trahissent- elles le théâtre in Jeu 144 Hiroshi Ishiguro cité par Emmanuel Grimaud, op.cit. Serge Tisseron, virtuel psychique au virtuel numérique” in Jeu 144 Op. cit. [...]
[...] Izabella Pluta fait le même constat : en interagissant avec le Geminoïd, le corps [du performeur] sera mis en jeu, mis en examen, mis à l'épreuve car un spectacle robotique cherchera une présence affirmée de la part du performeur Cet investissement de soi et de sa corporalité dans le processus de performance, c'est ce que Richard Schechner appelle le doing c'est-à- dire le faire, élément essentiel à la performance, considérée comme art action Being On constate cependant rapidement que, contrairement à une performance sportive par exemple, le faire ne suffit pas. Il ne s'agit pas d'un jeu dans lequel le moi du performeur ne serait engagé que faiblement. [...]
[...] L'Homme essaye de comprendre : - Tu veux dire que tu vas te mettre dans la situation d'un personnage, je ne veux pas dire que tu vas chercher à imiter, mais quand même, tu es à l'intérieur d'une enveloppe, tu es une femme à l'intérieur d'un homme et La femme l'interrompt : - Juste pour toi, personne d'autre ne nous voit. Je vais essayer d'être cette personne en plastique que je vois ! - Tu n'es pas sérieuse ? - Si, je suis très sérieuse. C'est une situation très sérieuse. On voit bien que même pour les expérimentateurs, la situation n'est pas évidente. Si elle ne le perçoit que confusément, la régisseuse essaye de définir son rôle de performeuse. [...]
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