Ce livre fait la part des choses entre d'un côté les espoirs et les progrès que l'on peut légitimement attendre de la génétique et de l'autre côté, les rêves et les idéologies qui s'en nourrissent. Il fait le point sur les dernières découvertes scientifiques et étudie les discours se rapportant à la génétique.
En avant-propos, on découvre les enjeux du sujet. La génétique ne peut déterminer à elle seule ce qu'est l'homme. Un dialogue interdisciplinaire doit s'établir, ce qui justifie ce livre.
On s'attache dans le prologue à rappeler les éléments constitutifs de la personnalité juridique de l'homme, le ‘Tiers garant de l'identité'.
Par la suite, A. Pichot explique (longuement) l'origine de la notion d'hérédité et de génétique. Le chapitre 2 décrit les évolutions de la notion de gène, afin d'en expliquer les utilisations. P. Moullier présente ensuite les risques de la précipitation et de l'orgueil dans les recherches scientifiques, et appelle à un retour à la réflexion ‘contemplative'.
Chapitre 4. Dans la question du clonage en particulier, il faut préserver les principes éthiques de dignité de la tendance à voir le corps comme un produit, assemblage de produits, et du désir d'illimité des scientifiques.
P. Sonigot questionne ensuite la notion d'individualité, fondement de la génétique moderne, et ses incertitudes.
Le chapitre 6 s'intéresse à l'eugénisme et à définir des limites pour sa pratique.
Dans le chapitre 7, la dérive historique vers la brevetabilité du vivant est expliquée, pour conclure sur un ‘triste bilan'.
En conclusion, P. Legendre présente quelques éclairages théoriques et critiques sur les questions traitées dans cet ouvrage. Dans un court épilogue, A. Supiot rappelle la science aux exigences de la Raison et appelle à un retournement dans ses fondements théoriques.
[...] Pages 235-266 Directeur honoraire à l'École pratique des hautes études ; professeur émérite d'histoire du droit à Paris I. Un obscurantisme inédit est à l'œuvre Quiconque ose remettre en cause le discours scientiste actuel est traité d'attardé (p.235). Sous le paravent de l'éthique, la techno-science-économie trouve la légitimité nécessaire pour avancer dans la dé-Raison (p.236). Un trait commun aux grands mouvements scientifiques : la volonté de repousser les limites, de se projeter dans l'avenir. De plus, le mouvement actuel s'inscrit dans la droite ligne des idées constitutives de la civilisation euro-américaine. [...]
[...] Le concept de gène devient de plus en plus flou Au fil des découvertes, ses bornes et ses fonctions deviennent mal définies. Malgré cela, les biologistes continuent à l'utiliser. À partir des années 1960, une déconstruction fonctionnelle du gène se fit (p. 107). Des changements dans les méthodes de recherche bousculèrent la vision traditionnelle un gène, un caractère (p.110). L'inactivation de certains gènes dans de nombreuses expériences ne conduisit en effet pas à une modification particulière dans l'organisme observé. Et démontrer la complexité du réseau génétique a aussi établi que le gène n'est pas indépendant. [...]
[...] Quel est son importance dans la genèse de l'Occident moderne ? Le montage de l'Emblème vivant réunit les différents aspects dogmatiques précités, et a servi de base à la formation de l'Etat moderne (p.241). Le lieu du discours dogmatique est déterminant dans cette définition du pouvoir. Le discours scientifique moderne (auquel aucune question publique n'échappe) a pris valeur emblématique (p.242), grâce à un discours seul celui qui a fait peut savoir dit de verum-factum : la science a peu a peu remplacé Dieu en tant qu'institution infaillible. [...]
[...] Etablie en tant que Référence elle monopolise le discours public et prévient les critiques et la libre pensée par sa puissance fantasmatique (p.262) et le spectaculaire de la recherche. En éludant la question de la structure du montage humain les débats portent sur le ‘comment ?', et non sur le ‘pourquoi ?'. Cependant, Pierre Legendre considère cette situation comme un passage qui va faire redécouvrir l'homme infiniment seul ( ) placé parmi les choses comme une chose Epilogue. Alain Supiot. [...]
[...] Legendre), le langage ou encore la religion confèrent en effet à l'homme une spécificité indéniable vis-à-vis de l'animal[2]. Celle-ci n'est pas seulement une donnée, mais se construit au fil du temps. La question du ‘pourquoi' demeurera. Les progrès scientifiques promeuvent aujourd'hui les nanotechnologies et une ère du ‘post-génome'. La génétique serait déjà démodée. Mais pas les questions qu'elle soulève, notamment celle d'habiter l'âbime de la condition humaine' (P. Legendre). Un temps de réflexion et de bilan s'impose. Il faut arrêter de croire que la science résoudra la question du ‘pourquoi ?'. [...]
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