L'idée de finalité correspond à la quatrième des causes qui produisent les choses: matérielles, formelles, efficientes et finales. La cause finale a disparu des sciences physiques au 17e siècle, avec la révolution mécanique. Les mouvements s'expliquent par leurs équations, sans recours à l'idée d'entéléchie ou cause finale. Seules demeurent les causes efficientes: rien ne peut s'expliquer sans cause. A partir de cette date cependant la cause finale est revenue, pour comprendre le vivant. C'est le vitalisme. Pour Kant et la plupart de ses contemporains, seule une intelligence planificatrice peut expliquer le développement de l'embryon, comme l'évolution des espèces. Au XIXème et XXème siècle, chez les biologistes, le combat entre vitalistes-finalistes et mécanistes-causalistes s'est poursuivi. Aujourd'hui les découvertes de la biologie moléculaire signent la victoire du mécanisme sur le vitalisme, en mettant en évidence des processus finalisés non intentionnels qualifiés de téléonomiques (description des lois d'une transformation à partir d'une grandeur qualifiant l'état final de cette transformation).
La pensée scientifique accepte dorénavant l'absence de sens a priori. Les concepts constamment utilisés aujourd'hui, d'émergence et d'auto-organisation, traduisent seulement des situations où des éléments relativement simples, pris individuellement, produisent des phénomènes compliqués du fait de leurs interactions quand ils sont associés en grand nombre. Ces phénomènes n'étaient pas prévisibles par la simple observation des constituants. Le hasard y joue un rôle sous forme d'indétermination, mais c'est une indétermination probabiliste résultant de notre ignorance des causes. Il est possible par contre de concevoir des modèles mécanistes d'intentionnalité, où celle-ci, avec les significations qu'elle produit, est une propriété émergente. L'intelligence artificielle étudie des modèles où la représentation de la réalisation finale d'un projet est la cause de l'action qui y conduit, en transformant une séquence aléatoire d'évènements en une procédure finalisée. La finalité intentionnelle devient une production émergente de mécanismes auto-organisateurs.
En déterminant les fins qui orientent le fonctionnement d'un organisme, en permettant de donner un sens au découverte faite par une approche mécaniste la finalité semble capable de nous fournir une vue d'ensemble sur le vivant. Ceci s'appuie sur deux propriétés essentielles du vivant : le tout n'est pas égal à la somme des parties et l'expérience montre peu à peu la complexité et la diversité qui compose les phénomènes de la vie.
Toutefois, cela signifie-t-il que l'approche finaliste est indispensable à une compréhension du vivant ? Pourquoi le concept de finalité est-il rejeté par la plupart des biologistes? Quelles sont les réponses, apportées par la vision finaliste, sur la question de l'Evolution ?
[...] La finalité intervient comme principe régulateur mais non comme présupposé métaphysique. En outre, il reste que ce recours à la finalité est significatif d'une certaine insuffisance du mécanisme pour comprendre et non pas seulement expliquer, décomposer le vivant. Aujourd'hui la notion de programme ne renvoie pas à l'exécution d'un dessein qu'une intelligence aurait conçu, comme dans le finalisme Galénique ou la finalité préétablie de Descartes, celle de Dieu. C'est en ce sens que si l'explication mécaniste apparaît insuffisante pour saisir la spécificité du vivant, la finalité à laquelle recourt une compréhension du vivant ne peut être que post-établie, établie sur la base même des données scientifiques, une fois ces données solidement établies par l'analyse et l'observation. [...]
[...] Lamarck) et forme ainsi des palmes qui se transmettent de génération en génération de par le programme appliqué à l'hérédité. Depuis Lamarck, François Jacob a montré, avec sa notion de bricolage évolutif que l'évolution fonctionne comme un bricoleur qui exploite le bric-à-brac dont il dispose, et non comme un ingénieur qui sait et anticipe ce qu'il veut construire Si un caractère persiste, et s'il est sélectionné, c'est uniquement pour des raisons immédiates tout à fait indépendantes de ses effets lointains. [...]
[...] Lucy et l'obscurantisme. Paris : Odile Jacob. MEYER, Jean-Marie. Nous sommes des animaux, mais on n'est pas des bêtes : libres propos d'un philosophe sur les animaux et les hommes. Paris : Presses de la Renaissance. [...]
[...] Le problème de la finalité est constamment posé face au développement des nouvelles technologies, notamment des réseaux et de la robotique. S'agit-il d'une évolution voulue par l'homme, voire par une sorte d'élan vital, avec l'espoir qu'elle nous apportera divers bienfaits ? S'agit-il au contraire d'une espèce de mutation de la société humaine actuelle, se faisant au hasard, sans finalité particulière, et dont nul ne peut anticiper les effets favorables ou défavorables au regard de l'espèce humaine en particulier, de la Vie en générale ? Bibliographie indicative VINCI, Léonard de. Hommes, bêtes et météores. Paris : Arléa. PICQ, Pascal. [...]
[...] Qui plus est, l'idée de programme appliqué à l'hérédité efface toutes les antinomies nées de l'histoire de la biologie : elle concilie finalité et mécanisme, nécessité et contingence, stabilité et variation Dès cet instant on peut comprendre que le projet est une composante essentielle du vivant, nous parvenons à l'idée que les êtres vivants sont des structures autonomes, dont les forces internes assurent leurs propres formations. De même la finalité est à l'œuvre quand un changement apparaît dans le programme, car la variabilité est une qualité inhérente à la nature même du vivant, à la structure du programme, à la manière dont il est recopié à chaque génération. (F. Jacob, La logique du vivant). De nos jours, on considère que l'ADN, pourtant porteur d'informations, n'anticipe pas, même si l'organisme est bien le résultat de l'expression de cette information. [...]
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