La place de la géographie rurale en France s'efface peu à peu face à celle de l'urbain : la preuve en est avec la question de CAPES et d'Agrégation de la session 2012. La campagne recule effectivement, c'est un fait qui n'est pas si récent. Durant les années 1990, des géographes se sont penchés sur ces évolutions à la fois territoriales, sociales, démographiques, voire économiques et politiques : certains tentent de théoriser cette transformation tout en sauvegardant la notion de ruralité (GUERMONT et sa « métaruralité », JOLIVET et le concept de « rural post-industriel » ou Nicole MATHIEU) ; d'autres observent plus ou moins catégoriquement le déclin de l'agriculture traditionnel et des agriculteurs qui permettait jusqu'alors de bien distinguer le rural dans les influences urbaines (BETEILLE, BITOUN). Mais l'un des articles les plus célèbres à ce sujet est de Jacques Lévy dans le Hors série n°4 de Sciences humaines « Les nouveaux espaces ruraux » (Février-Mars 1994), intitulé « Oser le désert ? Des pays sans paysans ». Jacques Lévy est alors professeur à Sciences Po et à Reims, cofondateur de la revue épistémologique EspacesTemps, spécialiste notamment de géographie du politique, de l'Europe et de l'urbanité.
Sa réflexion s'inscrit dans une géographie dont le paradigme central est l'espace qu'il complexifie et socialise : il amorce ainsi un tournant dans la science de la spatialité des sociétés. Or, la société française de la fin du XXe siècle évolue, s'urbanise, donc l'analyse géographique urbaine doit elle aussi évoluer et prendre enfin en compte les concepts-clés de densité, de diversité et de distance. Pour Lévy, l'urbanisation française est bénéfique et surtout achevée : la ville s'est imposée.
C'est donc en « champion » de la ville moderne qu'il porte un regard sur la campagne, qu'il définit comme « espace structuré par l'agriculture et les modes de vie qu'elle engendre », non sans se montrer percutant et polémique. Pour lui, cette campagne est « morte et définitivement morte » car l'ensemble du territoire français est devenu un espace de gradients d'urbanité, la « France profonde » n'étant plus qu'une marge lointaine de la ville.
[...] De plus, certains espaces peuvent venir s'ajouter aux domaines et parcs naturels protégés avec leurs avantages écologiques, touristiques et patrimoniaux. Enfin, en partant du concept de désert, on peut en déduire par opposition que la place de la ville dès lors plus concentrée sur le territoire augmente : pour Lévy, la Diagonale du vide (désertique)» renforcerait la domination du reste de l'espace urbain. Pour brièvement conclure, cet article s'articule en 2 temps : en avançant l'idée que l'ancienne campagne française disparait dans les faits et les représentations, Lévy anticipe dès 1994 le projet d'aménagement du territoire à venir et des problématiques que cela soulèverait (et qui ne sont toujours pas réglées aujourd'hui, cf. [...]
[...] Mais ces évolutions ne sont pas si sombres que certains veulent faire croire, les résultats sont mêmes plutôt positifs : le nombre d'agriculteurs est certes en net recul entre 1999 et 2007, source INSEE, cf. Annexe mais la production agricole s'avère néanmoins croissante et dynamique de production annuelle de blé tendre entre 2001 et 2009, soit de tonnes de plus par an, source INSEE). A une époque où la production agricole était artisanale, le nombre de paysans était alors significatif ; mais aujourd'hui, moins d'agriculteurs peuvent produire plus intensivement, la situation étant semblable dans l'élevage. [...]
[...] Il propose même une solution alternative à la périurbanisation en levant le tabou sur le concept de désert et de ses bienfaits probables. Pour cet ardent militant de la ville, le territoire doit donc s'articuler entre différents gradients d'urbanité et une nature déserte protégée. Enfin, il appelle surtout l'opinion publique à refuser ces représentations traditionnelles et folkloriques, donc mythiques et faussées, ressorties par les défenseurs d'une ruralité symbole de la véritable France, et à vivre dans son temps, celui de la mondialisation et de la Ville. [...]
[...] Accepter le désert Que ce soient les vastes régions agricoles du centre des Etats-Unis bien moins densément peuplées que le BosWash Corridor ou mégalopole du Nord-est américain, que ce soient l'Himalaya indien ou, dans le pays le plus peuplé qu'est la Chine, le Désert de Gobi : dans tout grand pays et foyer de peuplement, il y a des espaces à faible densité démographique, des déserts humains. En France, les habitants n'occupent pas non plus également l'ensemble du territoire métropolitain de soit une densité assez faible d'environs 97 hab./km² en 2010 (source INSEE). Certaines régions sont peu peuplées (la fameuse diagonale des faibles densités) et ont effectivement tendance à l'être de moins en moins (cf. [...]
[...] Le nombre des agriculteurs diminue globalement tandis que ces nouveaux ruraux affluent de plus en plus pour des raisons principalement foncières et de cadre de vie : les campagnards disons traditionnels, deviennent dès lors minoritaires dans leur propre campagne et les liens (travail, loisirs, commerce ) se tournent davantage vers les grandes villes que les bourgs. De plus, les facteurs économiques et identitaires se rencontrent véritablement à plus petite échelle. Ainsi, Lévy met aussi en avant les conséquences des politiques européennes et de la mondialisation économique. En effet, la normalisation de l'agriculture passe désormais par Bruxelles en grande partie par la Politique Agricole Commune mise en place en 1962 pour moderniser et développer l'agriculture. [...]
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