Strip-tease a 23 ans ! Une longévité exceptionnelle pour cette émission télévisée qui survit dans monde audiovisuel de plus en plus instable. Créé en 1985 par Jean Libon et Marco Lamensch, deux journalistes belges, Strip-tease est un magazine documentaire. Dans un premier temps, l'émission était diffusée tous les mois sur la RTBF (la Radio Télévision Belge Francophone) en première partie de soirée. Depuis 1992, Strip-tease est également produit en France, par des équipes françaises dirigées par les deux créateurs belges. Depuis 2004 il n'est plus diffusé que l'été sur France 3, le dimanche en deuxième partie de soirée. Exceptionnellement, cette année deux épisodes ont été diffusés en mars et en avril. L'émission de cinquante-deux minutes est composée soit de quatre sujets de treize minutes, de deux sujets de vingt-six minutes ou d'un sujet de cinquante-deux minutes.
En 2002, La version belge de Strip-tease a été remplacée par Tout ça (ne nous rendra pas le Congo). Cette émission, également créée par Jean Libon, reprend l'essentiel de la ligne éditoriale de Strip-tease mais dans un format unique de cinquante-deux minutes. Les deux émissions, belges (Tout ça (ne nous rendra pas le Congo)) et Française (Strip-tease) travaillent en collaboration ; elles s'échangent des sujets. Certains épisodes de Tout ça (ne nous rendra pas le Congo) ressortent sous le nom de Strip-tease en France et vice-versa.
Après avoir culminé à 25-30 % de part de marché en Belgique à la fin des années 80 et durant les années 90, depuis quelques années l'émission rassemble en France autour de 11-12 % des audiences soit près d'un million de téléspectateurs.
Lorsqu'ils créent l'émission en 1985, Jean Libon, caméraman de formation, et Marco Lamensch, ex-physicien, ont respectivement, 37 et 38 ans. Ils travaillent tous deux pour le magazine d'enquête et de reportage A suivre, l'équivalent belge d'Envoyé spécial. Ils réalisaient alors des sujets sur des questions de société (Immigration, drogue, homosexualité…) et des reportages internationaux (sur le Zaïre, le Vietnam, Israël, le Salvador, l'Irlande du Nord...).
Genèse de « Strip-tease » et principe de l'émission
Les sujets que réalisaient Marco Lamensch et Jean Libon pour l'émission A Suivre ne leur convenaient pas. Marco Lamensch raconte qu'ils étaient « frustrés de boucler un sujet en deux semaines […] de faire du documentaire avec la grammaire de la radio, voire de la presse écrite » , de « faire passer les informations essentiellement par les interviews ou le commentaire. On en avait marre d'employer dans le grand reportage de tels moyens pour faire si peu de chose. […] Nous on trouvait qu'avec une caméra, un enregistreur et une table de montage, il fallait essayer d'employer le langage le plus approprié : celui du cinéma » .
Les créateurs voulaient réaliser des documentaires d'un genre nouveau dans lesquels les commentateurs s'effaceraient pour laisser parler les protagonistes. « Pour "STRIP-TEASE", l'information ne passe pas par le commentaire, le débat n'est pas sa tasse de thé, et l'interview n'est jamais qu'un pis-aller. » C'est la définition que l'on retrouve sur le site de France 3 (http://strip-tease.france3.fr/) dans la rubrique « Strip-tease se déshabille », où l'émission est décrite à travers plusieurs mots clés : honnêteté, humour, audience, subjectivité, banalité, réalisateurs…
Le principe fondateur de l'émission est donc l'absence de commentaire mais aussi de présentateur…comme dans les films donc. Mais les deux créateurs, en voulant utiliser les méthodes du cinéma, ont-ils pour autant abandonné les principes journalistiques qui caractérisaient leur ancien métier ? Sur cette même page du site Internet on précise bien : « "STRIP-TEASE" ce sont des films mais jamais de la fiction : tout ce qu'ils montrent est pris dans la réalité ». L'objectif est d'introduire une caméra dans la vie quotidienne des Belges du coin de la rue. L'émission montre donc des scènes de la vie de tous les jours (préparation du repas, repas de famille, vaisselle, discussion autour d'un café, quotidien de l'activité professionnelle), mais surtout les mentalités des personnes qui composent la société belge (puis, plus tard, française) et les rapports que celles-ci entretiennent. Les deux créateurs se fixent donc toujours pour mission de traiter de notre société. Seulement, ils le font à travers des portraits de citoyens lambdas. Cette méthode peut-elle, malgré tout, être apparentée à du journalisme ? Cette simple description du réel est-elle suffisante pour comprendre la complexité du monde dans lequel on vit ? Où permet-elle au contraire de l'appréhender différemment ? Quels peuvent être les objectifs d'une telle mise à nu de la société ?
[...] Références Livres MAURO Didier, Le documentaire Cinéma et Télévision, écriture, réalisation, Production, diffusion et formation, Dixit GAUTHIER Guy, Le documentaire, un autre cinéma, Nathan Addoc (association des cinéastes documentaire), Le style dans le cinéma documentaire, Réflexion sur le style, l'Harmattan Articles (par ordre chronologique décroissant) Un policier municipal démis de ses fonctions après Strip-tease Le Monde supplément Télévision. Lundi 7 avril 2008. Strip-tease piège un policier à son propre piège de Pierre Bohms pour desourcesure.com. Le 7 avril 2008 Rencontre avec Marco Lamensch et Jean Libon, les créateurs de Strip- tease par Cathy Blisson pour le magazine Télérama. Jeudi 3 avril 2008. Menaces sur Strip-tease de Tiffanie Pierrot pour le Nouvel Observateur. Le 1er avril 2008. Police et polissons de Francis Cornu pour Le Monde supplément Télévision. [...]
[...] Sa subjectivité, Strip-tease l'assume dans un réflexe jouisseur. Le plus fameux poème de Lamensch l'affirme : Décaper, ce n'est pas polir / Informer, ce n'est pas couvrir / Strip-tease, c'est pas du cul, c'est pire. Les vignettes audiovisuelles (de neuf à treize minutes dans les années 90, et plutôt de l'ordre de cinquante-deux minutes aujourd'hui) sont à prendre au premier, deuxième ou troisième degré. Sur 800 films, il y en a sans doute 200 qu'on n'aurait pas dû faire qu'on aurait pu mieux faire et un quart de formidables résume Lamensch, qui évoque les bagarres épiques au sein de l'équipe, sur le bien-fondé et l'éventuelle méchanceté de tel ou tel sujet. [...]
[...] Le cameraman devait donc s'efforcer de ne filmer que ce qui est important, utile pour le montage final. Enfin, tous les réalisateurs qui ont travaillé pour Strip-tease en France et en Belgique l'affirment : les tournages sont plus faciles avec les Belges qu'avec les Français. L'un d'entre eux, Richard Olivier estime qu'en général les Français cherchent à bien s'exprimer devant la caméra, mais ils sont toujours en retenue. Ils sont davantage préoccupés par l'image qu'ils renvoient que les Belges Ces derniers sont, selon Dominique Fischbach, plus à l'aise devant la caméra. [...]
[...] Puis est venue la mode américaine de faire des procès pour tout ou rien regrette Marco Lamensch. Véronique Frégosi, la productrice de l'émission, qui est donc responsable juridiquement des images, précise, néanmoins, avoir très peu de problèmes avec les personnages principaux des épisodes, mais beaucoup plus en revanche avec des gens qui apparaissent dix secondes dans le film. Enfin, pendant cette période de repérage, les réalisateurs doivent commencer à avoir une idée de l'histoire qu'ils vont raconter, et donc de ce qu'ils vont filmer. [...]
[...] En effet sur certains sujets, treize minutes d'images et de sons sont largement suffisantes pour comprendre l'histoire et l'intention du réalisateur. Rajouter des images n'apporterait aucun intérêt, aucune plus value et pourrait même nuire à l'intérêt du sujet. Nous, on se refuse de faire de la quantité pour faire de la quantité, tout ce qu'on choisit est justifié, on ne fait pas du remplissage. A cause du cinquante-deux minutes, il y a plein de situations, de cas qu'on ne peut plus évoquer, car ils ne méritent pas plus de treize minutes poursuit-il. [...]
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