Les élections présidentielles de 2002 et 2007 en France ont mis sur le devant de la scène la question des rapports entre élections et télévisions. Avec en filigrane cette question récurrente : La télévision fait-elle l'élection ? C'est ce que beaucoup ont été tentés de penser après le 21 avril 2002. L'idée était d'expliquer l'élimination de L. Jospin par l'enjeu de l'insécurité suite à une série de faits divers sanglants couverts avec complaisance par les journaux télévisés. Pourtant, cette relation de cause à effet ne va pas de soi. Elle fait peu de cas en effet des déterminants sociaux qui poussent les électeurs à opter pour tel candidat plutôt qu'un autre, du rôle des sondages d'intentions de vote qui annonçaient le duel Jospin-Chirac au second tour comme sûr et certain, du rejet des mesures gouvernementales et de la campagne confuse du Premier ministre sortant, ainsi que des démentis empiriques de l'hypothèse d'une influence persuasive des médias.
[...] Les relations de causalité ne sont pas toujours bien établies sur le fait de savoir qui possède le dernier mot : les interactions entre type d'acteurs ne font pas toujours l'objet d'une intention précise, puisque cette approche retient l'existence de groupes aux frontières délimitées (le monde politique, l'univers médiatiques, l'opinion publique). Une dynamique peut amener différents acteurs à évoquer un même thème sans nécessairement se rendre compte qu'ils participent, sur le mode de la prophétie auto réalisatrice à un mécanisme d'auto renforcement et de naturalisation du problème, désormais devenue une évidence. La théorie de l'agenda reste en plus partielle si elle n'intègre pas l'existence d'autres agendas que ceux des médias. [...]
[...] La majorité de la population ne s'informe que par les médias audiovisuels. La sélection qu'ils opèrent (choix des titres à la Une, des informations des journaux télévisés) aboutit à focaliser les enjeux sur certains sujets, en en délaissant d'autres. Ainsi la télévision ne nous dit pas ce qu'il faut penser mais ce à quoi il faut penser. La sociologue allemande Elizabeth Noëlle-Neuman développe le modèle dit de la spirale du silence Partant du principe que l'espace public est traversé par des opinions et des courants de pensée antagonistes, elle estime que les individus seraient à la recherche de l'opinion majoritaire, leur évitant la marginalisation. [...]
[...] La télévision fabrique-t-elle le Président ? Les élections présidentielles de 2002 et 2007 en France ont mis sur le devant de la scène la question des rapports entre élections et télévisions. Avec en filigrane cette question récurrente : La télévision fait-elle l'élection ? C'est ce que beaucoup ont été tentés de penser après le 21 avril 2002. L'idée était d'expliquer l'élimination de L. Jospin par l'enjeu de l'insécurité suite à une série de faits divers sanglants couverts avec complaisance par les journaux télévisés. [...]
[...] Il y a donc une absence de causalité simple. Jean Louis Missika a pu montrer avec une étude portant sur la campagne des élections législatives en France, en 1986 qu'il pouvait exister un décalage entre les attentes des électeurs et les priorités affichés par les médias. De même la théorie de l'agenda peine à expliquer la présence de Jean Marie Le Pen aux seconds tours de l'élection présidentielle en 2002 après une campagne centrée sur l'insécurité. Ainsi on voit que l'information résulte bien de transactions entre de multiples acteurs rivaux : les préoccupations des acteurs politiques ne sont pas nécessairement celles des gens de médias. [...]
[...] La télévision semble avoir des conséquences directes limitées sur les comportements électoraux a. Si les effets directs de la télévision sur les comportements électoraux sont limités On a vu que les chercheurs ont montré que les messages n'agissent pas comme stimulus de type pavlovien, qui suppose une réaction conforme à l'intention de l'émetteur. Si cela était le cas, Collovald et Neveu ont montré en 1999 que c'est Edouard Balladur qui aurait dû être élu président de la république en 1995 vu les multiples soutiens dont il a bénéficié en regard de la candidature de Jacques Chirac, qui a remonté la pente de la popularité en partie grâce à l'aide involontaire des Guignols de L'info. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture