Dans son avant propos, Pierre Bourdieu nous annonce qu'il ne dénoncera pas les journalistes en eux même. Il va nous énoncer aussi les différents thèmes abordés dans ces deux cours télévisés du Collège de France, pourquoi il a décidé d'intervenir et pourquoi il intervient dans ces conditions plutôt que sur un plateau télévisé. En effet, selon lui et comme il va nous l'expliquer par la suite, tout ce que l'on voit à la télévision est « truqué » dans le sens où tout est prévu, calculé, formaté… pour entrer dans une logique d'audimat, pour toucher le plus grand nombre. Au risque de faire un cours magistral, il privilégie la parole avec quelques exemples tirés de ses lectures ou des émissions de télévision sans montrer d'images pour ne pas couper sa réflexion et la compréhension des spectateurs.
Malheureusement cette volonté de faire de l'audimat à la télévision, engendre un grand danger car cela a tendance à toucher toutes les autres sources de culture et d'information mais aussi à la politique et à la démocratie.
Cette analyse n'est pas une attaque contre les journalistes et contre la télévision car tout au long de ses démonstrations il nous présentera le journaliste comme dominant ou dominé suivant les cas et que la télévision est victime elle aussi de la concurrence.
Il cherche surtout à ce que la télévision qui aurait pu être un extraordinaire instrument de démocratie directe ne deviennent pas un instrument d'oppression symbolique.
[...] Il me semble que la division ne s'arrête pas à ce niveau : avec l'apparition des chaînes télévisées à abonnement ou à péage, des catégories de téléspectateurs vont être largués par rapport à d'autres. Sur les chaînes payantes il y a beaucoup de films, de documentaires qui permettent de mieux enrichir ses connaissances d'une civilisation, d'un pays, du monde, d'un style de cinéma dont les autres personnes, ayant moins de moyens, ne pourront pas profiter. Tout ce que dit Bourdieu dans son ouvrage, 10ans après, est toujours valable et encore plus fort aujourd'hui Principaux ouvrages - Les héritiers, les étudiants et la culture, Paris, Editions de Minuit rééditions augmentée en 1966 (avec Jean-Claude Passeron). [...]
[...] Sur la télévision, suivi de l'emprise du journalisme de Pierre Bourdieu Biographie Pierre Bourdieu est né le 1er août 1930 à Denguin (Pyrénées Atlantiques). Il fit ses études au lycée de Pau de 1941 à 1947, puis au lycée Louis-le- Grand de 1948 à 1951. Il fut ensuite étudiant à l'Ecole Normale Supérieure en même temps qu'à la Faculté des Lettres de Paris. Il a été agrégé de philosophie et il décida d'enseigner au lycée de Moulins (Allier) en 1955, puis il a été nommé assistant à la Faculté des Lettres d'Alger, puis à celle de Paris et enfin à celle de Lille, où il exerça comme maître de conférences entre 1961 et 1964. [...]
[...] Parmi ceux-ci, le pamphlet Sur la télévision publié en 1997, et l'essai La Domination masculine (1998), qui donnèrent lieu à controverses. Pierre Carles, journaliste et réalisateur, auteur de Pas vu, pas pris lui a même consacré son dernier film : La sociologie est un sport de combat sorti en 2001 où il se fait l'écho du refus du néo- libéralisme de Pierre Bourdieu. Pierre Bourdieu est décédée à l'âge de 71 ans, dans un hôpital parisien, en 2001. Plan du livre Avant-propos 1 Le plateau et ses coulisses - une censure invisible - cacher en montrant - la circulation circulaire de l'information - l'urgence et le fast thinking - des débats vraiment faux ou faussement vrais - contradictions et tensions 2 La structure invisible et ses effets - parts de marché et concurrence - une force de banalisation - des luttes arbitrées par l'audimat - l'emprise de la télévision - la collaboration - droit d'entrée et devoir de sortie Annexe l'emprise du journalisme - quelques propriétés du champ journalistique - les effets de l'intrusion Avant-propos Dans cet avant propos, Pierre Bourdieu nous annonce qu'il ne dénoncera pas les journalistes en eux même. [...]
[...] Là, la télévision joue le rôle de discours officiel de la culture. La télévision ne se rend pas compte que justement cette course à l'audimat, à l'extraordinaire, pour lutter contre la concurrence acharnée, pousse à la banalisation, à l'uniformisation plutôt qu'à l'originalité ou la singularité qu'ils recherchent vraiment - La circulation circulaire de l'information Ici, Pierre Bourdieu nous montre que dans toutes les rédactions les journalistes lisent les autres journaux ou magazines et dans toutes les salles de rédaction de journal télévisé les journalistes regardent les autres chaînes de télévision. [...]
[...] La concurrence vient de la course à l'audimat pour garder les parts de marché et ne pas mourir. L'audimat gère tout, il détermine les courants du moment comme dans la littérature : un best seller va faire dire que tel ou tel courant est à la mode Les émissions de littérature proposent les livres qu'elles ont choisis et donc elle va pousser à le vendre. Mais ce sont toujours les grands auteurs qui sont invités, les nouveaux auteurs peu connu ont peu de chance de paraître dans ces émissions. [...]
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