Contrairement au rôle indépendant de gestionnaire de l'accès à l'espace public que les journalistes politiques de télévision estiment jouer, grâce au livre d'A.Mercier, on prend conscience du fait que ces derniers sont véritablement acteurs de l'information donnée, en influant sur sa présentation, son contenu. Ce qui ressort de l'étude minutieuse de l'auteur est que l'objectivité répond à une logique de l'apparence plutôt que de l'essence, la forme primant sur le fond.
[...] Le journaliste politique se dit indépendant du pouvoir politique et au service du public. Néanmoins, il affirme un rôle éminemment politique : celui d'informer le citoyen, (sans l'ennuyer) afin que celui-ci puisse exercer son sens critique au sein d'un système démocratique, par exemple, grâce aux enquêtes journalistiques sur les dérives du pouvoir. Ceci ne va pas sans que la télévision donne une visibilité sociale aux hommes politiques. Ces derniers savent que pour convaincre, pour gagner des suffrages, il faut passer à la télévision car elle touche la quasi-totalité des citoyens. [...]
[...] Contrairement à ce qu'il prétend, l'objectivité de l'information est loin d'être évidente. A. Mercier n'insiste peut être pas assez sur les contraintes qui pèsent sur le journaliste, sur la dimension macro sociologique de ces actions à la lumière du travail de P. Bourdieu sur ce sujet dans son livre Sur la télévision datant de 1996. Dans le chapitre A. Mercier fait plus particulièrement mention de ses contraintes. L'idée est sous-jacente durant tout le livre mais n'est pas explicitement démontrée. Selon P. [...]
[...] 1.Le journaliste politique se veut indépendant et intermédiaire . La première des qualités qu'un journaliste politique souhaite que les téléspectateurs lui accorde serait sans nul doute son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique qui lui permettrait ainsi de faire office d'intermédiaire entre les hommes politiques et la population au sein de l'espace public moderne où la communication paraît essentielle. C'est dans cette perspective que le journaliste cherche à légitimer son action, comme le démontre A. Mercier Une guerre d'indépendance Le journal télévisé a toujours été l'objet de convoitise de la part du pouvoir politique afin de contrôler les informations délivrées à un public nombreux. [...]
[...] Le journaliste, comme le montre d'ailleurs A. Accardo dans Journalistes au quotidien, Outils pour une socioanalyse des pratiques journalistiques (1995), compose dans son travail avec les contraintes essentiellement économiques sans que celles-ci soient ressenties comme telles surtout par l'élite des journalistes (par exemple les présentateurs du journal télévisé) qui trouvent de sérieux avantages à la reproduction du système. Pierre Bourdieu parle d'agents, pour indiquer que ceux-ci sont autant agis, de l'intérieur et de l'extérieur, qu'ils n'agissent librement. Le poids des structures objectives est alors déterminant, ce qui à notre sens manque à la réflexion d'A. [...]
[...] Bourdieu d'agent pour définir le mieux possible la position du journaliste en insistant davantage que ne le fait A. Mercier sur les contraintes objectives qui pèsent sur la profession. Le système actuel vise à sa reproduction et on peut s'inquiéter légitimement face à l'avenir compte tenu de la baisse structurelle des ventes des quotidiens en France. En effet, sans être un support idéal, la presse reste une source d'information davantage incitative à l'exercice de la raison critique que le journal télévisé. [...]
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