Les émissions dites de télé-réalité sont assez récentes dans le paysage audiovisuel de nos sociétés. La première émission de ce genre est apparue en 1973 au Etats-Unis, elle suivait des personnes dans leur vie quotidienne. Mais le concept ne commença vraiment à se répandre qu'à partir de la deuxième moitié des années 90. Et le véritable déclencheur fut l'émission « Big Brother » aux Pays-Bas, qui filma des candidats en temps réel dans une zone fermée et introduit la notion d'interactivité avec les téléspectateurs. La France a été l'un des derniers pays à proposer ce type d'émissions, en 2001 avec « Loft Story ».
Mais il convient tout d'abord d'expliciter les termes de « réel » et de « télé-réalité ». Le dictionnaire encyclopédique hachette définit le nom commun « réel » comme « ce qui est réel, le monde des réalités ; les choses, les faits qui existent effectivement. ». Edgar Morin, décrit le réel, dans L'esprit du temps paru en 1962, comme étant le « produit d'une interaction indissociable entre ce qui est « actuel » (et qu'on désigne communément comme le « réel ») et ce qui est « virtuel » (et que l'on désigne communément comme « l'imaginaire ») ». Ce qui est alors vécu et pensé comme le « réel » est alors « l'actuel » d'un « virtuel » plus vaste.
La définition de télé-réalité est plus difficile à obtenir, étant donné sa récente apparition Néanmoins, nous pouvons tenter de la définir comme étant un genre télévisuel présentant la vie quotidienne de personnes sélectionnées, anonymes ou célèbre, sous la forme d'un feuilleton régulier.
Dès lors, nous pouvons nous demander quel est le rapport au réel des émissions de télé-réalité ? Ce type de programmes retranscrivent-ils la réalité, ou du moins une partie de celle-ci ? Ou peut-on nier tout rapport au réel dans ce genre d'émissions ? Cette télé-réalité imite-elle la vie, ou est-ce le contraire ?
Nous verrons dans un premier temps que l'on peut distinguer quelques rapports au réel dans les émissions de télé-réalité. Mais dans un second temps, nous verrons que ces rapports sont faussés par d'autres phénomènes.
[...] Et comme son but est d'intéresser le plus grand nombre, elle doit prendre en compte les diversités socioculturelles de la société dans laquelle elle produit et diffuse ses produits. Cet éclectisme prend la forme d'une ambivalence, lorsqu'elle véhicule des valeurs pouvant être contradictoires au sein d'un même produit, ou d'un syncrétisme lorsqu'elle fait apparaître une nouvelle culture hybride. Nous pouvons également avancer que les émissions de télé-réalité sont le reflet de la société dans laquelle elles apparaissent à un moment donné. En effet, comme l'indique Eric Macé dans son article Qu'est-ce qu'une sociologie de la télévision ? [...]
[...] Ou, dit différemment, il est le résultat d'un conformisme provisoire Eric Macé explique que celui-ci amène les acteurs de la production à rechercher sans cesse à accompagner les nouvelles tendances et préoccupations de la population, telles qu'ils les perçoivent et les théorisent. C'est également ce qu'a montré Guy Debord dans La société du spectacle. Il y décrit le spectacle comme étant le modèle présent de la vie socialement dominante». La forme et le contenu du spectacle sont des formes de justification des fins du système existant dans une société donné à un moment donné. [...]
[...] Ou peut-on nier tout rapport au réel dans ce genre d'émissions ? Cette télé-réalité imite-elle la vie, ou est-ce le contraire ? Nous verrons dans un premier temps que l'on peut distinguer quelques rapports au réel dans les émissions de télé-réalité. Mais dans un second temps, nous verrons que ces rapports sont faussés par d'autres phénomènes. Les émissions de télé-réalité entretiennent des rapports au réel Les émissions de télé-réalité entretiennent bien un rapport plus ou moins fort au réel. En effet nous pouvons penser que ce qui se passe dans ce type d'émissions a effectivement lieu, les personnes et les faits existent réellement. [...]
[...] Dans la plupart de ce type d'émissions, l'enjeu est de garder sa place. Il faut être meilleur que les autres. Les candidats ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour vaincre. C'est se qui se passe dans la grande majorité des émissions : il faut être le/la meilleur(e) chanteur(euse) dans Star Academy et A la recherche de la nouvelle star le/la meilleur(e) survivant(e) dans Koh-Lanta ou Je suis une célébrité, sortez-moi de là le/la meilleur(e) petit(e) ami(e) dans Le Bachelor Greg le Millionaire ou "Marjolaine et les millionnaires", la meilleure mannequin dans Next American Top Model aux Etats-Unis, les exemples sont nombreux. [...]
[...] Si les émissions dites de télé-réalité entretiennent bien un rapport au réel, notamment dans la façon dont elles montrent nos sociétés telles qu'elles se représentent elles-mêmes, nous avons également pu nous apercevoir que ce rapport est faussé, par le biais d'une scénarisation et d'une mise en scène toujours plus poussées. Ce type d'émissions ressemble plus souvent à des fictions qu'à des programmes convoquant le réel. La télévision se révèle incapable de faire autre chose que ce qu'elle sait déjà faire. Qu'elle utilise le réel, ou qu'elle invente elle ne montre au final que sa propre création. [...]
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