Avant de comprendre quels seraient les impacts supposés des avancées technologiques de la télévision, il convient d'en citer les principales et d'en mesurer dans un premier temps leur incidence sur les pratiques journalistiques et le format des journaux télévisés.
L'information à la télévision apparait en France en 1948 (sous forme de journal télévisé). Mais il faudra attendre la retransmission du sacre d'Elizabeth II pour que l'information télévisuelle gagne en crédibilité et que les individus lui confèrent un statut spécifique par rapport à la presse : la télévision permet de développer un sentiment d'ubiquité. Cette dimension va d'ailleurs être exploitée plus tard par de nouvelles chaines d'information (en direct et en continu) et notamment au travers de la technologie. C'est donc grâce à un rapport au temps particulier que l'information télévisuelle prend tout son sens.
La médiatisation télévisée continue de faire parler, de captiver, elle occupe une place prépondérante notamment dans le domaine de l'information. Cependant, la télévision a évolué tout autant que la technologie : on passe du noir et blanc à la couleur, des images muettes aux caméras sonores, des chaines hertziennes aux chaines satellitaires… Pour Christine Ockrent, présentatrice du 20 h d'Antenne 2 de 1981 à 1985, « l'un des grands bouleversements de la période contemporaine a été non seulement le passage du film à la vidéo, mais également celui de l'arrivée du satellite, c'est-à-dire le passage à une information en direct qui devenait beaucoup moins chère, mais qui en même temps faisait que, il y avait et il y a, de façon exponentielle, une accélération du temps télévisuel ». Tous ces éléments ont donc été en partie à l'origine des mutations des pratiques journalistiques.
[...] Qu'est ce qu'il est intéressant de relater sachant qu'on ne connait pas la fin ? Les étapes de l'événement prennent leur sens quand on connait la fin de l'histoire. Le processus de muthos, est une opération de compréhension mise à disposition du public pour déterminer les causes de l'occurrence. Or, ces causes vont être en quelque sorte déterminées par les conséquences. Dans l'information en direct, on ne connait pas la fin donc on ne peut connaitre la cause, où se situent les éléments pertinents qui expliqueraient comment s'est articulé l'événement, quels faits précis à engendrer cet événement. [...]
[...] En conclusion, on peut voir que dans une certaine mesure, les évolutions technologiques, qui ont permis aux chaines d'information en direct et en continu d'exister, ont une incidence sur la temporalisation et la mise en récit des événements. Ces transformations se situent sur la tension entre passé et futur. L'information en continu est plus sensible à la logique de changement que les journaux télévisés classiques, car elle s'oriente toujours vers l'attente. De plus le rythme y est plus dense dû à la démultiplication des intrigues. [...]
[...] C'est le récit qui va nous apporter ces éléments de réponse. Paul Ricœur, dans Temps et Récit, détermine ce processus d'agencement et de représentation au travers du Muthos et de la Mimesis» En effet, le récit en agençant un certain nombre d'éléments épars que sont les causes, les conséquences, les motifs, les buts, les circonstances, les agents va réduire ce sentiment de désordre. Le rôle de la fin De plus, Paul Ricœur va également insister que le récit est construit sur le fait que l'on va produire une mise en intrigue toujours établie en vue d'une fin. [...]
[...] Les transitions temporelles La deuxième différence flagrante que l'on peut observer au niveau de la mise en récit au regard des évolutions technologiques et du direct se trouve dans l'emploi des temps utilisés. Dans les journaux télévisés classiques, le récit s'appuie sur des transitions temporelles (avec l'emploi alterné du présent, passé composé, futur) qui mettent en évidence sa structure. Ces transitions sont primordiales dans la mesure où il y a un décalage entre le moment où se déroule l'action et le moment de l'énonciation. [...]
[...] S'il est difficile de penser l'événement, c'est qu'il se produit au présent et que le présent est insaisissable, balançant incessamment entre le passé proche et le futur immédiat Marc Augé. La description d'un événement se fait aussi en fonction d'un passé et d'un futur. Notions d'horizon d'attente et le champ de l'expérience La temporalisation convoque selon Reinhart et Koselleck deux notions : le champ de l'expérience et l'horizon d'attente. L'expérience va se placer du côté du passé, qui peut être daté. Il relève de la remémoration tandis que l'attente va plutôt se placer vers l'envisageable. [...]
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