La mise en scène du leader politique dans la post-néo-télévision

Résumé du document

Ce travail se construit sur une analyse sémiologique, du discours et de l'image. Une analyse de la stratégie de mise en spectacle et des codes utilisés pour mettre en forme les messages à travers un plateau et une réalisation télévisuelle construite. Le travail a consisté d'une part en une vidéo-analyse, pour reprendre les termes de A. Ehrenberg, avec une analyse, aussi bien sur le fond que sur la forme, de plusieurs émissions de la post-néo-télévision (Tout le monde en parle, On ne peut pas plaire à tout le monde…), ainsi que l'observation, d'émissions d'un autre genre où des politiques étaient invités. (Le fabuleux destin de…, La méthode Cauet…) ; nous ajouterons d'autre part une perspective sociologique à une étude sémiotique. Notre projet n'est pas de définir le rôle des talk-shows de divertissement, ni leur traitement en soi (ceci a déjà était fait pas Charaudeau, Ghiglione et Soulages). Nous voulons observer ces émissions en tant que produit télévisuel, avec son discours et sa mise en scène télégénique.

Pour cela, nous avons travaillé à partir d'un corpus précis de ce genre d'émission d'info-divertissement, puis d'émissions disparates afin de saisir des similitudes, des dissemblances et de connaître l'offre des programmes de flux de la post-néo-télévision.

Etant donné que la promotion des invités (ce phénomène est le même pour tout le monde donc s'observe aussi chez les politiques) se fait sur une période courte et intense, il est fréquent de retrouver le même invité dans l'émission concurrente quelques jours après. La période d'observation de notre corpus était pendant la promotion de Dominique Voynet. Il n'y a pas de raison particulière au départ dans ce choix de ce personnage. La sélection s'est faite après l'étude et la distinction de ces émissions d'infotainment.
Cependant, D. Voynet est un personnage politique intéressant puisqu'il s'agit d'une femme, d'un « petit » candidat qui a besoin de se montrer à la télévision. Elle n'a à cette période pas de mandat, et vient promouvoir son « livre-détresse » où elle explique qu'elle manque d'argent ! L'événement est marquant qu'il s'agit de promouvoir, de toucher le public, de se montrer et de parler de sa vie (elle ne parlera pas dans ces émissions de politique proprement dite). Nous avons donc conservé ces émissions pour les analyser plus en profondeur.

Extraits

[...] Dans cette logique, la mise en scène du politique à l'écran est éminente et essentielle. Mais cela n'est pas exclusif à cette situation, puisque dans la post-néotélévision, tous les programmes sont régis par mise en scène particulière et construite. Et puis le dirigeant politique n'est pas seulement en scène à la télévision, mais chaque fois qu'il est en public, dans l'espace public, que ce soit à la télévision ou pas. Sauf que la télévision permet une grande audience et il en est conscient bien sûr. [...]

[...] La chaîne France 2 n'a ainsi plus d'émissions politiques en prime time. L'émission Mots croisés n'est diffusée qu'une semaine sur deux, et cela en troisième partie de soirée. Sur France l'émission de Christine Ockrent France Europe Express est diffusée à 23 heures le dimanche soir. Pourtant elle totalise 12% des parts de marché du PAF, un chiffre plutôt bon si l'on considère que la chaîne totalise en moyenne 13% des parts. De nouvelles émissions, ponctuelles, font leur apparition en période électorale, mais elle sont éphémères et disparaissent généralement une fois les élections passées. [...]

[...] La mise en scène du leader politique dans la post-néo-télévision REMERCIEMENTS Je tiens à remercier tout particulièrement Pierre MUSSO pour ses remarques et ses conseils qui m'ont aidé dans la réalisation de ce projet. Je le remercie également de m'avoir transmis son savoir et ses travaux de recherches, tout comme les différents chercheurs et Professeurs que j'ai rencontrés durant mes études de Sociologie-Anthropologie et de Sciences de l'Information et de la Communication. Ils m'ont tous appris et permis de rendre intelligible les phénomènes, qu'ils soient sociaux ou communicationnelles et à observer et comprendre avec un regard extérieur objectivant SOMMAIRE INTRODUCTION 1 CADRE D'ANALYSE 1.1 LA TRADITION DES ETUDES D'ANALYSE SEMIO-LINGUISTIQUE 1.2 LES ETUDES DE LA NEO-TELEVISION : TALK-SHOW ET REALITY-SHOW 1.3 LA POST-NEO-TELEVISION ET INFOTAINMENT A LA POST-NEO-TELEVISION B INFOTAINMENT 1.4 ETHOS ET NÉO-TALK-SHOW A L'ETHOS B ETUDE DE CAS : UN ETHOS FEMININ ? [...]

[...] Le refus explicite et affirmé du manichéisme et de la simplification. A l'opposé des déclarations à l'emporte pièces d'un Chevènement ou d'un Allègre, toutes font dans la distinction et dans la nuance. S'engageant avec véhémence sur le thème de l'exclusion, la ministre de l'Emploi préfère ainsi parler des exclusions 36 et évoque le chômage, la précarité, l'échec scolaire, la pauvreté, la maladie, la violence des jeunes (conséquence d'autres formes de violence), la discrimination raciale. De même M.G. Buffet parle des violences et s'emploie à en distinguer diverses formes : la maltraitance, l'abus sexuel, les sectes, la drogue, les discriminations, le racket, les hooligans . [...]

[...] Cette acception anglo-saxonne explique peut-être en partie l'attirance des leaders politiques pour ce genre d'émission. Ici, ce n'est plus le public ordinaire qui devient l'extraordinaire ordinaire mais l'extraordinaire rendu ordinaire. Le leader politique souhaite s'exposer comme quelqu'un de normal, comme tout le monde. Il semblerait alors que ce qui définie les émissions d'info-divertissement de la post-néo-télévision corresponde à la logique américaine. Il s'agit en effet d'interviews, accompagnés de temps à autre par une séquence divertissante, afin de couper la monotonie. [...]