« Quelle est la place des émissions culturelles au sein des chaînes généralistes hertziennes aujourd'hui ? », c'est la question que nous sommes amenée à nous poser aux vues des bouleversements qu'a connus la télévision ces vingt dernières années. En effet, le paysage audiovisuel français a subi de nombreuses transformations, ayant notamment entraînées des modifications des stratégies identitaires des chaînes, ainsi que de la place accordée à la culture. Ainsi, rappelons que lorsque l'ORTF est créé en 1964, il a pour mission de « satisfaire les besoins d'information, de culture, d'éducation et de distraction du public ». La culture a donc une place importante au sein de la télévision, qui compte alors deux chaînes publiques (trois en 19722). Lorsqu'en 1974, l'ORTF est supprimé, il donne naissance à TF1, Antenne 2 et FR3, succédant aux trois chaînes déjà existantes, et restant sous le monopole de l'Etat. Les années 80 voient la fin de ce monopole et le début d'un nouveau type de concurrence avec l'arrivée d'opérateurs privés (Canal+ en 1984, La Cinq en 1986, etc.), et la privatisation de TF1 en 1987. Les canaux ne cesseront de se multiplier (sur le satellite, le câble, etc.), et de nombreuses chaînes thématiques feront leur apparition, dont certaines consacrées à la culture (comme Arte, chaîne culturelle européenne). D'autre part, tandis que les chaînes publiques conservent une mission de promotion de la culture, inscrite par le CSA3 dans leurs cahiers de missions et charges, les conventions passées avec les chaînes nationales privées, elles, n'indiquent pas de consignes particulières à ce sujet (...)
[...] Les chaînes généralistes sembleraient alors préférer se doter d'une identité forte, plutôt que d'aller dans le sens d'une diversification des programmes. D'autres auteurs parlent d'émission omnibus et de la difficulté de différencier les programmes par genre. Pour Monique Dagnaud, la distinction entre genres télévisuels perd de sa pertinence, car un genre peut toujours en cacher un autre : il s'agit là d'un aspect essentiel des produits proposés par la télévision commerciale. Ainsi, de plus en plus seules des différences de ton discriminent véritablement certains programmes indique F. [...]
[...] Ce qui nous amène à nous poser deux types de questions, accompagnées de sous-questions : Quelle est la notion de culture réinvestie dans ces émissions et quel traitement en est fait ? Et en quoi cela est-il significatif de l'identité de la chaîne ? Quel champ culturel y est représenté ? Relève-t-il de la sphère de la légitimité, du légitimable, de l'arbitraire ? Quels sont les types d'invités ? S'agit-il par exemple de personnes connues, reconnues, à forte biographie, au charisme cathodique, plus intéressantes que l'œuvre elle-même ? Quel type de culture représentent-ils ? 1 Jean-Pierre ESQUENAZI, art. cit., p.111. [...]
[...] France 3 bouscule les traditions et propose un magazine grand public moderne, accessible, vivant et innovant, à la fois dans sa forme, dans la liberté de ton et dans son esprit. Véritable projet de chaîne avec la double volonté de clarifier ses rendez-vous de soirées avec un Soir 3 à heure fixe et de proposer des programmes identifiés par leur originalité, Ce soir ou jamais est un pont entre l'actualité et la culture en résonance avec notre époque. Chaque soir, Ce soir ou jamais, c'est une heure quinze de débats, polémiques, controverses, conversations, confrontations et rencontres inattendues sur les grands thèmes d'actualité, sujets et tendances qui agitent la société, décryptés à travers le prisme de la culture plurielle. [...]
[...] CHARAUDEAU Patrick, Le discours d'information médiatique. La construction du miroir social, Paris, Nathan-INA, coll. Médias-Recherche pages. DUCROT Oswald, Le dire et le dit, Paris, Editions de Minuit, coll. Propositions pages. ESQUENAZI Jean-Pierre, Le pouvoir d'un media : TF1 et son discours, Paris, L'Harmattan, coll. Champs Visuels pages. GENETTE Gérard, Seuils, Paris, Editions du Seuil, Coll. Points Essais pages. [...]
[...] Les invités du débat semblent être choisis en fonction de leur charisme cathodique. L'enjeu du dispositif d'Esprits libres semble être de placer l'émission dans une tonalité de parole libre et polémique. Elle se place dans une fonction de parole plus axée sur des faits de société que sur le contenu et le style des œuvres. L'impression produite chez le téléspectateur peut être celle d'une émission plus politique que culturelle, et parfois assez élitiste, malgré la présence de membre du public pouvant poser des questions, car celle-ci reste très restreinte. [...]
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