Chaîne, télévision, proche, orient, al-jazira
« Le monde regarde CNN, et CNN regarde Al-Jazira ». Ce slogan, affiché dans le siège d'Al-Jazira à Doha, témoigne de l'éclatante vitalité d'une chaîne de télévision qatarie devenue en l'espace de quinze ans l'équivalent des réseaux médiatiques les plus influents. Soumise à la pression états-unienne, financée et surveillée par le pouvoir qatari, la chaîne joue et déjoue les diverses stratégies hégémoniques. Au cours des dix dernières années, Al-Jazira a couvert chacun des grands évènements internationaux de l'intérieur en ayant aussi bien accès aux sources islamistes qu'aux sources occidentales – de la diffusion de la première vidéo de Ben Laden à la diffusion des images de la place Tahrir cette année.
[...] Paradoxalement, plusieurs voix dans le monde arabe reprochent à Al- Jazira d'être un outil de négociation utilisé par le pouvoir qatari pour amadouer son allié américain comme l'a révélé Wikileaks en décembre dernier[7]. En 2006, la chaîne décide de nommer le Palestinien Wadah Khanfar, ancien chef de bureau de la chaîne à Bagdad, dont les sympathies islamistes sont notoires[8]. La chaîne organise sa défense : On nous a accusé d'être l'organe de l'Irak à cause de nos reportages et aujourd'hui que nous sommes seuls présents en Afghanistan, on nous reproche d'être proafghans. A un moment, on nous a reprochés en même temps d'être des agents des Américains, des sionistes et des Irakiens. [...]
[...] Dans le New York Times fin janvier, le directeur général d'Al-Jazeera English, Al Anstey, déclarait : j'espère que nous sommes à un tournant des négociations Des réseaux comme Comcast ou DirecTV ont pourtant déclaré officiellement qu'ils n'avaient pas l'espace nécessaire pour accueillir une nouvelle chaîne dans leurs bouquets. Ailleurs, comme en Inde, Al-Jazeera English est en train de s'installer. Fin décembre 2010, la chaîne obtient une licence du ministère de l'information indien : un marché de 115 millions de ménages s'ouvre pour la chaîne. En Europe, on parle d'Al-Jazira Balkans, basé à Sarajevo en Bosnie- Herzégovine. [...]
[...] Au lendemain de la liquidation par l'armée des Etats- Unis des deux fils de Saddam Hussein et devant le scepticisme de la rue irakienne, Al-Jazira est conviée par le Pentagone à filmer leurs cadavres en gros plan. Comme si la vérité américaine avait besoin de la caméra d'Al- Jazira pour exister dans le monde arabe. Cette importance nouvelle, sortie des ornières de la guerre contre le terrorisme telle que menée par Bush, c'est surtout le Printemps arabe qui va l'entériner. [...]
[...] Au cours des dix dernières années, Al-Jazira a couvert chacun des grands évènements internationaux de l'intérieur en ayant aussi bien accès aux sources islamistes qu'aux sources occidentales de la diffusion de la première vidéo de Ben Laden à la diffusion des images de la place Tahrir cette année. Nous nous attacherons à comprendre et analyser la mutation d'Al- Jazira, d'une chaîne libérale sous contrôle étatique à un rival de CNN ou de la BBC. Libéraliser le paysage médiatique arabe ou incarner la parole islamiste ? A. [...]
[...] Le tournant des révolutions arabes A. Une couverture exclusive des manifestations Fin janvier 2011, des manifestants au Caire appellent le dirigeant Hosni Moubarak à quitter le pouvoir. Les reporters d'Al-Jazira sont déjà sur place, ils filment la place Tahrir nuit et jour, et parvient à diffuser des images exclusives. Au contraire, la télé nationale égyptienne - appuyée par l'autre chaîne info en continu, Nile-TV - laisse croire que la situation est sous contrôle et Le Caire plutôt calme. Hosni Moubarak ordonne rapidement la coupure de la chaîne Al-Jazira, signe que l'essentiel des connexions sur le site internet de la chaîne provient des Egyptiens en quête d'informations fiables sur la révolte en cours. [...]
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