Supporters, hommes d'affaires, chaînes de télévision, dirigeants de clubs, sponsors : tous ces acteurs sont aujourd'hui capables de dépenser les sommes les plus folles au nom du foot... et de ses retombées économiques. Le football professionnel, celui des élites nationales et internationales, suscite aujourd'hui plus de passions que jamais auparavant. Passion du sport, de la performance, des résultats qui fait vibrer joueurs, entraîneurs et supporters. Mais aussi passion démesurée, à l'origine de comportements économiques plus ou moins rationnels : records sans cesse dépassés pour les transferts des joueurs (75 millions d'euros pour Zidane de la Juventus de Turin au Real Madrid), marketing poussé à l'extrême autour des clubs (de la tablette de chocolat de l'OM à la carte de crédit du Real) et offres qui flambent pour les droits de diffusion des matchs.
En France, l'union du football et de la télévision, au début des années 1980, a permis au ballon rond de dépasser le statut de simple activité sportive et récréative. L'arrivée de Canal+ dans le paysage audiovisuel, la privatisation de TF1, et le régime télévisuel concurrentiel qui en a découlé, ont bel et bien contribué à l'émergence du football-business dans notre pays.
Désormais, le football est un bien qui se produit, se consomme, se finance, se gère... pour le meilleur et pour le pire.
[...] Deux dates vont marquer la période suivante : en août 1984, Hervé Bourges, PDG de la Une, et Jean Sadoul, signent un contrat « Téléfoot » de 12 millions de francs par an (quatre fois le prix antérieur) sur le plateau du journal de 13 heures d'Yves Mourousi. L'émission implique un contrat d'exclusivité totale sur le championnat de première division qui sera invalidé puis aménagé après intervention de la Haute Autorité alertée par Antenne 2. En juin 1987, Francis Bouygues, nouvel opérateur et PDG de la Une privatisée, accepte de verser 45 millions de francs pour le même produit. L'inflation du prix de l'émission reflète l'essor général des droits de retransmission du foot.
Entre-temps, le 4 novembre 1984, Canal+, "la chaîne du sport et du cinéma", a été inaugurée. L'intrusion de ce concurrent privé qui ne se gêne pas pour mettre les deux pieds dans le PAF va bouleverser les relations football-télévision.
[...] Le football a indéniablement une place à part dans le paysage télévisuel français. Il représente aujourd'hui 13% de l'offre de programmes en France, mais engendre à lui seul 32% de l'audience globale de la télévision.
Surtout, ses retombées économiques sont énormes. Car qui dit audience, dit espaces publicitaires plus efficaces. Et les chaînes de télévision, justement, ont un besoin vital d'attirer les annonceurs. Ainsi, l'Euro 2004, diffusé par TF1, France 2 et France 3, a dégagé un chiffre d'affaires publicitaire de 51,8 millions d'euros, loin devant les JO d'Athènes (22,3 millions), le tournoi de Rolland Garros (8,3 millions) ou le Tour de France (5,5 millions). De quoi inciter la télévision à investir massivement dans le football, au détriment des autres sports (...)
[...] Toujours selon ces estimations, Vivendi, maison mère de Canal+, aurait vu sa valeur boursière chuter de en 2006 et de en 2007. De quoi donner des sueurs froides aux dirigeants du groupe En revanche, l'exclusivité des droits attribuée à Canal+ serait moins pénalisante pour TPS, dont seul 11% des abonnés sont des footeux Pourtant, le bouquet, avec ses 1,6 millions d'abonnés, comptait sur l'argument foot pour se donner les moyens de concurrencer CanalSatellite et ses 2,8 millions de fidèles. Bien sûr, l'ampleur du montant des doits interdit aujourd'hui aux chaînes gratuites, comme M6 ou TF1, de participer aux enchères pour le championnat de France : les recettes publicitaires, hors abonnés, ne suffiraient pas à rentabiliser un tel investissement. [...]
[...] Les finances du groupe vont-elle replonger ? Etienne Mougeotte, vice-président de TF1, n'a pas manqué de souligner les dangers pesant sur Canal, en affirmant que la somme déboursée n'a aucun sens économique : le football va désormais coûter 11 euros par mois et par abonné à Canal+ tandis que le cinéma va lui coûter 2,40 euros, c'est totalement déséquilibré De son côté, Bertrand Méheut, PDG de Canal+, reste confiant : avec une augmentation du tarif d'abonnement de 1 euros par mois en 2004 et le recrutement de 300.000 abonnés supplémentaires, il estime que le surcoût des droits du foot devraient être absorbé. [...]
[...] Libération février 2005. - Les comptes des clubs de foot français s'améliorent. La Tribune mars 2005. - Droits du foot sur mobiles : la surenchère n'est pas garantie. La Tribune décembre 2005. [...]
[...] Un tour d'échauffement ? Enfin, la télévision aura peut être bientôt un nouvel adversaire dans cette guerre pour la retransmission des droits du foot : le 27 janvier, Orange a remporté le premier appel d'offre pour les droits UMTS (diffusion sur téléphone mobile) du championnat de France de L1 et de L2 pour les saisons 2006-2007 pour un montant total de 29 millions d'euros par an. C'est la première fois que ces droits étaient mis aux enchères et l'opérateur était en compétition avec SFR et eTf1. [...]
[...] Pour Sochaux, les droits TV représentent à peu près 40 à 45% de notre budget global. On a besoin de ces rentrées d'argent pour se doter d'installations supplémentaires, pour essayer de structurer encore plus le club Gervais Martel, enfin, président du RC Lens, se réjouissait : cela va nous permettre de garder nos jeunes, d'améliorer nos structures, notamment pour l'accueil dans les stades B./ La face cachée des droits du foot : une dépendance accrue Face à la manne apportée par les droits de retransmission, Frédéric Thiriez espère pourtant que les clubs resteront raisonnables dans leur gestion et s'inquiète : il faut que le football français devienne moins télé-dépendant Il souligne en effet que si le ballon rond est au niveau des autres pays européens en termes de droits télé, les revenus tirés de la billetterie, du marketing, du sponsoring et des produits dérivés restent très inférieurs, signes d'un retard français. [...]
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